
La présidence égyptienne de l'Union africaine ouvre la voie au succès de l'initiative chinoise.
Pour sa sixième visite en Chine depuis son arrivée au pouvoir, le président de la République, Abdel-Fattah Al-Sissi, arrive ce mercredi à Beijing pour assister au second Forum international de La Ceinture et la Route. Celui-ci se tient du 25 au 27 avril pour la deuxième année consécutive. « Les chefs d’Etat et de gouvernement de 37 pays, dont l’Egypte, participeront au forum. Il y aura cette année une table ronde le dernier jour du forum », a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, lors d’une conférence de presse tenue le vendredi 19 avril, pour annoncer les détails de cet événement très important.
Et d’ajouter que 126 pays et 29 organisations internationales ont signé avec la Chine un mémorandum de coopération pour la Ceinture et la Route. « Le sommet réunira des représentants de plus de 150 pays, le président du Fonds Monétaire International (FMI) et le secrétaire général des Nations-Unies », indique Wang Yi. 12 ateliers de travail seront organisés le premier jour du forum (le 25 avril). « Il y aura aussi la conférence des directeurs exécutifs des entreprises qui chercheront les moyens de renforcer la coopération entre eux et de fournir aux sociétés dans les pays situés sur la route de la soie une plateforme commerciale et de coopération », ajoute Wang Yi. Lancée en 2013 par le président Xi Jinping, l’initiative La Ceinture et la Route vise à lier la Chine au Proche-Orient, à l’Afrique et à l’Europe par route ou par voies maritimes (voir encadré).
Le niveau de participation cette année pourrait être inférieur à celui de l’année dernière. « Certains pays ont exprimé des réserves concernant le financement des projets mis en oeuvre dans le cadre de l’initiative », explique à l’Hebdo Ahmad Qandil, expert des affaires asiatiques au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Et d’ajouter : « Ces réserves sont dues au fait que les projets mis en place dans le cadre de l’initiative seront financés à travers des crédits octroyés par la Chine à des taux d’intérêt très bas et non pas à travers des dons comme il était prévu initialement. Or, certains pays en développement craignent ne pas pouvoir rembourser ces dettes à l’avenir », souligne-t-il. Wang Yi a pourtant annoncé, lors de la conférence de presse, que « l’initiative de la Ceinture et la Route proposée par la Chine n’est ni un outil géopolitique, ni un piège pour que les pays participants s’endettent. C’est une plateforme de coopération ».
Egypte-Chine,
des relations très fortes
Trois ans après son adhésion à La Ceinture et la Route, l’Egypte est un acteur incontournable de l’initiative chinoise grâce à sa position géographique au carrefour de trois continents. Ce rôle est devenu très important, notamment après son élection à la tête de l’Union africaine. « L’Egypte est le point de convergence des routes terrestres et maritimes de la soie. Par conséquent, les projets mis en oeuvre par l’Egypte, comme le Nouveau Canal de Suez et la zone économique du Canal de Suez, sont essentiels pour l’initiative », note Ahmad Qandil. Et d’ajouter que l’influence de l’Egypte, élue présidente de l’Union africaine pour l’année 2019, va prendre de l’ampleur au cours de la période à venir : « La présidence égyptienne de l’Union africaine ouvre la voie au succès de l’initiative. La coopération entre l’Egypte et la Chine est un pilier essentiel de la coopération sino-africaine, car l’Egypte est liée aux pays africains par plusieurs accords commerciaux », renchérit Qandil. La Chine insiste beaucoup sur l’importance du continent africain et le rôle primordial de l’Egypte dans ce projet mondial. « La Chine est prête à renforcer sa coordination avec l’Egypte, qui préside l’Union africaine en 2019, afin de promouvoir conjointement le développement en Afrique », a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lu Kang, le 4 janvier 2019.
Les relations entre la Chine et l’Egypte sont en pleine ascension depuis 2014, avant même l’adhésion officielle du pays à l’initiative de La Ceinture et la Route en janvier 2016.
Un article publié le 4 avril par le quotidien chinois China Daily, souligne les profits que réalisera l’Egypte de son adhésion à cette initiative. « L’initiative de La Ceinture et la Route contribuera certes au développement de l’Egypte par le biais de vastes projets d’infrastructure dans divers domaines (construction, énergie, transports, commerce et industrie) », explique le quotidien. Il énumère les projets qui seront mis en place dans ce contexte dans divers domaines, notamment dans la zone économique du Canal de Suez.
Le promoteur industriel chinois est en train de développer, en ce moment, une région de 7,23 km2 dans la zone économique du Canal de Suez (SC Zone) dans le district de Al-Aïn Al-Sokhna, dans la province de Suez. L’année dernière, 3 entreprises chinoises avaient signé des contrats pour mettre en place 3 projets importants dans la zone industrielle égypto-chinoise, TEDA-Suez située à Al-Aïn Al-Sokhna. Il s’agit de la création d’une zone industrielle textile, d’une usine de plâtre et d’une usine de matières premières textiles. Le montant de l’investissement s’élève à un milliard de dollars. Autres projets : la construction d’un train pour relier la Nouvelle Capitale administrative à d’autres villes environnantes situées à la périphérie du Caire. Ce projet est exécuté par une plateforme de sociétés chinoises formée de AVIC International et China Railway Group Limited. D’autres accords de partenariat pourraient être signés entre la Chine et l’Egypte. « A la lumière de l’initiative de La Ceinture et la Route, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Egypte ont atteint le chiffre record de 13,87 milliards de dollars en 2018. Les exportations égyptiennes vers la Chine ont atteint, elles, 1,8 milliard de dollars pour la première fois », a souligné Han Bing, ministre conseiller aux Affaires économiques de l’ambassade de Chine au Caire.
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