La croissance des PME en pourcentage du PIB est variable entre les pays arabes, mais elle demeure minime en comparaison à d’autres parties du monde. Dans les pays du Moyen-Orient et du Nord de l’Afrique, le taux est de 50 %. Ces chiffres varient d’un pays à l’autre et à l’intérieur même des pays. Par exemple, certaines estimations en Egypte disent que le taux est de 60 % alors que selon d’autres statistiques, il ne dépasse pas 30 %.
C’est ce que dit la 4e édition du rapport de développement arabe qui vient de paraître sous le titre « Les petites et moyennes entreprises dans les économies arabes : un nouveau rôle pour renforcer le développement durable ». Le rapport a été discuté lors d’une session récemment tenue à l’Institut national de planification par ses concepteurs, mais aussi par des économistes éminents et des chercheurs, qui se sont penchés sur ses résultats et les défis qui s’érigent face à l’épanouissement de ce secteur des affaires dans la région. Le rapport est pour la 4e année consécutive le fruit d’une collaboration entre l’Institut national de planification et l’Institut arabe de planification, basé au Koweït.
Si l’édition de cette année s’est focalisée sur les PME (Petites et Moyennes Entreprises), le choix n’est pas fortuit. En effet, les PME sont les moteurs du développement, surtout dans les économies émergentes et en développement. Elles se sont renforcées davantage avec l’agenda international de développement durable 2030, en étant des majeurs contributeurs aux PIB de ces pays et dans les exportations. En outre, leur contribution est importante dans la création d’emploi, la lutte contre la pauvreté et le renforcement des rôles des femmes et des jeunes dans les économies. Elles ont joué un rôle axial dans l’évolution des modèles de l’économie verte, les technologies intelligentes et digitales, les opérations d’innovation et de créativité et l’offre de nouveaux produits.
Dans cet esprit, « le rapport vise à cristalliser et à restructurer les rôles développementaux des PME dans les économies arabes à travers des modèles et des politiques soutenant la réalisation du développement arabe et de chaque pays, selon son degré de développement », dit le texte. Selon Badr Osman Mal Allah, directeur général de l’Institut arabe de planification, le rapport est une tentative d’apporter des réponses à la problématique de la contribution minime des PME dans le développement arabe. « La situation actuelle des PME justifie la raison essentielle derrière le recul du développement dans les pays arabes. Car en règle générale, ces projets représentent l’une des composantes essentielles des structures de production et d’emploi », affirme-t-il. Dr Ahmed Kamali, adjoint de la ministre égyptienne de la Planification Hala Al-Saïd, a pour sa part déclaré : « Le rapport apporte des alternatives pour traiter efficacement avec les PME et par conséquent, les problèmes d’emploi qui s’avèrent l’un des défis face à leur avancée. Le taux de chômage est de 15,4 % en moyenne dans les pays arabes, un taux des plus élevés dans le monde. Le nombre des chômeurs atteint par contre 19,8 millions selon le rapport arabe unifié en 2018 ».
Etude détaillée
Il existe un lien organique entre les quatre chapitres du rapport. Les deux premiers font le diagnostic de la situation dans la région. Le premier chapitre parle des aspects fondamentaux des PME dans les pays arabes. Le deuxième attaque les stratégies de développement dans les pays arabes et leurs impacts sur les PME. Le troisième aborde les expériences internationales des PME. Enfin, le modèle proposé pour promouvoir le rôle développemental des PME dans les économies arabes est inséré dans le 4e paragraphe. Le dossier des PME est associé dans cette région à trois problématiques : la multiplicité des définitions qui entravent non seulement l’évaluation correcte de ces projets, mais également leur essor, la carence des informations, des données et des études statistiques et l’informalité. « La main-d’oeuvre informelle constitue environ 60 % du total de la population active dans le monde arabe », selon le rapport. L’Algérie 39 %, l’Iraq 52 %, l’Egypte 59 % et Bahreïn 64 %. Les taux les plus bas ont été enregistrés par la Tunisie, 34 %.
Cinq pays arabes s’accaparent 86 % du total des PME oeuvrant légalement dans la région. L’Egypte dispose du taux le plus élevé avec 42,7 %, suivie par l’Arabie saoudite avec 13,7 %, l’Algérie vient au troisième rang avec 12,4 %, et puis la Tunisie et le Yémen avec 10,5 % et 7 % respectivement.
Le rapport a également fait une lecture sectorielle des activités de ces entités qui reflète d’importantes variétés. Par exemple, les activités sont concentrées dans les secteurs des services et du commerce à 82,8 % en Arabie saoudite, 82,1 % en Algérie, 84 % au Yémen, 90 % au Liban, 51,6 % en Jordanie et 88 % aux Emirats. Ces entités se concentrent dans les secteurs des services et des industries auxiliaires à 66,8 % en Tunisie, à 73 % en Palestine et dans le secteur du commerce à 55 % au Koweït. Alors que pour l’Egypte, elles sont intégrées à 91,0 % dans les secteurs des industries auxiliaires et du commerce.
Les experts ont aussi évoqué d’autres maux qui ont toujours fait couler beaucoup d’encre comme les problèmes de financement. Dans la région méditerranéenne, ce secteur n’attire que 9 % des crédits bancaires (1,2 % seulement des crédits bancaires en Egypte vont aux PME et 33 % au Maroc), des taxes et impôts, des problèmes institutionnels et juridiques. Ajoutons également les obstacles non financiers comme l’environnement des affaires, le manque d’expertise et de compétences et la hausse des taux d’inflation.
Pour conclure, a été mise en évidence la nécessité de promouvoir les activités des PME dans le cadre d’une meilleure fusion dans l’environnement régional et international par le biais de l’exportation et l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales et les clusters économiques. A travers son intervention via Skype, Dr Mahmoud Mohieddine, adjoint du directeur de la Banque mondiale, a déclaré que pour mieux intégrer l’environnement régional et international, il faut que les pays puissent accélérer leurs rythmes pour rattraper les changements mondiaux colossaux et rapides. Et ceci ne s’accomplira que par le biais de la « localisation » qui tirera profit d’un potentiel jusque-là inexploité qu’il a appelé les nouveaux agents de changements locaux. Parmi lesquels les jeunes, les femmes, les communautés locales et bien sûr les PME.
Lien court: