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Pour une économie plus résiliente

Amani Gamal El Din, Lundi, 11 mai 2020

Le gouvernement égyptien multiplie les initiatives en coopération avec les institutions monétaires internationales, afin de réduire l’impact économique du Covid-19.

Des initiatives qui permettent de rester optimiste. Explications.

Pour une économie plus résiliente

Depuis le début de la pandémie du Covid-19, l’Egypte multiplie les initiatives pour contrer le virus: mesures d’urgence, tentatives de combler les écarts financiers et consultations avec les organisations financières internationales ... Les politiques économiques du gouvernement égyptien ont été reformulées, et le rôle des acteurs économiques a pris une nouvelle dimension. A l’heure où les prévisions font état d’une régression de la croissance mondiale pour 2020, l’Egypte conserve un certain optimisme avec des prévisions de croissance à 3,5% si la crise est contenue en juillet 2020 et à 2 % si elle persiste jusqu’aux deuxième et troisième trimestres de 2020-2021, selon Hala Al-Saïd, ministre de la Planification.

Le PIB réel des pays exportateurs de pétrole baissera de 3,9%, celui des pays importateurs de pétrole de 0,8 %. L’Egypte maintient, elle, une progression de 2% selon le FMI.

Cependant, le déficit budgétaire atteindra 7,8% du PIB selon les prévisions si la crise persiste jusqu’à décembre. Les précédentes projections étaient de 6,2%. Le surplus primaire a régressé, passant de 2% à 0,7% selon le ministère des Finances.

Afin de maintenir l’équilibre financier et combler le déficit budgétaire, le gouvernement égyptien a adopté plusieurs nouvelles mesures dans son plan d’urgence, alliant diversification des ressources et soutien financier.

La première mesure vise à réajuster les finances publiques grâce notamment à un prêt du Fonds Monétaire International (FMI). Ce dernier vient d’annoncer la date de transfert de la première tranche de l’aide financière destinée à l’Egypte, à savoir le 11 mai. Celle-ci sera de 2,7 milliards de dollars. Lors d’une conférence de presse, le premier ministre, Moustapha Madbouli, avait dévoilé que l’Egypte a demandé au FMI un financement à travers deux instruments: le Rapid Financial Instrument (RFI) et le Stand By Arrangement (SBA). Le premier est destiné à pallier les déficits de la balance des paiements, alors que le second est conçu pour soutenir l’ensemble des politiques macroéconomiques.

Mona Bédeir, macroéconomiste auprès de la banque d’investissement Prime, s’attend à ce que le montant de l’aide via le SBA, qui s’étendra au plus sur un an et demi, sera de 4,1 milliards de dollars. Ces estimations sont plus ou moins en accord avec celles de l’Institut de financement international qui estime que l’aide perçue par l’Egypte à travers le SBA sera de 4,8 milliards de dollars et sera débloquée début juin. « La priorité du gouvernement est de remédier aux déséquilibres des dépenses publiques qui sont dus à la crise. Cette aide permettra d’achever la réforme de l’appareil fiscal », a annoncé Bédeir.

Le gouvernement a eu recours à un autre moyen pour revigorer les finances publiques et accroître les revenus de l’Etat. Le parlement vient d’approuver une loi permettant au gouvernement de prélever une taxe sur certains services fournis par l’administration. Le montant des recettes de cette taxe est prévu d'atteindre 15 milliards de L.E. « Cette loi intervient à temps car les dépenses publiques se trouvent dans un grand dilemme. Or, nous sommes dans un pays où les revenus fiscaux représentent toujours 75 % des recettes de l’Etat. Il y a des contestations à propos de cette loi à cause des conditions économiques des ménages et des entreprises », explique Bédeir. Cependant, le ministre des Finances, Mohamad Maeit, a déclaré que l’Etat avait besoin de ressources additionnelles pour combler le déficit budgétaire, contenir la dette et éviter la hausse de l’inflation et donc des prix.

En vertu de la loi en question, une taxe sera imposée à certains services fournis par l’Etat civil comme les actes de naissance et de décès, ainsi que sur les contrats de vente. 2 % seront imposés aux marchandises achetées en zones franches. 12 % (contre 10% auparavant) seront imposés sur les services de divertissement dans les hôtels ou les night-clubs, à l’exception de ceux organisés par l’Etat. Des taxes sont également prévues sur le tabac, les contrats des clubs avec les sportifs, la nourriture des animaux ainsi que sur les pièces de rechange et les accessoires des téléphones portables.

Coopération multilatérale

Le FMI avait conseillé à tous les pays d’opter pour une coopération multilatérale pour contrer les effets du Covid-19 parallèlement aux mesures fiscales et monétaires. Suivant cette prescription, l’Egypte a conclu un accord de financement avec la Banque islamique pour le développement pour relancer les investissements. Selon Hala Al-Saïd, l’Egypte entend bénéficier d’un plan de financement exceptionnel de 2,3 milliards de dollars offerts par la Banque islamique pour le développement aux pays islamiques dans le cadre du plan d’urgence pour contrer les effets du Covid-19. « La banque est disposée à soutenir le secteur privé en Egypte à travers ses trois institutions, conformément à des plans à court et à long termes : l’Institution islamique pour le développement du secteur privé, l’Institution islamique pour le financement du commerce et l’Institution islamique pour la sécurisation de l’investissement », a déclaré Bandar Hagar, président de la Banque islamique pour le développement. « Le coût de l’emprunt auprès des banques de développement est assez élevé. Mais ces emprunts ont lieu avec la formule du partenariat public-privé. Et donc, le gouvernement et le monde du business peuvent en profiter, assumer les coûts et réaliser des recettes », a commenté Mahmoud Gamal El Din, investisseur et homme d’affaires.

Le gouvernement égyptien poursuit inlassablement ses efforts pour faire face au Covid-19. Moustapha Madbouli a réuni les ministres du groupe économique et des spécialistes du business pour évaluer les effets de la crise sur l’économie et établir les scénarios de l’après-coronavirus. Le comité quadripartite chargé de faire le suivi avec l’Onu de la réalisation des objectifs du développement durable vient de se réunir. Au cours d’une réunion par vidéoconférence, la ministre de la Coopération internationale, Rania Al-Machat, a mis l’accent sur la nécessité de réactualiser les données relatives à quatre dimensions, à savoir le développement économique inclusif, la justice sociale, l’autonomisation de la femme et la gestion durable des ressources naturelles, et ce, à la lumière du Covid-19 .

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