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Revigorer l’économie

Marwa Hussein, Dimanche, 25 août 2019

La Banque Centrale d’Egypte (BCE) a baissé les taux directeurs pour la première fois depuis 6 mois, suite à la diminution du taux d'inflation. Cette baisse devrait non seulement encourager l'in­vestissement et la croissance, mais aussi avoir un effet positif sur la dette publique. Explications.

Revigorer l’économie
L'inflation a baissé malgré la hausse des prix des carburants, ce qui a permis de réduire les taux d'intérêt. (Photo:AFP)

L’Egypte a baissé les taux d’intérêt pour la première fois depuis 6 mois. Jeudi 22 août, la Banque Centrale d’Egypte (BCE) a réduit son taux d’intérêt directeur de 150 points de base, réduisant le taux de dépôt à 14,25% et celui de prêt à 15,25%, a annoncé la banque dans un communi­qué. La baisse du taux d’intérêt inter­vient dans un contexte de recul de l’inflation et de stabilité du taux de change de la livre face au dollar. « Les nouvelles données confirmant la modération des pressions inflation­nistes sous-jacentes, le comité des politiques monétaires (de la BCE) a décidé de réduire les taux directeurs de 150 points de base. Cela reste compatible avec l’objectif d’inflation de 9% (± 3 points de pourcentage) fixé pour le 4e trimestre 2020 et la stabilité des prix à moyen terme », souligne le communiqué de la BCE. L’inflation annuelle globale et l’infla­tion de base ont baissé, pour atteindre 8,7% et 5,9% en juillet 2019, soit les taux les plus bas en près de 4 ans. Et ce, « malgré les mesures d’assainisse­ment budgétaire récemment mises en oeuvre et qui ont permis de recouvrer les coûts pour la plupart des produits pétroliers », note la BCE.

L’Egypte vient de recevoir la der­nière tranche d'un prêt de 12 milliards de dollars en vertu d'un accord conclu avec le Fonds Monétaire International (FMI), lié à un programme de réforme économique qui vise surtout à réduire le déficit budgétaire. Conformément à ce programme, l’Egypte a libéralisé le taux de change de sa monnaie locale en 2016, introduit une taxe sur la valeur ajoutée et adopté un pro­gramme de réduction des subventions à l’énergie, dont la 4e phase a eu lieu en juillet. En conséquence, l’inflation avait atteint un sommet record de 33% en 2017. Cette hausse de l’infla­tion avait poussé la BCE à relever les taux d’intérêt et à adopter une poli­tique monétaire conservatrice. Peu après la dévaluation, la BCE avait fixé le taux d’intérêt à 20%, afin de contrer l’inflation, l’un des mandats principaux de la BCE. La baisse du taux d’inflation en juillet a eu lieu malgré la hausse des prix des carbu­rants entre 16 et 30% sur le marché local.

« La baisse est plus élevée que prévu, et sera bien accueillie par les marchés », souligne Mohamed Abu Basha, économiste en chef auprès de la banque d’investissement EFG-Hermes. « Une autre réduction d’en­viron 100 points de base encouragera les entreprises à commencer à inves­tir », précise-t-il. La baisse des taux d’intérêt est censée réduire le coût d’emprunt et encourager l’investisse­ment. Les analystes prévoient d’autres baisses des taux d’intérêt avant la fin de l’année. « Nous estimons néces­saire une deuxième réduction consé­cutive des taux directeurs pour mar­quer la reprise d’un cycle d’assou­plissement monétaire », indique une note de la banque d’investissement CI Capital, ajoutant qu’une réduction unique des taux d’intérêts jetterait de grands doutes en matière de perspec­tives économiques et décevrait les investisseurs locaux et mondiaux.

Objectif: Réduire la dette publique

D’autres baisses de 150 points de base sont possibles cette année et « ne devraient pas avoir d’incidence sur l’appétit étranger lié aux instruments du Trésor locaux », estime Radwa El-Swaify, responsable de la recherche chez Pharos Holding au Caire. Les étrangers réalisent des ren­dements « très lucratifs » en raison de la vigueur de la livre égyptienne face au dollar américain « et du niveau relativement faible de risque macroé­conomique en Egypte par rapport aux autres marchés émergents », déclare-t-elle.

En outre, la baisse des taux d’intérêt devrait avoir un effet positif sur la dette publique de l’Egypte, en dimi­nuant la hausse du service de la dette représenté dans le taux d’intérêt payé par le gouvernement sur les bons du Trésor. Il est prévu que le service de la dette augmentera de 6,7% dans le budget 2019-2020, une hausse très inférieure à celle des deux dernières années. L’objectif du gouvernement pour l’année serait de réduire la dette publique à 89% du PIB, contre 92,5% l’exercice passé. La dette publique avait atteint un niveau record de 108% du PIB en 2016-2017.

La baisse des taux d’intérêt en Egypte intervient dans un contexte de baisse des taux d’intérêt des marchés émergents dans le monde, qui vise à relancer les économies locales face aux craintes de récession et au fort ralentissement de l’économie mon­diale. Ainsi, les banques centrales des marchés émergents ont accéléré les baisses des taux d’intérêt en juillet. Selon Reuters, les mouvements de taux d’intérêt effectués par les banques centrales d’un groupe de 37 pays en développement ont entraîné le nombre le plus élevé de réduction des taux d’intérêt depuis mars 2015, y compris pour certains nouveaux venus inattendus, comme la Corée du Sud et la Serbie. La réserve fédérale américaine a également baissé, en juillet, les taux d’intérêt pour la pre­mière fois depuis plus de 10 ans.

Les principaux indicateurs écono­miques de l’Egypte ont connu une amélioration notable, surtout le taux de croissance. L’économie égyp­tienne devrait ainsi croître de 6,8 % par an au cours des 10 prochaines années, ce qui la placera au sommet de la liste des économies à plus forte croissance jusqu’en 2027, selon les prévisions de croissance du Centre pour le développement international de Harvard, publié en août. L’Egypte vient après l’Inde, qui occupe la pre­mière place, avec un taux de crois­sance de 7,89%, et l’Ouganda. Dans son dernier rapport sur l’Egypte, la Banque mondiale prévoyait que le PIB réel continuerait de croître pro­gressivement, pour atteindre 6 % d’ici l’exercice financier 2020-2021, contre 5,3% pour l’exercice 2017-2018. Le taux de croissance de l’Égypte au cours de la dernière année fiscale a été de 5,6%, soit le taux de croissance le plus élevé depuis des années, et considéré éga­lement comme l’un des taux de croissance les plus élevés au monde, selon le ministère des Finances ز

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