La semaine dernière, l’Egypte est devenue le premier pays au Moyen-Orient et en Afrique du Nord à accéder au marché des obligations vertes sur la Bourse de Londres, le London Stock Exchange (LSE). Sur le site Web du LSE, James Cleverly, ministre britannique d’Etat pour les Affaires du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, a déclaré : « Je suis heureux que le Royaume-Uni et l’Egypte établissent un agenda de partenariat dans les causes relatives au climat et travaillent ensemble dans le cadre de l’Organisation des Nations-Unies (l’ONU) pour promouvoir la résilience et un rétablissement vert de la pandémie du Covid-19 ». Les obligations vertes, appelées aussi obligations climat, sont émises pour financer les projets amis de l’environnement.
La première émission d’obligations souveraines vertes de l’Egypte a totalisé 750 millions de dollars pour une durée de 5 ans et un taux d’intérêt de 5,2 %. Le ministre égyptien des Finances, Mohamad Maeit, a déclaré que les émissions s’étaient attiré une forte demande de la part des investisseurs mondiaux, ce qui a permis au gouvernement égyptien d’augmenter le volume initial de la souscription qui était de 500 millions de dollars de 7,4 fois plus pour l’amener à 750 millions de dollars. L’offre s’est attiré une base d’investisseurs venus de l’Europe (47 %), de l’Est de l’Asie (41 %) et du Moyen-Orient (6 %), et a permis au gouvernement égyptien de baisser les taux d’intérêt de 0,5 % en comparaison aux taux proposés à la session inaugurale.
Même avant la crise du Covid-19 qui a fait pression sur le budget de l’Etat, l’objectif affiché du gouvernement égyptien était de diversifier les sources d’emprunt et de financement loin des méthodes traditionnelles, et ce, pour soutenir la politique de restructuration de la dette publique. Celle-ci consiste à recourir à un emprunt moins coûteux et à une échéance plus longue, en dépendant du marché des obligations internationales, tout en rétrécissant le recours aux titres publics à cause de leurs taux d’intérêt élevés. Et ce, afin de ramener la dette en pourcentage du PIB à moins de 80 %, selon les critères mondiaux.
Selon Mona Bédeir, macro-analyste auprès de la banque d’investissement Prime, l’application de l’objectif de restructuration a connu un certain ralentissement à cause des retombées économiques de la crise du Covid-19. « Le gouvernement a recouru à l’emprunt de l’extérieur à cause de l’arrêt soudain du flux des capitaux et du tourisme dans l’objectif de combler le fossé financier estimé à 12 milliards de dollars en 2019-2020. Le stand-by agreement que l’Egypte avait obtenu du Fonds Monétaire International (FMI) en mai dernier l’a appelée à réactualiser la stratégie de la dette vers la fin de 2020. Le gouvernement a alors fait preuve de bonne volonté en prenant la décision d’appliquer 3 mesures », explique Bédeir. La première de ces mesures est le recours aux obligations vertes. La seconde et la troisième sont en voie d’application : financer la dette par les ressources domestiques, c’est-à-dire recourir à l’emprunt des sources locales, comme par exemple les institutions et les banques locales à travers des obligations libellées en monnaie locale. Le troisième outil sera le financement islamique des sukuks, qui attire une large clientèle.
Pour un financement durable
Hala Al-Saïd, ministre de la Planification et du Développement économique, a annoncé que 691 projets verts étaient censés être mis en vigueur avec des investissements d’un total de 447,3 milliards de dollars et qui représentent 14 % de la totalité des investissements publics. Pour l’année fiscale 2021/2022, le gouvernement vise pour que le taux représente 30 % des investissements publics. Maeit a précisé que ces obligations vertes seraient destinées au financement des projets verts, amis de l’environnement, et à la réalisation du plan de l’Egypte dans le développement durable dans les domaines du transport propre, l’énergie renouvelable, la limitation de la pollution, l’adaptation au changement climatique, la promotion de la performance de l’énergie et la gestion durable de l’eau et du drainage sanitaire.
« Les obligations vertes mettent l’Egypte sur la carte du financement durable », a déclaré Maeit. La conception du portefeuille des obligations vertes ne s’est pas faite du jour au lendemain, mais c’est tout un plan conçu par l’Etat dans la vision de l’Egypte 2030 avec pour objectif de financer ses revenus sur des projets verts. « Le programme des obligations vertes souveraines nous aidera à mobiliser un capital de la part d’investisseurs qui tiennent à réaliser des rendements à la fois environnementaux et financiers. L’émission d’obligations sur le marché international aidera à promouvoir le classement environnemental de l’Egypte et restaurer la confiance des investisseurs étrangers dans l’économie égyptienne », conclut Maeit.
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