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Coup dur pour le marché noir

Gilane Magdi, Mardi, 30 juillet 2013

L’arrivée des aides économiques promises par les pays arabes a provoqué un recul du dollar face à la livre égyptienne. La tendance devrait continuer.

Coup dur pour le marché noir
(Photo: Ahmad Abdel-Razeq)

Coup dur pour le marché noir du billet vert. L’injection, la semaine dernière, de 5 milliards de dollars dans les caisses de la Banque Centrale d’Egypte a produit un recul de la monnaie américaine face à la livre. En l’espace d’une seule semaine, le billet vert a perdu 30 piastres sur le marché noir. Il s’échangeait dimanche à 7 L.E. « La demande sur le dollar dans les bureaux de change a témoigné d’une grande chute. Les clients ont, en effet, cessé d’acheter des dollars étant donné les prévisions sur une baisse des cours. De même, dans une tentative de minimiser les pertes, les détenteurs du billet vert ont commencé à le vendre ce qui a entraîné une augmentation de l’offre », a noté à l’Hebdo Ramy Hilal, directeur exécutif d’un bureau de change à Mohandessine. Il ajoute que l’écart entre le prix officiel et celui du marché noir se situe à présent à une piastre seulement.

La baisse du dollar avait commencé juste après la chute du régime de Mohamad Morsi et les promesses des pays arabes d’accorder des aides à l’Egypte à hauteur de 12 milliards de dollars. Pour le moment, l’Egypte n’a reçu que 5 milliards de dollars : 2 milliards fournis par l’Arabie saoudite sous forme d’un dépôt sans intérêt de 5 ans à la Banque Centrale d’Egypte (BCE) et 3 milliards de dollars fournis par les Emirats arabes unis déposés également au sein de la BCE. L’Egypte devrait recevoir 7 autres milliards de dollars : 3 milliards de l’Arabie saoudite et 4 milliards du Koweït. « L’arrivée de ces aides va accentuer la chute du dollar face à la livre égyptienne et rétablir la stabilité sur le marché des changes », prévoit Chérif Osman, expert financier au sein d’une banque privée. Cette prévision est partiellement en contradiction avec les estimations du président du département des bureaux de change, Mohamed Al-Abyad. Ce dernier affirme que la baisse du dollar sera temporaire et incertaine. « Il est vrai que ces aides ont donné lieu à un certain optimisme et l’espoir d’une stabilisation très proche du marché des change, mais il serait très difficile de faire des prévisions sur le change du billet vert. Tout dépend de la manière dont la BCE utilisera ces fonds. C’est-à-dire, la BCE va-t-elle injecter des quantités supplémentaires de dollar dans les banques au cours de la prochaine période pour répondre aux besoins des importateurs ou bien va-t-elle poursuivre sa politique conservatrice à l’égard du marché des changes ? », se demande Al-Abyad.

Une politique conservatrice

La BCE avait adopté à la fin de l’année dernière une politique très stricte pour freiner la chute des réserves en devises qui avaient baissé de plus de la moitié après la révolution de 25 janvier. La BCE avait ordonné aux banques de financer les importations des biens de base tels le blé, le maïs et les produits pétroliers. « Cette mesure a incité les importateurs à recourir au marché noir pour acheter le dollar, ce qui a occasionné une hausse du billet vert. Stabiliser le marché des changes devient à présent une nécessité pour répondre aux besoins du secteur privé », souligne l’expert économique Mahmoud Abdel-Fadil. Ainsi, la BCE a introduit le système dit FX Auctions qui consiste à lancer des enchères aux banques trois fois par semaines pour leur vendre le dollar et des enchères exceptionnelles pour combattre le marché noir. L’adoption de ces deux mesures a permis à la BCE de freiner la chute des réserves. Selon le dernier rapport de la BCE, le montant des réserves a augmenté dès le mois de mars dernier passant de 13,4 milliards de dollars à 14,7 milliards de dollars.

Le montant des réserves atteindra 20 milliards de dollars après la réception par la BCE des 5 milliards de dollars d’aides promises par les pays arabes. « La BCE a continué à lancer des enchères aux banques, ce qui a entraîné une augmentation de l’offre du dollar dans les banques. Conséquence : le retour de la demande sur le dollar à son niveau ordinaire », déclare à l’Hebdo, Aly Mahmoud, expert au sein de la Banque arabe du Golfe. La BCE a annoncé récemment le lancement d’une enchère de 800 millions de dollars, la troisième cette année, pour combattre le marché noir. La mission de la BCE au cours de la prochaine période pour mettre fin au marché noir ne sera pas difficile malgré les craintes de certains opérateurs.

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