A la lumière d’un recul de la croissance mondiale, d’un nationalisme économique grandissant, de guerres commerciales, de hausse du niveau de dettes et d’une mondialisation qui s’effrite, les investisseurs peuvent avoir l’excuse de porter un regard moins optimiste vers l’Egypte. Cependant, cela ne devrait pas être le cas, et ce, pour 3 bonnes raisons.
La première: le voisinage proche de l’Egypte ainsi que ses alliés du Golfe sont en train de changer le modèle de leurs économies. L’ancien modèle de dépendance de l’exportation pétrolière et de ses revenus est bel et bien révolu. L’Arabie saoudite manifeste un intérêt particulier à la restructuration pour créer un modèle plus durable, combinant industrie, finances et services. Un modèle que la plupart des pays du Golfe oeuvrent à façonner d’une manière ou d’une autre. Plus ces économies avanceront sur la voie de la normalisation, plus elles seront graduellement capables de comprendre l’importance vitale du commerce régional et de l’investissement. La région MENA présente le plus petit taux d’échange commercial si on la compare à n’importe quelle autre région au monde. Et ce, sans aucune raison valable, logistique ou géographique. Elle bénéficie d’un large potentiel de croissance, surtout avec une volonté politique qui donne une impulsion dans ce sens.
Deuxièmement: le commerce et l’investissement globaux sont le jeu d’hier. Les trois dernières décennies, à commencer depuis 1990, sont considérées comme le pic de la mondialisation en tant qu’orientation économique. La montée de la Chine, le flux des capitaux et la libéralisation du commerce ont offert une opportunité sans pareil aux entreprises et aux institutions financières d’intégrer un monde globalisé. La crise financière a déstabilisé maintes institutions financières, et les crises politiques, qui étaient en partie motivées par les processus de délocalisation de la production, ont rendu la poursuite de cette tendance inacceptable pour les décideurs politiques du monde occidental. Aujourd’hui, l’attention se tourne vers la valeur ajoutée au sein de l’économie domestique et, à titre sélectif, vers des business opérant dans des marchés où les profits et revenus sont vus clairement. Produire pour exporter demeure un dossier vital, mais la pente s’oriente plutôt vers la localisation. Ce qui vient soutenir l’opportunité offerte à l’Egypte d’intégrer le commerce régional. Les tarifs et les quotas internationaux réduiront la compétition dans certains marchés d’exportation ciblés par l’Egypte. Elle pourrait néanmoins devenir avantageuse grâce aux accords politiquement neutres et préférentiels avec des blocs commerciaux de taille, comme les Etats-Unis, la Chine, l’Union européenne et la Russie. Les relations avec ces grandes économies doivent se raffermir dorénavant.
Destination attrayante
pour les IED
Troisièmement: la nature diversifiée de l’économie égyptienne, son volume et sa démographie la rendent attrayante comme destination pour les Investissements Etrangers Directs (IED). Surtout dans un monde où il y a de nombreux défis pour les IED. Nous recevons chaque jour des informations sur des IED, sur de nouveaux soutiens financiers de la part d’institutions régionales et multilatérales ainsi que le lancement de nouvelles initiatives. A l’heure où l’Egypte est appelée à maintenir ses relations stratégiques avec ses alliés et partenaires, elle peut se féliciter de ce que ses caractéristiques structurelles fassent d’elle une destination fondamentalement attrayante en comparaison avec ses pairs.
Toutefois, une mise en garde : l’Egypte peut être pour les investisseurs étrangers un environnement stimulant en matière d’affaires. Le rapport publié par la Banque mondiale, Ease of Doing Business, classe l’Egypte au 120e rang sur 190 pays, et cette information n’est pas un secret. Les politiques sont encourageantes, mais les applications sur le terrain doivent être plus efficaces, plus efficientes. Les grandes entreprises qui travaillent dans les secteurs à forte intensité de capital peuvent gérer cette responsabilité. Les Petites et Moyennes Entreprises (PME), qui opèrent dans des secteurs offrant des emplois dans les services et les technologies, auront plus de difficulté. L’Egypte comprend bien que pour capitaliser sur l’opportunité unique qui se présente, elle a besoin de redoubler d’efforts. Les résultats en vaudront la peine.
L’auteur est éditeur consultant des conférences Euromoney, les opinions de cet article sont les siennes.
*Editeur consultant des conférences Euromoney
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