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Microfinance, un marché à mieux exploiter

Amani Gamal El Din, Samedi, 29 février 2020

L’International Finance Corporation (IFC) a signé un accord avec Tanmiyah, une entreprise égyptienne pionnière dans le domaine de la microfinance. Objectifs : renforcer le rôle de ce secteur en Egypte et promouvoir l’inclusion financière en vue d’une croissance économique durable.

Microfinance, un marché à mieux exploiter
L'avenir de la microfinance dépend d'une diversification des ressources de financement. (Photo : Reuters)

L’egypte se trouve confrontée au défi majeur de combattre la pauvreté qui, selon les derniers chiffres de l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS), touchait 32,5 % de la population en 2019, contre 27 % en 2017. Ces taux éclipsent les efforts de croissance par ailleurs réalisés par le pays. L’une des solutions pour mettre un terme à la pauvreté est, selon la Banque Mondiale (BM) et l’International Finance Corporation (IFC), un groupe de la BM, de donner une impulsion au secteur privé.

Selon Walid Labadi, directeur de l’IFC pour l’Egypte, la Libye et le Yémen, « davantage d’investissements dans le secteur privé sont requis pour permettre à une plus grande tranche de la population d’avoir accès aux services financiers pour assouvir leurs besoins ». Pour l’IFC, qui se concentre sur les activités du secteur privé dans les pays en développement, il s’est avéré que l’un des instruments les plus efficaces pour générer davantage d’emplois et lutter contre la pauvreté était la microfinance.

Les efforts de l’IFC dans ce sens se sont matérialisés la semaine dernière à travers la signature d’un accord avec Tanmiyah, un important acteur dans le domaine de la microfinance en Egypte, et ce, dans l’objectif de développer les compétences et de promouvoir l’expansion géographique des microcrédits (voir encadré). L’accord fait partie d’une stratégie plus élargie de l’IFC pour un meilleur accès au financement et pour donner une impulsion à l’inclusion financière. Il marque de même le lancement du premier projet de MENA Micro, Small, Medium Enterprises (MENA MSME). Ciblant la promotion d’emplois durables et la croissance économique basée sur le secteur privé, celui-ci est conjointement soutenu par les gouvernements des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Suède et de la Suisse.

Selon Labadi, un solide secteur de micro, petites et moyennes entreprises est essentiel pour générer des emplois et encourager la croissance économique en Egypte. « L’IFC a investi plus de 4 milliards de dollars durant la dernière décennie en Egypte. Nous sommes engagés à investir 300 millions de dollars de plus en 2020 », a-t-il expliqué au cours de la conférence de presse tenue à l’occasion de la signature du contrat. Et de poursuivre que malgré le recul du taux de chômage dans le secteur formel en Egypte, la pauvreté demeure un défi pour l’économie égyptienne.

La microfinance peut jouer un rôle primordial à ce niveau, d’autant plus que seuls 20 % de ce marché sont actuellement exploités en Egypte. « La microfinance est un vaste marché au potentiel énorme, car il peut servir la majorité des Egyptiens. Notre objectif est de donner plus de force à la microfinance en Egypte et d’y promouvoir l’inclusion financière. Le soutien à ce marché donnera lieu à une croissance durable et à une meilleure répartition géographique des crédits », a encore indiqué Labadi.

D’importants défis à relever

Selon les données de l’IFC, en Egypte, seul un tiers des adultes ont accès à un compte bancaire, à l’heure où l’écart financier au niveau du marché des micro, petites et moyennes entreprises a été estimé, en 2017, à 46,7 milliards de dollars. Cela représente une grande chance pour les institutions financières.

Amr Abouesh, PDG et co-fondateur de Tanmiyah, a pour sa part mis l’accent sur le constat suivant : « La microfinance prouve de plus en plus qu’elle est un instrument efficace pour mettre un terme au cycle de la pauvreté, faire baisser le taux de chômage, augmenter le pouvoir d’achat et aider les couches de la population les plus marginalisées financièrement. Bien que la majorité des Egyptiens soient jeunes et dynamiques, les jeunes hommes d’affaires et entrepreneurs restent en dehors du cadre de l’industrie bancaire traditionnelle. Cet accord avec l’IFC nous aidera à combler les besoins financiers de ce groupe », a-t-il expliqué.

Il a cependant cité deux défis majeurs en matière d’expansion et d’impact de la microfinance, à savoir l’innovation et la numérisation. « Nous voulons une valeur à vie ou durable pour le client et non pas une simple transaction », a-t-il indiqué, ajoutant que l’entreprise étudiait la possibilité de diversifier les financements qu’elle alloue par la titrisation et l’octroi de biens meubles.

Concernant la numérisation, selon Abouesh, elle est appelée à constituer un outil avancé pour délivrer les services et y accéder. « Les smartphones permettent une proximité inédite. Cette proximité nous donne la chance unique de mieux comprendre le client et ses besoins. Nous avons une équipe numérique et une autre responsable des données dont nous sommes fiers, ainsi qu’un département des données. Nous avons aussi des projets basés sur l’intelligence artificielle », a-t-il dit.

Labadi a, quant à lui, indiqué qu’il existait encore d’autres défis, notamment celui du manque de lois régulatrices dans le domaine de la numérisation, de l’insuffisance des capitaux privés alloués à la microfinance, et surtout de l’importance de comprendre les besoins de la clientèle. « Il faut comprendre les besoins de la clientèle au lieu de focaliser sur ce qu’on veut leur donner », a-t-il conclu.

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