Paris, De notre envoyé spécial
« L’Egypte est l’endroit où il faut être maintenant. C’est un pays de 100 millions d’habitants, il a enregistré la plus forte croissance économique de toute la Méditerranée, c’est un pays avec des opportunités, un potentiel et des projets de développement considérables ». C’est par ces mots que l’ambassadeur de France en Egypte, Stéphane Romatet, a inauguré l’Atelier « Egypte », organisé à Paris lundi 10 février par l’Agence gouvernementale Business France afin d’inciter les entreprises françaises à chercher davantage d’opportunités et de partenariats d’investissement en Egypte.
« Nous sommes encore, aujourd’hui, un partenaire insuffisant de l’Egypte. Nous en sommes le 11e partenaire commercial. Il faut mettre notre relation économique au même niveau que notre relation politique. C’est un pays dont les besoins sont immenses. Les entreprises françaises y sont attendues », a déclaré M. Romatet. Et d’ajouter: « J’avoue que les choses en Egypte ne se font pas en 5 minutes, il faut avoir de la patience, mais c’est un marché très porteur ».
La conférence a rassemblé plus de 150 participants, dont des représentants de 100 entreprises françaises intéressées par le marché égyptien.
Côté égyptien, le GAFI (l’Autorité égyptienne de l’investissement) a présenté la nouvelle législation destinée à attirer les investisseurs potentiels. Ayman Soliman, président du fonds souverain égyptien, ainsi que le groupe Elsewedy étaient aussi présents. Objectif : discuter des opportunités de coopération entre les entreprises industrielles égyptiennes et françaises et de la relance des échanges commerciaux entre les deux pays. « Vous êtes plus de 100 entreprises françaises à participer à cette conférence, ce qui prouve l’engouement que suscite ce grand pays de plus de 100 millions d’habitants, doté d’une position géographique stratégique et d’une bonne infrastructure », a affirmé Christoffe Lecouffe, directeur général de Business France, qui a inauguré la rencontre.
Le groupe Elsewedy Electric a signé lors du forum un mémorandum d’entente avec Business France pour faciliter les échanges entre l’Egypte et la France et aider les entreprises françaises à s’implanter en Egypte.
Deux grandes entreprises françaises implantées en Egypte, Sanofi et Loréal, ont raconté leur « success story ». La première envisage de produire au Caire 10 nouveaux médicaments qui viennent d’être lancés en Europe, la seconde exporte plus de 80% de sa production vers le Golfe, le Liban et le Maroc, entre autres, à travers son usine égyptienne.
Les Petites et Moyennes Entreprises (PME) étaient également au coeur des discussions de cette rencontre. Car, autrefois ignorées et sous-évaluées, elles se retrouvent aujourd’hui à l’avant-plan des préoccupations. Les PME occupent un grand espace de la vision « Egypte 2030 ».
Le PDG de la PME Steam France l’a confirmé : « Bien que l’Egypte soit un marché assez compliqué et difficile où les spécificités culturelles sont nombreuses, les opportunités sont là pour les entreprises françaises, y compris les PME. Nous sommes en Egypte depuis deux ans, j’avoue que c’est un pays très prometteur par son marché local. Il peut constituer une base importante pour exporter vers l’Afrique ».
Ayman Soliman, PDG du fonds souverain égyptien, a, pour sa part, jeté la lumière sur les opportunités d’investissement dans divers secteurs égyptiens. « L’Egypte dispose maintenant de facteurs très attrayants, notamment des indices économiques positifs, une économie diversifiée, une croissance potentielle dans de nombreux secteurs, une inflation en baisse, un marché vaste, le boom du tourisme, et la stabilité de la monnaie locale stable », dit-il.
Il a ajouté que l’administration du fonds a effectué des tournées promotionnelles auprès de plusieurs investisseurs arabes, européens et américains, ainsi que des investisseurs de Chine, de Nouvelle-Zélande, d’Australie et d’Asie de l’Est. L’objectif du fonds est d’atteindre 50 milliards de dollars en 10 ans, a-t-il ajouté.
Forum franco-égyptien des affaires et de l’innovation
Le Forum France-Egypte à Paris vient aussi préparer une importante rencontre économique bilatérale en 2020: le Forum franco-égyptien des affaires et de l’innovation, qui se tiendra au Caire du 30 mars au 1er avril. Cette conférence, qui sera organisée par Business France et Al-Ahram Hebdo, réunira un certain nombre de responsables et d’entreprises françaises et égyptiennes.
Conçu pour consolider le dialogue économique bilatéral, en particulier sur les grands enjeux que les deux pays partenaires partagent et sur lesquels ils souhaitent renforcer leur coopération, comme la digitalisation de l’économie, la création d’emplois qualifiés, le développement d’un système de santé efficace et exclusif et l’accès aux standards internationaux dans les filières agricole et agroalimentaire, le forum a pour vocation de réunir sur un même espace les acteurs économiques des grands groupes, des PME et les membres du gouvernement.
« Ce forum vise à renforcer le dialogue économique entre les deux pays en identifiant les défis qui empêchent la reprise des relations économiques et en travaillant en vue de les surmonter. Le but est aussi de créer des opportunités de partenariats bilatéraux entre les deux parties. Des entreprises françaises ont déjà exprimé leur souhait d’y assister », explique Philippe Garcia, directeur de Business France Egypte, lors d’une présentation du forum à Paris.
Le président Emmanuel Macron, lors de sa visite en Egypte en janvier 2019, a signé 32 accords entre des entités gouvernementales et le secteur privé.
Les échanges entre l’Egypte et la France ont augmenté de 36,2% de janvier à mai 2019, pour atteindre 1,212 milliard d’euros, contre 823,7 millions d’euros pour la période correspondante de 2018, selon les dernières statistiques égyptiennes des services commerciaux (ECS) publiées en août 2019.
Les exportations égyptiennes vers la France ont enregistré 334,2 millions d’euros au cours des cinq premiers mois de 2019, soit une augmentation de 15,6% par rapport à la même période de l’an dernier, tandis que les importations égyptiennes en provenance de la France ont enregistré 785,5 millions d’euros au cours des cinq premiers mois de cette année, contre 534,5 millions d’euros au cours de la période correspondante en 2018.
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