Le premier ministre égyptien rencontre Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI à Washington.
Le Fonds Monétaire International (FMI) a appelé les autorités égyptiennes à entreprendre de nouvelles réformes structurelles pour accélérer la croissance du PIB et atteindre l’objectif de 6 % de croissance d’ici la fin de l’exercice 2019-2020 et d’au-delà de 7 % dans les années à venir. Ces propos ont été tenus par Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale auprès du FMI, lors de la conférence de presse en ligne de ce dernier, tenue en marge des réunions annuelles 2019 du FMI et de la Banque Mondiale (BM). « Les futures réformes structurelles doivent promouvoir la croissance en créant des emplois, en stimulant la participation du secteur privé à l’économie et en renforçant la bonne gouvernance », a précisé Azour. « Nous devrons être très prudents au cours des années en cours pour atteindre la croissance visée du PIB à moyen terme, accélérer la croissance et tirer parti des opportunités d’investissement actuelles », a-t-il ajouté, assurant que l’Egypte était prête à attirer davantage d’Investissements Etrangers Directs (IED) à l’avenir, spécialement après la réalisation de plusieurs projets d’infrastructure.
Pour sa part, la ministre égyptienne de l’Investissement et de la Coopération internationale, Sahar Nasr, a déclaré que l’Egypte était en train de récolter les fruits de son programme de réforme économique et qu’elle maintenait sa position de première destination des IED en Afrique en 2018, en dépit d’une baisse de 41 % des flux d’IED mi-2018. Sahar Nasr a pris la parole lors de la session « Transformation économique sur les marchés numériques », tenue également en marge des réunions de la BM et du FMI, le lendemain des déclarations de Jihad Azour. La ministre a précisé que l’Egypte travaillait notamment à accroître les flux d’investissement en Afrique grâce à une collaboration dans les secteurs de l’infrastructure, des énergies renouvelables, des communications et des technologies de l’information, et ce, dans le cadre de la « Vision 2063 », qui vise à réaliser un développement économique et social inclusif. Elle a souligné que le pays cherche à s’intégrer davantage dans les chaînes de valeur mondiales et régionales des secteurs de l’automobile, des produits chimiques et de l’alimentation en renforçant sa compétitivité, augmentant ainsi les échanges commerciaux et générant plus d’emplois.
L’Egypte a été évoquée à plusieurs reprises lors des réunions des deux grandes institutions internationales, qui ont eu lieu à Washington entre les 14 et 20 octobre. Et ce, en raison de l’achèvement du programme de réforme économique entrepris par le pays et soutenu par le FMI. Ce programme de réforme était lié à un accord de financement de 12 milliards de dollars accordé par le FMI sur trois ans. Le programme, dont la mise en oeuvre avait commencé en novembre 2016, comportait la libéralisation du taux de change de la livre égyptienne, l’imposition de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) et la levée des subventions à l’énergie. L’objectif était de réduire le déficit budgétaire en diminuant les dépenses publiques, tout en augmentant les recettes fiscales.
Ces mesures de consolidation budgétaire avaient permis de redresser des finances publiques, mais avaient aussi mené à une hausse de l’inflation et à une baisse du pouvoir d’achat des Egyptiens. L’inflation annuelle avait atteint un niveau record de 33 % en juillet 2017. Elle a toutefois reculé plus rapidement que prévu au cours des derniers mois. En septembre 2019, l’inflation annuelle était de 4,8 %, contre 7,5 % en août. Azour a salué les progrès réalisés par l’Egypte en ce qui concerne ses indicateurs macroéconomiques, soulignant la baisse progressive du taux d’inflation, qui devrait continuer de diminuer d’ici la fin de l’exercice. « La forte baisse du taux d’inflation donne à la Banque Centrale d'Egypte (BCE) la possibilité de réduire les taux d’intérêt », a indiqué Azour, ajoutant que la situation financière du pays s’était sensiblement améliorée ainsi que ses relations extérieures et ses réserves en devises.
Une coopération à l’étude
La nouvelle directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a parlé de l’accord de financement accordé à l’Egypte, indiquant que le pays a effectivement utilisé le prêt de 12 milliards de dollars. « L’utilisation du prêt par l’Egypte a eu une incidence positive sur les indicateurs de l’économie dans le cadre d’un soutien important aux programmes de protection sociale », a dit Kristalina Georgieva. Elle a par ailleurs déclaré que l’Egypte était déterminée à poursuivre les réformes, soulignant que la réduction des subventions à l’énergie avait permis au gouvernement d’allouer plus d’argent aux secteurs de l’éducation, de la santé et du développement humain.
Georgieva a indiqué que le FMI étudiait actuellement la possibilité de renforcer sa coopération avec l’Egypte au cours de la prochaine période. Un communiqué de presse du premier ministre égyptien, Moustapha Madbouli, a également révélé que Kristalina Georgieva avait souligné, lors d’une réunion avec le premier ministre égyptien à Washington, la volonté du Fonds « de lancer un programme de coopération solide avec l’Egypte au cours de la période à venir afin de préserver les résultats obtenus dans le cadre du programme de réformes et de l’aider à effectuer les changements structurels ».
Tout en louant les efforts de l’Egypte au cours des trois dernières années, Georgieva a déclaré qu’il fallait redoubler d’efforts pour développer le capital humain du pays. La nature de la coopération future entre le FMI et l’Egypte n’a pas été précisée. En juin, le ministre égyptien des Finances, Mohamad Maeit, avait déclaré que le gouvernement était en pourparler avec le FMI afin de parvenir à un accord non financier. Plus tôt en octobre, Tareq Amer, gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte, a dit que le gouvernement et le FMI examinaient la question de savoir s’il existe un domaine de coopération. « Nous avons mené une réforme fiscale et suivi la réforme. Nous procédons maintenant à une réforme structurelle. Nous cherchons à savoir si le FMI peut aider en matière de réforme structurelle », avait dit Amer, ajoutant que l’Egypte continuerait à travailler avec le Fonds quelle que soit la nouvelle entente convenue. « Au minimum, il y aura une surveillance post-programme », avait-il déclaré.
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