Dans un monde en pleine mutation technologique, la GEN Z fait ses premiers pas sur un marché du travail qui change rapidement. Pour mieux l’équiper, le gouvernement a mis au point une stratégie nationale intitulée « L’Egypte numérique ». Lancée en 2018 pour accélérer la croissance socioéconomique du pays, cette stratégie est une composante essentielle du plan de développement « Egypte 2030 ». Elle prévoit la construction des villes intelligentes, la promulgation des lois et législations appropriées à la nouvelle réalité digitale et, parallèlement, le développement des ressources humaines à travers la formation des jeunes à la technologie numérique.
En fait, les jeunes, bien que nés en pleine ère numérique, ne possèdent pas forcément le savoir-faire nécessaire pour se faire une place dans un monde professionnel de plus en plus axé sur la technologie. Il est vrai qu’ils utilisent avec brio les ordinateurs, les smartphones et les réseaux sociaux, mais ils sont dans pas mal de cas incapables de profiter de la technologie moderne pour s’assurer un emploi.
« Nous vivons à l’époque de l’intelligence artificielle qui ne tardera pas à transformer le monde. Des métiers vont disparaître pour céder la place à d’autres entièrement nouveaux. Si la nouvelle génération n’est pas formée à la technologie moderne, elle ne trouvera certainement pas de place sur le marché du travail de demain », explique Chérine Mahrane, vice-président de l’Institut des recherches électroniques. Et d’ajouter : « Réalisant que l’avenir sera essentiellement numérique, l’Etat a élaboré une stratégie claire pour la digitalisation du pays. Cette stratégie bénéficiera notamment à la GEN Z ».
Dans ce contexte, le ministère des Télécommunications joue un rôle de premier plan. « Notre stratégie de formation dans le secteur des télécommunications et de la technologie prend une forme pyramidale. A travers l’initiative Future Work is Digital (FWD), il s’agit de former un grand nombre de jeunes pour acquérir les compétences qui leur permettent de se lancer sur le marché du travail. Ces jeunes formeront la base de la pyramide. Une autre initiative, celle des Bâtisseurs de l’Egypte numérique, Digital Egypt Builders Initiative, s’intéresse à la formation d’un corps d’élite, le sommet de la pyramide. Ce sont des jeunes diplômés des facultés d’ingénierie et des sciences informatiques qui ont brillamment réussi leurs études et qui seront donc les futurs cadres qui prendront la relève dans la réalisation de cette transformation numérique », explique le ministre des Télécommunications, Amr Talaat.
L’initiative Bâtisseurs de l’Egypte numérique s’intéresse à la formation dans les domaines des sciences des données, de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité et de la robotique, sans toutefois négliger le renforcement des compétences personnelles comme le travail en équipe, l’organisation, le leadership, les capacités d’analyse et la prise de parole en public, ainsi que la maîtrise de l’anglais, atout important pour une carrière professionnelle. Des mémorandums d’entente ont été signés avec les Universités d’Ottawa au Canada et de l’Ohio aux Etats-Unis pour présenter leurs programmes de master professionnel aux étudiants qui atteindront 1 000 personnes par an.
En effet, l’initiative est mise en oeuvre en collaboration avec des entreprises locales et multinationales travaillant dans le secteur des télécommunications et de la technologie informatique. Ce qui permet aux bénéficiaires de suivre des stages pratiques. « Le ministère assume le coût de cette initiative, y compris l’hébergement des étudiants qui n’habitent pas au Caire et les stages de formation », affirme le ministre des Télécommunications.
Initiatives tous azimuts
Quant à l’initiative FWD, elle s’adresse aux jeunes entre 18 et 35 ans, tous horizons confondus. Il s’agit d’une académie virtuelle assurant une formation gratuite dans les domaines de l’informatique et du marketing. Udacity, une entreprise internationale de cours d’informatique en ligne, en assure le contenu technique grâce à un programme de coopération avec l’Organisme du développement de la technologie informatique (ITIDA), alors que des cours sont dispensés par des youtubers et des blogueurs égyptiens pour apprendre aux étudiants comment se lancer dans le monde du freelancing (voir portraits page 22). « C’est une opportunité à saisir. Le certificat Nanodegree, qui nous a été remis par Udacity, coûte entre 17 000 et 25 000 L.E. Grâce à l’initiative FWD, nous avons suivi la formation sans devoir payer une livre », dit Marwan Al-Guendy, 19 ans, l’un des plus jeunes bénéficiaires de l’initiative. Selon les chiffres du ministère des Télécommunications, l’initiative a formé 15 400 jeunes dans ses trois niveaux depuis son lancement en mai dernier, dont 12 000 jeunes dans le premier, soit 230 % plus que l’objectif déterminé, 2 400 dans le second et 1 000 dans le troisième.
Parmi les nombreux autres programmes se distingue l’initiative ITI Freelancing Zones, lancée par le ministère des Télécommunications et l’Institut de Technologie Informatique (ITI) pour aider les jeunes à conquérir le marché du freelancing et du travail à distance. Enseignée en langue arabe et dans la langue des signes, cette initiative aide les jeunes à se lancer sur les plateformes de freelancing locales, arabes et internationales. Plus de 46 000 jeunes ont obtenu un diplôme de formation sur les talents du freelancing, alors que le nombre de jeunes qui ont suivi les cours dans la langue des signes a atteint 9 720 personnes. Sur les sites Internet de ces programmes, on peut lire les histoires de réussite des jeunes qui ont pu parvenir à faire leur chemin grâce à l’une ou l’autre de ces formations.
Next Coders, Next Technology Leaders et NTL sont d’autres initiatives d’apprentissage technologique destinées aux élèves du secondaire pour initier les plus jeunes aux technologies de l’information et de la communication.
« Ces initiatives sont un excellent investissement de la part de l’Etat. Mais je pense qu’elles ont besoin d’une large campagne de publicité pour atteindre les jeunes qui ne sont pas directement connectés au monde de la technologie, qui ont suivi des cursus pas très prometteurs en termes d’emploi et qui peinent à dénicher un job », pense Mohamad Fouad, spécialiste en logiciels.
Dans le cadre de l’enseignement « classique », Telecom Egypt (WE) a signé avec le ministère de l’Education un protocole de coopération pour le développement d’un lycée d’enseignement technique en introduisant des cursus d’informatique et de technologie appliquée des télécommunications. L’école mixte, rebaptisée WE, a accepté cette année sa première promotion. Ses diplômés pourront ainsi poursuivre leurs études dans l’une des universités technologiques de plus en plus nombreuses en Egypte, dont celles nouvellement construites à Qoweisna et Béni Souef. La première université spécialisée dans les domaines des télécommunications et de la technologie informatique en Afrique et au Moyen-Orient est actuellement en cours de construction dans la Cité des connaissances dans la Nouvelle Capitale administrative.
Cependant, sans un réseau télécom de qualité, accessible à tous, la transformation numérique escomptée n’aurait aucune chance de se réaliser. Le gouvernement a investi dans la modernisation du réseau en introduisant le très haut débit depuis septembre dernier et a commencé à remplacer le réseau national de cuivre par de la fibre optique.
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