La nouvelle année s’annonce prometteuse pour le secteur de l’énergie en Egypte, qui comprend le pétrole, le gaz naturel et l’électricité. Concernant le pétrole, le ministère du Pétrole donnera plus de poids cette année à l’augmentation de la production de pétrole, après avoir atteint l’autosuffisance en matière de gaz naturel il y a deux ans. Selon le plan du ministère, la production quotidienne de pétrole brut devra passer de 650000 baril/j, niveau auquel elle a stagné au cours des dernières années, à 700 000 baril/j d’ici la fin de l’année financière 2019-2020. « Pour atteindre cet objectif, notre plan de travail sera basé sur deux piliers importants : le développement de la production des puits actuels et l’exploration pétrolière », indique le plan du ministère du Pétrole.
Pour ce qui est du premier pilier, le ministère intensifiera les activités de forage dans les zones principales de production de pétrole brut situées sur les côtes oeust de l'Egypte et dans le golf de Suez. Quant au second pilier, le ministère prévoit de lancer un appel d’offres à l’adresse de sociétés internationales au cours de 2020.
Concernant la production de gaz naturel, le ministère n’a pas encore annoncé de plan d’augmentation de la production similaire à celui du pétrole. « L’objectif est de maintenir le niveau de la production actuelle, qui s’élève à 7,1 milliards de pieds cube/jour », a déclaré le ministre égyptien du Pétrole, Tarek El-Molla, en inaugurant la Conférence d’Al-Ahram sur l’énergie, tenue les 29 et 30 décembre au Caire. L’Egypte est devenue, en deux ans, l’un des principaux pays producteurs de gaz naturel et a atteint l’autosuffisance, et ce, suite à la découverte d’importants gisements de gaz dans la Méditerranée comme le champ gazier Zohr.
Même s’il n’existe pas de plan précis relatif à l’augmentation de la production de gaz naturel, un appel d’offres lié à l’exploration gazière sur les côtes Oeust est prévu. Il sera lancé par la Société holding de gaz naturel (EGAS) au cours du premier semestre 2020. « La société travaille actuellement à déterminer les zones concernées par cet appel d’offres et à obtenir les approbations liées au processus d’offre », a indiqué une source au sein de la holding qui a requis l’anonymat.
A cela s’ajoutent les 17 accords relatifs à l’exploration gazière approuvés par le parlement en 2019, et dont les procédures de conclusion devront être terminées au cours de cette année, après la ratification par le président de la République. Sans oublier l’appel d’offres lié à l’exploration en mer Rouge, dont le ministre du Pétrole a annoncé les résultats le 29 décembre, lors de l’ouverture de la Conférence d’Al-Ahram sur l’énergie. « Trois groupes mondiaux ont remporté cet appel d’offres, lancé par le ministère du Pétrole pour la première fois pour les eaux profondes de la mer Rouge, après la démarcation des frontières avec l’Arabie saoudite. Il s’agit du groupe américain Chevron, du groupe Shell et du groupe émirati Mubadala », a indiqué El-Molla. Selon le communiqué de presse du ministère, chacun des trois groupes obtiendra l’un des trois secteurs d’exploration, sur une superficie totale de 10 000 km2.
Moataz Darwich, vice-président de Shell, s’est réjoui des chances d’investissements prometteuses qu’offre l’Egypte dans le domaine du gaz et du pétrole. « Le groupe se concentre actuellement sur les opérations d’exploration en eaux profondes, en Méditerranée et en mer Rouge. Ces zones sont considérées comme les plus importantes en matière de nouvelles explorations pour la prochaine période. La stratégie du groupe se base sur l’injection de plus d’investissements et l’expansion de ses travaux en vue d’augmenter la production de gaz naturel », a-t-il déclaré. Conformément aux procédures, les sociétés qui ont remporté l’appel d’offres passeront par les procédures législatives, qui vont de l’obtention de l’approbation du parlement égyptien à la ratification de la loi par le président de la République.
Plus d’exportations
Au niveau de l’exportation du gaz naturel, l’avenir reste prometteur. Les prévisions 2020 de la banque d’investissement Pharos pour le secteur du pétrole et du gaz sont optimistes. Ainsi, le rapport annuel de la banque sur les perspectives économiques, publié la semaine dernière, prévoit un excédent dans le commerce du pétrole. Après avoir atteint l’autosuffisance en matière de gaz naturel en 2018-2019, les exportations de gaz naturel ont augmenté pour atteindre 11 milliards de dollars en 2018-2019, contre 8,8 milliards de dollars en 2017-2018. « Nous prévoyons une hausse des exportations de gaz naturel de 500 millions de dollars par an en moyenne au cours des trois prochaines années », estime Pharos dans son rapport.
