La Banque Centrale d’Egypte (BCE) a adopté cette année une politique monétaire expansionniste favorisant la baisse des intérêts bancaires. Ces derniers ont baissé de 4% (3% pendant le mois de mars, 1% pendant les mois de septembre et novembre) pour contrer la récession et encourager l’investissement et l’emprunt. Cette baisse des taux d’intérêt, nécessaire pour l’économie, affecte pourtant les familles, en particulier les personnes âgées et les retraités, qui ont vu les intérêts sur les dépôts baisser. « J’ai déposé ma pension de retraite à la banque dans des certificats à un taux d’intérêt de 15% il y a un an. Malheureusement, elles arrivent à échéance ce mois-ci ci et je suis perturbé par la baisse continuelle des intérêts bancaires. Prochainement, je ne pourrai plus subvenir à mes besoins mensuels », se plaint à l’Hebdo Nadia Ahmad, une cliente de la Banque nationale d’Egypte (NBE), qui cherche actuellement d’autres alternatives d’investissement plus sûres.
Les alternatives sont bien connues et limitées: la Bourse égyptienne, l’or, l’immobilier et les devises. « Trois facteurs principaux affectent la décision d’investir des personnes: les liquidités disponibles, la rentabilité et la nature des risques », résume Mona Bédeir, analyste économique auprès de la banque d’investissement Prime Holding, soulignant que pour ceux qui ne veulent pas prendre de risque, les dépôts bancaires restent le meilleur refuge surtout pour les personnes âgées et les retraités qui ne préfèrent pas prendre de risque malgré la baisse des intérêts. Hani Tawfiq, ex-président de l’Association égyptienne pour l’investissement direct, conseille aux petits investisseurs de diversifier leurs portefeuilles en déposant le quart de leur argent dans des dépôts bancaires. « Bien que les taux d’intérêt nominaux des dépôts bancaires aient baissé de 4 % cette année, le taux d’intérêt réel (taux d’intérêt nominal moins le taux d’inflation) reste le plus élevé au monde », souligne-t-il.
En effet, les rendements des certificats d’investissement aux taux d’intérêt variables et les intérêts sur les comptes d’épargne et sur les dépôts ont connu une grande baisse dans les banques publiques et privées cette année. Par exemple, la banque CIB a baissé les rendements des certificats à taux variable de 4 %. Ceux-ci sont passés de 11,5% à 7,5% actuellement. Quant aux rendements des certificats d’investissement à taux d’intérêt fixe, les deux banques publiques (la NBE et la banque Misr) ont gardé les taux d’intérêt sur les dépôts de 3 ans à 12,25% pour les rendements trimestriels et à 12% pour les rendements mensuels,
Investir en Bourse malgré la baisse
Si les dépôts bancaires restent un bon choix pour les personnes qui veulent éviter les risques, les économistes désignent la Bourse comme la meilleure option pour ceux qui cherchent un profit élevé. « Le moment est propice pour investir sur le marché financier. Les prix de certaines actions ont baissé en-dessous de leur valeur nominale. C’est une grande opportunité pour réaliser des gains à condition que les nouveaux entrants possèdent une certaine expérience dans l’investissement en Bourse », note Hani Tawfiq. Sous l’effet de la pandémie de Covid-19, les indices de la Bourse égyptienne ont connu des fluctuations continues en adoptant une tendance descendante. Selon le site de la Bourse égyptienne, l’indice EGX 30, qui rassemble les 30 actions les plus actives, a chuté de 17,7 % depuis la découverte du premier cas de coronavirus en Egypte en février 2019, clôturant sur 4195 points. Cette baisse peut être un avantage pour les investisseurs potentiels. « Malgré la baisse actuelle de la Bourse, nous prévoyons son retour à la hausse avec la découverte d’un vaccin, et cela entraînera le retour des investisseurs durant la prochaine période », note Amr Al-Alfi, président du département de recherche auprès de la banque d’investissement Prime Holding. Il conseille aux particuliers inquiets d’investir dans les actions, et s’ils ont peur des risques, de déposer leur argent dans les fonds d’investissement à rendement fixe dans les banques. « Ces fonds investissent dans les titres d’endettement gouvernementaux comme les bons du Trésor et les obligations à taux d’intérêt annuels fixes. Ils offrent aux investisseurs la possibilité de liquider leurs certificats lorsqu’ils le désirent », renchérit Amr Al-Alfi. Il nomme quatre secteurs prometteurs pour l’investissement en Bourse durant la prochaine période, à savoir les secteurs de l’éducation, de la santé, des télécommunications et des services financiers (secteur bancaire et secteur des services financiers non bancaires).
L’investissement dans l’immobilier vient en troisième position. « L’immobilier revient à nouveau dans les priorités des investisseurs, notamment avec la baisse des intérêts bancaires et les facilités de paiement offertes par les sociétés de développement immobilier », indique Mona Bédeir. Ahmad Gaber, président de la société de marketing immobilier GIG Property, affirme que les prometteurs immobiliers commencent à présenter des offres attractives à leurs clients non seulement au niveau des délais de remboursement, mais aussi au niveau des prix. « Les entreprises ont proposé des réductions de 10 à 15 % pour les unités vendues dans les expositions et de 25% pour les unités vendues au comptant. Quant à la période de remboursement, certaines entreprises ont allongé sa durée qui varie désormais entre 10 et 12 ans », indique Gaber qui conseille à ses clients d’investir dans l’achat d’unités commerciales pour les louer et obtenir un revenu mensuel supérieur aux intérêts bancaires.
En fin de liste vient l’investissement dans l’or et les devises. La valeur de l'or a augmenté de 45,5% depuis le début de l’année au niveau mondial et en Egypte, alors que le prix du dollar a baissé de 40 piastres (soit 2,5 %) entre janvier et novembre. Mona Bédeir écarte la possibilité d’investir dans l’or et le dollar pour la prochaine période en raison de la baisse prévue du dollar et la stabilité de l’or. « La découverte probable d’un vaccin contre le Covid-19 va apaiser l’incertitude qui règne dans le monde depuis l’apparition de la pandémie et la demande sur l’or va baisser », prévoit-elle. Et d’ajouter que les taux de change en Egypte resteront stables jusqu’à la fin de l’année (prix d’achat 15,58 L.E. et prix de vente 15,68 L.E. selon le site de la BCE, le 23 novembre). « Le prix du dollar ne dépassera pas le seuil des 16 L.E. l’année prochaine », explique-elle.
Lien court: