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Electricité : une décision difficile mais impérative

Marwa Hussein , Lundi, 27 mai 2019

A partir de juillet prochain, les Egyptiens payeront en moyenne 15% en plus sur leurs factures d’électricité. La hausse décidée par le gouvernement est impérative pour réduire le déficit budgétaire.

Electricité : une décision difficile mais impérative
Les tarifs de l'électricité pour les ménages ont augmenté de 20 %, tandis que les secteurs industriels ont connu une hausse de 10 %. (Photo:Reuters)

Les tarifs de l’électricité augmenteront de 14,9% en moyenne à partir du 1er juillet. Il s’agit de la quatrième hausse annuelle des tarifs, dans le cadre du plan du gouvernement de réduire progressivement la facture des subventions à l’énergie. Le ministère de l’Electricité a annoncé, lors d’une conférence de presse, les nouveaux tarifs pour les différentes tranches de consommation des ménages ainsi que pour les secteurs industriels et commerciaux. « L’augmentation moyenne des prix de l’électricité haute tension, généralement utilisée dans les usines de sidérurgie, sera d’environ 10%, tandis que le prix de l’électricité basse tension utilisée dans les maisons et les entreprises commerciales augmentera d’environ 19 % », a déclaré le ministre de l’Electricité, Mohamad Chaker, qui a précisé que les subventions à l’électricité seront complètement supprimées d’ici juin 2022. Le gouvernement s’est engagé à réduire les subventions à l’énergie dans le cadre d’un programme de réformes économiques, lié à un accord de financement de 12 milliards de dollars sur trois ans, signé en 2016 avec le Fonds Monétaire International (FMI). « C’est la quatrième série de révisions des tarifs de l’électricité depuis le lancement du programme de réformes de l’Egypte appuyé par le FMI. Le gouvernement a augmenté les tarifs de l’électricité de 40% en juillet 2016, de 47% en 2017 et de 35% en 2018, en moyenne », a détaillé, dans un rapport, la banque d’investissement Beltone. Les tarifs de consommation des ménages ont augmenté de 20 % en moyenne. La tranche de consommation la plus basse, inférieure à 50 kWh par mois, est passée de 22 à 30 piastres/kilowatt heure (kWh), soit une hausse de 36,3 %, tandis que la troisième tranche de consommation entre 0 et 200 kWh par mois a connu la hausse la plus importante avec 38,8%, les tarifs passant de 36 à 50 piastres/kWh.

Parmi les sept tranches de consommation, celle-ci compte le nombre de consommateurs le plus élevé, avec 36% des abonnés. « Les prix, pour les tranches de consommation supérieures à 1 000 kWh, restent à 1,45 L.E./kWh, car elles paient déjà plus que le coût de production, qui est de 1,22 L.E./kWh », souligne le rapport de Beltone.

Les tarifs pour le secteur commercial ont augmenté de 14 % en moyenne, tandis que les secteurs industriels, y compris les secteurs à forte consommation énergétique tels que l’acier, ont connu une augmentation de 10%. « Le prix moyen de l’électricité est de 96,1 piastres, alors que le coût de production de l’électricité basse tension est de 115,2 piastres/kWh », a dit Mohamad Chaker. « L’augmentation globale est donc de 15%, ce qui est inférieur à notre estimation de 20 % », selon Beltone.

Le ministre a révélé que la consommation des ménages représentait environ 42,1% de la consommation totale d’électricité de l’Egypte, tandis que les utilisations industrielles représentaient environ 27,9 %. Lors de la conférence de presse, Chaker a déclaré que « les usines supporteront un coût plus élevé pour moins alourdir la facture des ménages », ajoutant qu’il n’y a pas d’autre solution. « Les prix sont encore subventionnés pour la grande majorité des consommateurs, à l’exception des tranches de consommation les plus élevées », explique-t-il.

Baisse du déficit budgétaire

Le plan de réduction des subventions à l’électricité, et de l’énergie en général, vise à réduire le déficit budgétaire. Selon le budget 2019-2020, approuvé par le cabinet des ministres, le gouvernement entend réduire le déficit budgétaire à 7,2 % du PIB, contre les 8,4 % prévus pour 2018-2019. Le déficit budgétaire de l’Egypte avait baissé pour l’exercice 2017-2018 en dessous de 10% pour la première fois depuis 6 ans. La hausse des tarifs de l’électricité devrait permettre, selon Beltone, d’économiser 16 milliards de L.E. de la facture de subvention au cours de l’exercice 2019-2020 qui commence en juillet prochain. Le ministère des Finances a dit qu’il soutenait toujours le secteur de l’électricité à hauteur de 16,5 milliards de L.E. au cours de l’exercice 2019-2020. « Le gouvernement s’attend à une réduction d’environ 50% de l’allocation de subventions à l’électricité de 16,5 milliards de L.E. par rapport aux 33,5 milliards de L.E. de l’exercice 2018-2019 », a dit Beltone, précisant que les subventions à l’électricité représentent 15% de la facture de la subvention des produits (carburants et produits alimentaires).

La banque d’investissement Beltone prévoit que l’augmentation moyenne de 20% des tarifs pour les tranches de consommation des ménages permettra d’économiser, à elle seule, environ 9,1 milliards de L.E. sur la facture de subvention aux ménages au cours de l’exercice 2019-2020, vu que les ménages représentent 42% de la consommation de l’électricité. Le ministre de l’Electricité a déclaré que les nouveaux tarifs étaient basés sur le taux de change du dollar de 17,5 L.E. et un prix du gaz naturel de 3 dollars par million d’unités thermiques. « La hausse des prix du gaz naturel ou du taux de change de la livre par rapport au dollar aurait dû élever les tarifs de l’électricité », a insinué Mohamad Chaker.

La hausse des prix de l’électricité aura un effet léger sur l’inflation, selon Beltone. La banque d’investissement prévoit une hausse de l’inflation annuelle de 2,5 à 3,5 % tout au long du troisième trimestre de 2019, sous l’effet du quatrième cycle de réduction des subventions aux carburants et à l’électricité et de la troisième hausse du prix de l’eau. « Nous prévoyons une inflation moyenne de 13,7% au deuxième semestre de 2019, presque inchangée par rapport à la moyenne de 13,3 % pour le premier semestre. Cela dit, nous pensons que l’inflation restera dans la zone cible de la Banque Centrale ». Cette dernière a gardé les taux d’intérêt directeurs inchangés lors de la réunion du comité des politiques monétaires le 23 mai, deux jours après l’annonce des nouveaux prix, faite dans l’objectif de contenir l’inflation .

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