Au niveau des Investissements Etrangers Directs (IED), le rapport de Pharos prévoit une hausse du montant à 6,5 milliards de dollars en 2019-2020 et à 7,1 milliards en 2020-2021. « Cette hausse est due au fait que les multinationales s’intéressent à exploiter les ressources pétrolières et gazières en Méditerranée », indique le rapport, qui note aussi que le secteur pétrolier et gazier représente 74,1% du total des IED.
Quant au secteur de l’électricité, il fait l’objet d’un plan ambitieux en 2020, basé sur 3 piliers : l’augmentation de la production, la transformation numérique et le renforcement des lignes de liaison avec les pays voisins. Concernant le premier pilier, le porte-parole du ministère de l’Electricité, Ayman Hamza, a indiqué que le ministère avait fait des plans pour augmenter la production via les sources traditionnelles et les sources d’énergie renouvelables. « La production a atteint 28 000 mégawatts en 2019 et nous possédons une réserve d’électricité dépassant le quart de notre production. C’est un taux important au niveau mondial et qui donne un message aux investisseurs, les encourageant à investir », a-t-il souligné, tout en prévoyant la hausse de la production courant 2020 en vue de répondre à l’augmentation de la demande.
La production d’électricité ne se limitera donc pas aux sources traditionnelles, mais s’étendra aux sources renouvelables comme l’énergie solaire et l’énergie éolienne. Dans ce contexte, Hamza a déclaré que la production d’énergie renouvelable atteindra 6600 MW en 2020, contre 5800 MW en 2019. L’augmentation de la production de l’énergie renouvelable s’inscrit dans le cadre du plan de mix énergétique, qui vise à augmenter graduellement la part d’énergie renouvelable, à savoir à 20% en 2022 et à 42% en 2035. « Nous allons réaliser le taux de 20% avant la date prévue en 2020-2021, et ce, grâce à l’exécution de projets importants, tel le projet du parc solaire de Benban à Assouan », souligne, pour sa part, le ministre de l’Electricité et des Energies renouvelables, Mohamad Chaker. Il a déclaré, à l’occasion de l’inauguration de la Conférence d’Al-Ahram sur l’énergie, que plusieurs mesures avaient été prises pour encourager la participation du secteur privé aux projets d’énergie renouvelable, à l’instar du projet d’énergie solaire de Benban, qui a été achevé et connecté au réseau national en octobre dernier. « Le projet a remporté le prix du meilleur projet au monde de la Banque Mondiale (BM) en 2019 et le secteur a réussi à obtenir des prix compétitifs de 2,48 cents le kilowatt/heure pour l’énergie produite à partir de centrales solaires et de 3,1 cents le kilowatt/heure pour l’énergie produite par les parcs éoliens », a noté Chaker.
Quant aux autres projets, le ministre a indiqué que le ministère était en voie d’établir la première station, au Moyen-Orient et en Afrique, de production d’électricité à partir de stations d’eau grâce à la technologie du pompage et du stockage, d’une capacité de 2 400 MW, à Gabal Ataqa. Et ce, en plus de la construction d’une centrale nucléaire dans la région de Dabaa, d’une capacité de 4800 MW, en recourant aux dernières technologies mondiales.
Réseaux de distribution
plus modernes
Le deuxième pilier du plan concerne, lui, les réseaux de distribution d’électricité. « En 2019, le ministère a modernisé 90% des stations de distribution d’électricité. Nous prévoyons de terminer cette modernisation en 2020. De même, nous allons augmenter les longueurs du réseau électrique (à haute tension, ndlr) à 6000km en 2020, contre 2 000 km en 2019 », a déclaré Hamza. Pour atteindre ces objectifs, le ministère de l’Electricité a augmenté les investissements dédiés à la modernisation des stations de transmission d’électricité, qui sont passés de 50 milliards de L.E. en 2019 à 70 milliards en 2020. Quant aux investissements injectés dans les réseaux de distribution, le porte-parole du ministère indique qu’ils seront augmentés à 29 milliards de L.E. en 2020, contre 20 milliards en 2019.
Le troisième pilier vise à développer le niveau des services offerts au public via le remplacement des compteurs d’électricité traditionnels par des compteurs numériques et prépayés. « Nous allons installer 28 000 compteurs intelligents au cours des 4 prochaines années. De même, nous allons généraliser le programme de lecture unique au niveau de la République en avril prochain », note Hamza.
Enfin, le plan du ministère de l’Electricité ne se limite pas au niveau national. Il existe aussi des plans de liaison électrique avec les pays voisins en vue de réaliser l’ambition de l’Egypte, qui est de devenir un hub d’énergie pour la région. Dans ce cadre, le ministre de l’Electricité a clarifié que « le secteur de l’électricité inclut dans sa stratégie les projets d’interconnexion électrique avec les pays du Maghreb et du Golfe arabe ainsi que la liaison bilatérale avec le Soudan, en plus de projets d’interconnexion avec d’autres pays africains ». Chaker a de plus annoncé, pour le 12 février, la mise en service préliminaire de la ligne entre l’Egypte et le Soudan, d’une capacité de 50 MW .
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