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Soutenir l’économie avant tout

Gilane Magdi , Lundi, 28 septembre 2020

La BCE a baissé ses taux directeurs sur les dépôts et les emprunts de 0,5 % pour booster l’activité économique. Cette décision aura peu d’effet sur l’emprunt, affirment les analystes.

Soutenir l’économie avant tout

Dans une décision inattendue, la Banque Centrale d’Egypte (BCE) a baissé ses taux directeurs sur les dépôts et l’emprunt pour une seule nuit de 0,5 % pour atteindre 8,75 % et 9,75 % respectivement. Cette baisse est la première depuis mars dernier, quand la BCE avait réduit les taux d’intérêt de 3 %. La BCE a justifié sa décision par deux facteurs principaux: la baisse de l’inflation et le soutien de l’activité économique. « Le taux d’inflation dans les zones urbaines a baissé à 3,4% pendant le mois d’août contre 4,2% en juillet. Ce taux est le plus bas jamais enregistré depuis plus de 14 ans. La baisse continuelle de l’inflation revient au fait que les biens alimentaires contribuent moins au panier des commodités en raison de la baisse des prix des légumes », note le communiqué de presse publié par la BCE le 24 septembre. Quant à la deuxième raison, le communiqué note qu'« au niveau mondial, l’activité économique reste faible malgré une certaine reprise. C’est pourquoi nous avons pris cette décision pour soutenir l’activité économique au niveau local ».

En effet, la baisse des taux d’intérêt va à l’encontre des prévisions des analystes au sein des banques d’investissement qui la qualifient d’« inattendue ». « Nous prévoyions le maintien des intérêts bancaires, mais il semble que les responsables au sein de la BCE aient voulu exploiter l’opportunité de la baisse actuelle des taux d’inflation pour prendre cette décision avant que l’inflation ne reparte à la hausse d’ici la fin de cette année », explique à l’Hebdo Mona Bédeir, analyste économique au sein de la banque d’investissement Prime Holding. Elle prévoit le retour des taux d’inflation urbains à la hausse pendant le 4e trimestre de cette année pour atteindre 6,2 %, et ce, pour des raisons saisonnières liées à la rentrée des écoles. Radwa Al Swaify, directrice du département des recherches au sein de la banque d’investissement Pharaos Securities, avait prévu aussi le maintien des taux directeurs, en notant que « les taux d’intérêt élevés maintiennent le flux des capitaux dans les titres d’endettement gouvernementaux en Egypte ».

Mais la banque d’investissement internationale Goldman Sachs avait prévu le recul des taux directeurs à moyen terme. « La BCE va baisser le taux d’intérêt réel qui passera de 6,5% actuellement à 2,5% », note la banque dans un rapport optimiste, publié le 17 septembre dernier sur son site, en expliquant que « les mouvements des taux d’intérêt dépendent en grande partie de l’équilibre entre les prévisions de l’inflation et la protection des flux d’investissement étrangers dans le pays ». Près de 20 milliards de dollars ont été transférés hors du pays dans les premiers mois de la pandémie de coronavirus (de mars à juin) dans un contexte de risque général qui a balayé les marchés émergents. « Mais presque la moitié de cette somme (environ 10 milliards de dollars) est revenue ces derniers mois. Les reprises sont imminentes tant pour les recettes touristiques que pour les fonds envoyés par les Egyptiens à l’étranger (deux principales sources de devises étrangères en Egypte) », indique le rapport de Goldman Sachs. D’après le dernier rapport de la BCE, les investissements étrangers dans les bons du Trésor ont augmenté pour le 2e mois consécutif pour atteindre 10,7 milliards de dollars.

Impact limité

La question à présent est de savoir quel sera l’impact de cette baisse modeste des taux d’intérêt sur les coûts de l’emprunt et de l’endettement gouvernemental. Mona Bédeir répond vite à cette question en assurant que l’impact sera limité pour deux raisons. La première concerne le secteur privé qui emprunte déjà à des taux d’intérêt plus faibles (soit 8 %) par rapport au niveau actuel des intérêts bancaires après la baisse. Le 9 septembre dernier, le gouverneur de la BCE, Tareq Amer, a annoncé que le montant alloué à l’initiative des prêts, destinée au secteur privé, serait doublé et passerait de 100 à 200 milliards de L.E. à la demande du président de la République. « Et donc, les différents secteurs comme les secteurs agricole, industriel ainsi que les Petites et Moyennes Entreprises (PME) vont profiter de cette initiative au lieu d’emprunter aux banques à des taux d’intérêt plus élevés », explique Bédeir.

Quant au coût de l’endettement gouvernemental, Bédeir indique que « lorsque la BCE avait baissé les taux d’intérêt de 3%, les intérêts sur les bons du Trésor ont baissé de 1 % seulement. Donc, l’impact de la baisse de 0,5% est très modeste », pense Mona Bédeir, en prévoyant que les taux d’intérêt sur les bons du Trésor se stabiliseront aux alentours de 13,5 % pendant l’année financière 2020/2021. Malgré cet impact modeste, Prime Holding s’attend dans sa note publiée le 27 septembre une décision similaire d’ici la fin de cette année. « Le comité des politiques monétaires au sein de la BCE va tenir deux autres réunions mensuelles, et une autre baisse des taux d’intérêt pourrait intervenir d’ici la fin de cette année », indique la note.

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