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Transferts des Egyptiens à l’étranger : Une manne, mais ...

Gilane Magdi, Mardi, 03 septembre 2019

Les transferts des Egyptiens à l'étranger sont en hausse, atteignant un pic de 3 milliards de dollars en mai dernier. Ils sont motivés en grande partie par l'investissement dans des projets immobiliers. La hausse risque toutefois de ne pas durer.

Transferts des Egyptiens à l’étranger : Une manne, mais ...
Les transferts des Egyptiens sont parmi les sources importantes du billet vert en Egypte. (Photo : Reuters)

Le montant des transferts effectués par les Egyptiens travaillant à l’étranger vers l’Egypte ne cesse d’augmenter, que ce soit mensuellement ou trimestriellement. Il a été de 3 milliards de dollars au mois de mai dernier, contre 2,1 milliards pendant le mois d’avril (soit une hausse de 42,8 %). Un chiffre qui dépasse les prévisions et calculs des analystes au sein des banques d’investissement. « Ce chiffre est vraiment très important, il dépasse largement nos estimations », indique Mona Bédeir, économiste senior au sein de la banque d’investissement Prime Holding.

Elle ajoute que les calculs sont faits sur une base trimestrielle : « J’avais prévu une hausse du montant des transferts des Egyptiens pour le dernier trimestre à 6,5 milliards de dollars. Le fait que les transferts ont atteint 5,1 milliards pendant les mois d’avril et de mai derniers signifie que le dernier trimestre de l’année 2018-2019 terminera sur une grande hausse dépassant nos estimations ». Selon le bulletin mensuel de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), le montant des transferts des Egyptiens ne cesse d’augmenter d’un trimestre à l’autre, passant de 5,9 milliards de dollars au premier trimestre de l’année 2018-2019 à 6,13 milliards au deuxième trimestre et à 6,16 milliards au troisième trimestre.

Deux causes principales sont à l’origine de la hausse du montant des transferts. Tout d’abord, la venue ou le retour des Egyptiens au pays pendant l’été. « D’habitude, les Egyptiens intensifient leurs transferts pendant les mois du dernier trimestre de l’année, qui représente la saison d’été. Certains veulent passer leurs vacances en Egypte avec leurs parents. D’autres ont terminé leurs contrats de travail à l’étranger et rentrent au pays avant la rentrée scolaire », note Mona Bédeir. La deuxième cause constitue la raison principale de l’importante hausse du montant des transferts pour Pacinthe Fahmy, membre au parlement et experte bancaire. « Le prix du dollar a incité les Egyptiens à transférer leurs capitaux pour investir dans les nouveaux projets immobiliers en Egypte, allant du projet de la Nouvelle Capitale administrative jusqu’aux projets de la Côte-Nord plutôt que de déposer leur argent à la banque », souligne-t-elle.

Transferts bientôt en baisse ?

Une tendance ascendante

Depuis novembre 2016, date de la libéralisation des taux de change en Egypte, les Egyptiens résidant à l’étranger ont largement augmenté leurs transferts de capitaux vers l’Egypte. C’est ce qu’indiquent les chiffres de la BCE, qui révèlent la hausse des transferts sur une base annuelle. Les transferts ont ainsi augmenté de 17,07 milliards de dollars en 2016-2017 à 21,81 mil­liards de dollars en 2017-2018 et à 26,3 milliards de dollars en 2018-2019 (voir graphique).

Malgré cette courbe ascendante, les estimations des analystes et des institutions internationales, telles que la Banque mondiale, avaient prévu le ralentissement de la crois­sance des chiffres des transferts, considérés comme une des sources principales de devises étrangères en Egypte, au cours de la période à venir. « La baisse continuelle des cours du pétrole, qui se situent au-dessous des estimations budgétaires dans les pays du Golfe comme les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite, va inciter ces pays à poursuivre leurs programmes de réforme fiscale, basés sur la réduc­tion des dépenses et l’augmentation des revenus. Cela se répercute sur les Egyptiens travaillant là-bas, puisque cela a pour effet de réduire leurs salaires et d’augmenter les tarifs imposés sur les transferts de capitaux », souligne Mona Bédeir.

Une prévision appuyée par la Banque mondiale dans son rapport intitulé « Migration et transferts », publié en 2018, en donnant l’exemple de l’Arabie saoudite. Cette dernière a pris, au cours des dernières années, des mesures visant à limiter le nombre d’étran­gers résidant dans le pays. « L’introduction d’une Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) de 5 % en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis a également fait aug­menter le coût de la vie pour les travailleurs expatriés. Cela peut influencer les transferts des fonds des pays du Golfe », indique le rap­port. Pour sa part, le président du département des Egyptiens tra­vaillant à l’étranger au sein de la Chambre de commerce du Caire, Hamdy Imam, avait déclaré au site électronique Mubasher que « le total des Egyptiens travaillant en Arabie saoudite, soit 2,9 millions selon les chiffres officiels, a baissé de 250 000 en 2018, après l’imposi­tion de ces frais ». De même, le Koweït vient d’approuver récem­ment un projet de loi pour imposer des taxes sur les transferts des fonds des étrangers vivant au Koweït.

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