Rebond des indices boursiers, hausse de la valeur quotidienne des échanges, plus de 100 jours après l’apparition du premier cas de Covid-19 en Egypte, la Bourse égyptienne a commencé à reprendre graduellement sa bonne performance, que ce soit au niveau des indices ou au niveau des secteurs qui ont tiré profit de la pandémie. « La situation était très difficile au début de l’expansion du coronavirus. Il y avait des vagues de vente massives de la part des investisseurs étrangers et nationaux, ce qui avait entraîné la chute de tous les indices boursiers pendant les deux premiers mois de la crise. Mais le plan de soutien gouvernemental a rapidement incité les investisseurs nationaux et étrangers à acquérir les actions pour profiter de leurs prix les plus bas », explique Hanan Ramsès, experte économique au sein de la maison de courtage Al-Horreya Securities.
Pour aider la Bourse à surmonter cette période difficile, le gouvernement a adopté, en mars dernier, un plan de secours ambitieux basé sur deux piliers principaux : l’augmentation des liquidités et la baisse des coûts des échanges. Pour ce qui est du premier, le président de la République a annoncé l’injection, par la Banque Centrale d’Egypte (BCE), de 20 milliards de L.E. au sein de la Bourse égyptienne. De même, les deux banques publiques — la Banque Nationale d’Egypte (NBE) et la banque Misr — ont annoncé leur intervention sur le marché en injectant des liquidités de 3 milliards de L.E. Quant au deuxième pilier, il concerne la réduction des impôts et des tarifs imposés sur les transactions boursières.
La mise en application de ce plan urgent a donné aux investisseurs le feu vert pour investir à nouveau sur le marché financier. Ce qui a entraîné l’amélioration de la performance des indicateurs boursiers.
Les rapports mensuels de la Bourse égyptienne ont tracé le changement des indices boursiers et des différents indicateurs de la Bourse avant et après le plan. Au niveau des indices, l’indice EGX 30 a respectivement baissé de 6,5% et de 26,25% en février et en mars, les premiers mois de la crise du coronavirus. Mais en avril, l’indice a augmenté de 10 %, puis de 0,01% en mai. Pour ce qui est de l’indice EGX 70, il a baissé de 5,26% en février puis de 17% en mars. En avril, il a augmenté de 23 % avant de baisser à nouveau de 4 % en mai. « Le mois du Ramadan est caractérisé par le ralentissement du mouvement d’échange. De même, les investisseurs ont vendu leurs titres pour réaliser des gains de profits et régler leurs transactions avant la fête », explique Hanan Ramsès, justifiant la performance modeste des indices en mai.
Pour sa part, Mohamad Gaballah, président du département de développement des affaires au sein de la banque d’investissement Pioneers, souligne que la valeur des échanges a réussi à dépasser de nouveau le milliard de L.E. en mai, grâce au soutien des institutions nationales. « Malgré la hausse modeste des indices, pour la première fois depuis longtemps, la valeur quotidienne des échanges a dépassé dans certaines sessions un milliard et demi, et ce, même pendant le mois du Ramadan qui est d’ordinaire caractérisé par le ralentissement de la demande de la part des investisseurs », renchérit-il, en ajoutant que les cours des actions, atteignant leurs niveaux le plus bas, ont incité les investisseurs à pomper plus de liquidités au cours de la dernière période.
En effet, le rapport mensuel de la Bourse a noté la hausse de la valeur totale des échanges à son niveau le plus élevé pendant le mois de mars (126 milliards de L.E.), contre 39,2 milliards de L.E. pendant le mois de février. « Le montant des achats des institutions nationales a atteint son niveau le plus élevé en mars et en avril (soit 3,13 milliards de L.E.) contre 301 millions en février », note le rapport. Jusqu’à présent, les chiffres du mois de mai ne sont pas encore publiés.
L’amélioration des indicateurs boursiers n’a pas inclus les investisseurs étrangers, représentant presque le quart du total des échanges en Bourse. Les rapports de la Bourse ont révélé que la vente nette de leurs titres financiers a atteint 6,6 milliards de dollars depuis le début de la pandémie jusqu’à nos jours.
Le montant net des ventes des institutions étrangères a atteint son niveau le plus élevé pendant le mois d’avril (3,6 milliards de L.E.), alors que les ventes des investisseurs particuliers ont atteint 15,5 millions de L.E. seulement. « Bien que les investisseurs étrangers aient accentué leurs vagues de vente au début de la pandémie, ils ont commencé à reprendre leurs positions d’achats pendant le mois de mai à l’occasion de la révision des sociétés cotées sur les indices mondiaux. Par exemple, ils ont vendu leurs titres de fer à béton Ezz et de Pioneers pour investir dans les actions de la société Elsewedy et de celle du Caire pour les services éducatifs », indique Hanan Ramsès.
Les gagnants et les perdants
Le dernier rapport de la BCE a indiqué le recul des indices de tous les secteurs boursiers, toutefois, les experts ont souligné que la pandémie avait eu des impacts positifs sur certains secteurs alors qu’elle en avait touché gravement d’autres. Pour Amr Elalfy, secrétaire auprès de CFA Society Egypt (une organisation composée d’analystes financiers, de directeurs des portefeuilles d’investissements), trois secteurs principaux ont profité de la pandémie: le secteur pharmaceutique, l’agroalimentaire, notamment les boissons, et l’éducation, en raison du boom du e-learning. « Tous les secteurs qui ont connu une hausse de la demande de leurs produits profitent de la crise actuelle. Les résultats financiers pour le deuxième trimestre qui seront publiés en juillet prochain vont le prouver », note Amr Elalfy.
A titre d’exemple, les entreprises opérantes dans le secteur pharmaceutique ont fait de bons résultats, telle Memphis qui a fait des profits nets de 5,22 millions de L.E. (de juillet 2019 à mars 2020), contre des pertes de 16,8 millions de L.E. durant la même période de l’année dernière. De même, l’entreprise Al-Nil pour les médicaments a fait des profits nets de 67,18 millions de L.E. de juillet 2019 à mars 2020, contre 11,29 millions de L.E. durant la même période de l’année dernière.
Hanan Ramsès ajoute le secteur du textile à la liste des gagnants. « Ce secteur a souffert d’une récession à cause du recul de la demande, mais il jouit actuellement de grandes opportunités de croissance via la production de masques en tissu », renchérit-elle.
Quant aux secteurs perdants, le tourisme vient évidemment en tête de liste, suivi par le secteur d’immobilier et celui de ciment. « Toutefois, les prix attractifs des actions des sociétés opérantes dans ces secteurs vont inciter les investisseurs à les acheter », souligne Hanan Ramsès, en exprimant son optimisme à l’égard de l’avenir de la prochaine période.
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