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Adieu au cash !

Amani Gamal El Din, Lundi, 27 mai 2019

Depuis le 1er mai, les Egyptiens doivent régler électroniquement les factures dues au gouvernement. Un pas important vers une collecte plus efficace de l’argent dû à l’Etat et le passage à une société numérique. Explications.

Adieu au cash !

La campagne de sensibilisation relative aux paiements électroniques des factures dues au gouvernement bat son plein. Les publicités sont omniprésentes à la télévision, sur les panneaux des ponts, dans la rue, même auprès des municipalités locales. Elles ont suivi la décision du gouvernement d’instaurer, à partir du 1er mai, le système de paiement électronique des factures dues au gouvernement. Et ce, conformément à la décision du ministère des Finances n° 269 de l’année 2018, qui stipule le versement des montants dus par le citoyen au gouvernement électroniquement, qu’il s’agisse de factures, d’impôts ou de taxes, taxes douanières incluses.

Selon la décision, les sommes concernées sont celles qui se situent entre 500 et 10000 L.E. « Cette décision intervient dans le cadre des décisions du Conseil national des paiements concernant le passage à une société numérique et du progrès réalisé sur la voie de l’inclusion financière », indique Mohamad Maeit, ministre des Finances. Le communiqué du ministère des Finances précise, par ailleurs, les moyens de paiement électronique utilisés: cartes salariales, cartes de crédit bancaires, cartes de comptes bancaires et cartes prépayées. Sans oublier les paiements en ligne.

Les craintes d’un possible chaos découlant de l’application sur le terrain d’un nouveau système sont moindres, d’autant plus que les infrastructures et la logistique nécessaires sont en place. Selon le communiqué gouvernemental, le ministère des Finances continue de développer le département des finances publiques, avec l’objectif d’améliorer la gestion des ressources et des dépenses. Le gouvernement a installé environ 1500 caisses électroniques au sein des entités gouvernementales, par exemple dans les bureaux des taxes immobilières, les administrations du trafic et les campus universitaires. Ces machines sont connectées au département du paiement et de la collecte électronique du ministère des Finances. « Nous avons une solide infrastructure capable de gérer ce changement, comme des réseaux de communication de bonne qualité, des banques bien équipées, les bureaux de la poste et les services en ligne », explique Mahmoud Gamal El Din, économiste et homme d’affaires.

Selon Maeit, toutes les procédures logistiques ont été menées à bien, et récemment, des stages ont eu lieu dans les municipalités des différents gouvernorats en collaboration avec l’institution financière e-Finance. Il s’agissait de stages pour le personnel responsable de l’exécution en lien avec le système de paiement électronique et de la gestion des caisses électroniques dans les départements de comptabilité et les bureaux du ministère des Finances auprès des municipalités. Au cours de ces stages, les responsabilités ont été clairement définies entre les départements de compatibilité et du budget au sein de l’appareil administratif et les unités municipales auprès des gouvernements locaux.

« Non seulement les paiements électroniques sont un pas important pour améliorer l’inclusion financière, mais ils permettent également de réduire les coûts de la trésorerie de l’Etat, comme le transfert de l’argent. Ils réduisent la corruption et le blanchiment des fonds. La numérisation des paiements permet en plus d’avoir un contrôle et un audit minutieux, d’autant plus que toutes les transactions sont effectuées avec clarté et que les détails sont enregistrés dès la réception des avis de paiement », explique Ayman Hadhoud, expert en investissement. Les paiements électroniques contribuent donc à améliorer les performances des finances publiques par le biais d’une gestion effective des flux monétaires. Le système facilite par ailleurs l’établissement d’une base de données centralisée relative aux revenus gouvernementaux et aide ainsi les preneurs de décision.

Un processus d’encaissement facilité

Mahmoud Gamal El Din explique les avantages du nouveau système: « Les résultats de la collecte d’argent au profit du gouvernement seront meilleurs. Auparavant, il y avait des retards et des fuites dans les paiements. En septembre dernier, les files d’attente devant les bâtiments des impôts immobiliers ont empêché la plupart du temps les contribuables de payer les sommes dues. Si l’option du paiement en ligne avait été disponible, le problème aurait été réglé ». Et d’ajouter que la numérisation améliore le cash flow. Avec l’ancien système, ce dernier était très lent et l’argent perdait ainsi de sa valeur. Gamal El Din poursuit que les revenus de l’Etat devraient connaître une hausse considérable et que, par conséquent, les lacunes financières et le déficit budgétaire devraient se rétrécir grâce à la facilité du processus d’encaissement.

La numérisation, c’est tout un système. Pour garantir un bon fonctionnement, il faut « un système interconnecté, qui assure la connexion entre une base de données numérisée des différents organismes et les systèmes de paiement. Si j’ai une propriété dans l’un des gouvernorats, je devais auparavant me rendre là-bas pour payer la taxe immobilière. Aujourd’hui, j’ai la possibilité de la payer sur place, au Caire », explique Mahmoud Gamal El Din, tout en assurant que les bases de données et les factures ont été en partie établies et que le gouvernement déploie un grand effort.

Un récent communiqué du ministre des Finances confirme cela, indiquant que 11,5 millions de factures électroniques ont été établies ainsi que 770000 avis d’imposition de la TVA. Le communiqué ajoute que le ministère des Finances collabore avec une multinationale spécialisée dans le but de finaliser la numérisation des avis d’imposition fiscale de toutes sortes. Il faudra toutefois attendre encore quelque temps avant que les transactions de tous les organismes ne puissent se faire électroniquement. « A l’Organisme des investissements, cela n’est pas encore le cas », indique Waël Abdel-Wahab, avocat, en guise d’exemple.

Il faudra évaluer l’efficacité du système sur une période d’au moins six mois pour identifier les éventuelles lacunes. « Il faut voir comment les gens réagissent aux caisses électroniques, comment cela se passe dans les départements financiers, pour l’établissement des factures, etc. Il faudra aussi faire des évaluations conformément à des critères quantitatifs spécifiques, notamment le nombre de transactions effectuées, le nombre de transferts à partir de comptes bancaires, la nature des problèmes que les agents responsables des caisses électroniques ont détectés, ou le nombre de factures fiscales communiquées et par quels canaux— en ligne, par sms ou par téléphone — parmi d’autres », conclut Hadhoud.

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