Le gouvernement égyptien presse le pas pour mettre en oeuvre le Programme d’introduction en Bourse (IPO) de 23 entreprises publiques. Celui-ci a été reporté plusieurs fois en raison du repli de la Bourse égyptienne. La semaine dernière, le premier ministre, Moustapha Madbouli, a tenu une réunion avec plusieurs dirigeants du marché financier, notamment le ministre des Affaires publiques, Hesham Tawfik, le ministre des Finances, Mohamad Maeit, et le président de la Bourse égyptienne, Mohamad Farid. Elle avait pour objectif de définir les moyens de raviver la Bourse égyptienne. « La tenue de cette réunion montre que le gouvernement est préoccupé par la situation actuelle de la Bourse égyptienne. Le gouvernement veut poursuivre l’introduction en Bourse de ses entreprises publiques au moment où la Bourse souffre d’une baisse du niveau de liquidités et de problèmes structurels qui entravent la réalisation de l’objectif gouvernemental », indique Issa Fathi Issa, vice-président du département des titres financiers au sein de l’Union des Chambres de commerce, tout en soulignant l’importance de mesures permettant de venir à bout de ces entraves.
D’après le communiqué de presse publié par la Bourse égyptienne le 13 mai, les participants à la réunion ont examiné un projet de loi réglementant la mise en oeuvre de dispositions relatives à l’annulation de la vente de plusieurs sociétés gouvernementales, approuvée par le parlement, ce qui devrait contribuer à accélérer le règlement des différends entre plusieurs sociétés appartenant à l’Etat et cotées en Bourse ainsi que préserver le droit de l’investisseur. Ils ont par ailleurs abordé les moyens d’accroître l’efficacité du marché des capitaux en réduisant le coût des transactions. « A l’issue de la réunion, l’Association égyptienne des titres financiers (ECMA) s’est mise d’accord avec le ministère des Finances sur la mise en place de plusieurs propositions, dont la plus importante concerne la fixation du droit de timbre, imposé sur les transactions d’achat et de vente des titres financiers », a déclaré Mohamad Maher, président de l’ECMA, qui a assisté à la réunion ministérielle.
En 2017, le ministère des Finances avait instauré le droit de timbre sur les transactions boursières à 1,25 L.E. pour chaque bloc de transaction de 1 000 L.E. pour la première année fiscale, à 1,5 L.E. pour la deuxième année et à 1,75 L.E. pour la troisième année, qui débutera en juillet. « Le ministère des Finances a annoncé la préparation d’un projet de loi qui consiste à maintenir le droit de timbre à 1,5 L.E. et à annuler la hausse prévue en juillet prochain. L’objectif est d’alléger le fardeau financier des opérateurs en Bourse et de soutenir l’activité du marché boursier égyptien », indique un communiqué de presse publié récemment sur le site du ministère des Finances.
Issa Fathi salue cette proposition, qu’il considère comme une bouée de sauvetage pour la Bourse égyptienne à court terme. « D’après la proposition actuelle, le droit de timbre sera aussi imposé sur les bénéfices que l’investisseur réalise en 3 mois. Par exemple, si le bénéfice de l’investisseur est de 15 000 L.E. et que le calcul du droit de timbre est de 10 000 L.E, cette somme sera déduite du bénéfice. Le plus important est que l’investisseur paie l’impôt sur ses bénéfices et non pas sur son capital, comme c’était le cas auparavant », note-t-il. Et d’ajouter que cet impôt a constitué un obstacle majeur, entraînant la hausse du coût des transactions et la baisse des liquidités en Bourse durant les deux dernières années. « L’investisseur était obligé de payer 3 L.E. pour chaque 1 000 L.E. de transaction dans chaque séance — 1,5 L.E. pour l’achat et 1,5 L.E. pour la vente — sans oublier les primes des maisons de courtage et de la société de Misr Leasing », précise Fathi.
Amendements et reports
Au cours des deux dernières années, la Bourse égyptienne est passée par une phase de fluctuation de ses indices boursiers qui étaient dans le rouge la plus grande partie du temps, et de baisse du niveau de liquidités quotidiennes, qui variaient entre 200 000 et 600 000 L.E., contre 1,5 million auparavant. Cette situation a incité le gouvernement à reporter le lancement du programme gouvernemental d’IPO, conçu en 2016 (voir encadré).
D’après le plan gouvernemental annoncé en détail l’année dernière par le ministre du Secteur public des affaires, Hesham Tawfik, des parts supplémentaires de 5 entreprises auraient dû être émises durant le dernier trimestre 2018, dans le cadre de la première phase du programme : l’entreprise Héliopolis pour le logement et l’urbanisation et la société de tabac Eastern Compagny en octobre 2018, Alexandrie pour l’échange des containers et Alexandria Mineral Oils (Amoc) en novembre 2018, et enfin, la Compagnie d’engrais Abu Qir Fertilizers and Chemical Industries en décembre. Jusqu’à présent, cela n’a été fait que pour 4,5 % d’Eastern Company au début du mois de mars, dont 4,275 % dans le cadre d’une souscription privée et 0,225 % dans le cadre d’une souscription publique.
Tawfik a ensuite annoncé l’amendement du programme, en excluant deux entreprises de la première phase. « Nous avons décidé de ne pas émettre de part supplémentaire pour les sociétés Héliopolis pour le logement et l’urbanisation et Amoc ». Et d’ajouter que la première phase comprendra les sociétés Abu Qir Fertilizers and Chemical Industries et Alexandrie pour l’échange des containers
« Les parts supplémentaires de ces sociétés seront émises en Bourse avant le petit Baïram. Le programme sera ensuite stoppé pendant l’été, en raison de la baisse de liquidités et de la faiblesse des échanges pendant cette saison », assure-t-il. Tawfiq indique que les souscriptions pour ces deux sociétés s’effectueront de la même manière que celle d’Eastern Company, soit en ciblant les investisseurs stratégiques étrangers.
L’exclusion de la société Héliopolis pour le logement et l’urbanisation est notamment due à sa mauvaise performance financière. D’après une lettre envoyée par la société à la Bourse égyptienne le 30 avril, les profits nets de l’entreprise ont reculé de 67,1 % pendant les 9 premiers mois de l’année fiscale 2018-2019, affichant 39,6 millions de L.E., contre 120,5 millions durant la même période de l’année fiscale 2017-2018. Le ministre du Secteur public des affaires a par ailleurs annoncé, en marge d’une réunion tenue par la Chambre de commerce américaine, qu’il étudiait, avec le comité ministériel responsable du programme d’IPO, deux possibilités : le report de l’émission de la société au 4e trimestre de cette année, dans le cadre de la deuxième phase du programme, et l’annulation de la vente de l’entreprise.
Quant à Enppi, considérée comme le « champion » du programme, Tawfik a déclaré qu’elle pourrait faire partie de la deuxième phase du programme, avec deux sociétés minières ainsi que e-finance. « La liste finale des entreprises à introduire en Bourse dans la deuxième phase sera annoncée au cours du mois de septembre », a fait savoir Tawfik.
Le gouvernement envisage aussi l’introduction en Bourse de la Banque du Caire, reportée plusieurs fois. « Il est prévu d’émettre une part de 20 % à 30 % de la Banque du Caire d’ici la fin de l’année », a ainsi annoncé le gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), Tareq Amer. Le PDG de la Banque du Caire, Tareq Fayed, a, quant à lui, souligné l’importance de l’opération. « L’émission de la Banque du Caire sera la plus grande de l’histoire de la Bourse égyptienne. Il est prévu que la recette atteindra 400 millions de dollars », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
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