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Une nouvelle bonne note pour l’Egypte

Amani Gamal El Din, Lundi, 15 avril 2019

Le rapport des experts du Fonds Monétaire International (FMI) sur l’Egypte, qui vient de paraître, salue les acquis macroéconomiques de cette dernière. Décryptage.

Une nouvelle bonne note pour l’Egypte
La levée des subventions sur l'essence n'impactera pas l'inflation. (Photo:Reuters)

Les experts du Fonds Monétaire International (FMI) ont publié le 4e Staff Report — rapport évaluant la performance de l’économie égyptienne— quelques jours avant le rendez-vous des ministres des Finances et des gouverneurs des Banques Centrales du monde aux réunions du printemps de la Banque mondiale et du FMI à Washington. De manière générale, le rapport attribue une bonne note à l’économie égyptienne, malgré les conditions globales moins favorables. « Les indicateurs macroéconomiques de l’Egypte ont connu une amélioration depuis l’application du programme de réforme par les autorités égyptiennes en novembre 2016.

La libéralisation de la livre égyptienne, les politiques monétaires prudentes et les politiques de consolidation fiscales ambitieuses ont contribué à stabiliser l’environnement macroéconomique », indique le préambule du rapport. Selon le Staff Report, le taux de croissance a augmenté, atteignant 5,5% du PIB en 2018-2019, et il est prévu qu’il atteigne 6% sur le moyen terme, malgré l’incertitude de la conjoncture globale.

Le déficit fiscal a été comblé, les réserves en devises étrangères atteignent 44,4 milliards de dollars et les épargnes fiscales ont été partiellement réorientées pour promouvoir les politiques de protection sociale à l’égard des couches défavorisées de la population. Le taux de croissance du PIB est passé de 4,2 % en 2016-2017 à 5,3% en 2017-2018, soutenu par la reprise des exportations nettes et de l’investissement, qui ont compensé l’affaiblissement de la consommation domestique.

Le Staff Report note par ailleurs que le budget 2018-2019 prévoit un surplus primaire de 2% du PIB, ce qui permettrait de finaliser le programme d’ajustement fiscal de trois ans, dont le but est d’obtenir des recettes fiscales à hauteur de 5,5 % du PIB. « Le déficit budgétaire devrait passer de 9,8% du PIB en 2017-2018 à 8,3 % en 2018-2019 », indique-t-il.

En effet, le ministre des Finances, Mohamad Maeit, a annoncé, dans un communiqué de presse publié le 19 mars, que pour la première fois, on avait réalisé un surplus primaire de 21 milliards de L.E. Maeit, à l’unisson avec les experts, a déclaré qu’il prévoyait un surplus primaire de 2% du PIB pour 2019-2020 et une réduction du déficit budgétaire au cours de la même année fiscale, à 7,2% du PIB.

Cette consolidation, selon le rapport, a été accomplie en partie grâce à une réduction de la facture des subventions à l’énergie de 1,4% du PIB, dont 0,9% sont des réductions concernant les carburants. Le gouvernement égyptien avait approuvé, en juin 2018, un nouveau mécanisme de tarification de l’essence, qui devait être initialement appliqué avant la fin décembre. Une source officielle qui avait requis l’anonymat avait indiqué à l’agence de presse financière américaine Bloomberg que le FMI avait insisté sur la fixation d’une date pour la mise en oeuvre de ce mécanisme avant le versement de la 5e tranche d’un prêt de 12 milliards de dollars, qui a été reporté d’un mois, jusqu’à fin janvier 2019.

Le gouvernement a mis en place le mécanisme d’indexation du prix de l’essence octane 95, non subventionné, en mars. Il a ensuite annoncé dans un communiqué officiel que le prix initial de7,7 L.E. n’avait pas bougé. Le mécanisme est actuellement en révision et son application a été reportée au troisième trimestre 2019, c’est-à-dire à début juillet 2019. Le gouvernement a également prévu d’annoncer ce mécanisme pour d’autres types d’essence en juin, avec l’objectif de le mettre en oeuvre en septembre. Selon le rapport, le mécanisme d’indexation automatique de l’essence est vital pour garantir le recouvrement des coûts et empêcher l’accroissement du déficit budgétaire.

La levée des subventions à l’énergie et la consolidation fiscale ont contribué à améliorer la gestion des finances publiques. Le gouvernement a aussi décidé une hausse des salaires des employés du secteur public et des pensions de retraite à partir de juillet, qui lui coûtera près de 60 milliards de L.E. Un rapport publié par la banque d’investissement Beltone Financial estime que cette amélioration des grilles salariales et des pensions de retraite n’affectera pas les objectifs de réduction du déficit budgétaire. Toutefois, le Staff Report souligne la nécessité de soumettre à une évaluation rigoureuse les impacts de la redistribution des dépenses publiques. Si les analystes de Beltone Financial ont revu à la baisse les dépenses publiques, soit de 6%, pour les chiffrer à 1,43 trillion de L.E. pour 2018-2019, leurs projections pour 2019-2020 sont plus optimistes, puisqu’elles se situent à 1,56 trillion de L.E. Des estimations en ligne avec celles du FMI et de la Banque Centrale d’Egypte (BCE).

Pressions inflationnistes limitées

Malgré la levée des subventions, les risques inflationnistes devraient être minimes. Un communiqué officiel de la BCE indique que le taux d’inflation général était de 14,2% en mars, contre 14,4 % au mois de février. « Les futures pressions inflationnistes seront temporaires et saisonnières à cause de la volatilité des prix des denrées alimentaires. En moyenne, l’inflation affichera une courbe décélérée. Nous avons revu les prévisions relatives au taux d’inflation, qui étaient de 15,6 % pour l’année fiscale 2018-2019, et les avons ramenées à 14,6 % », indique Alyaa Mamdouh, analyste en chef auprès de la banque d’investissement Beltone Financial. Et de poursuivre que le taux d’inflation pour l’année fiscale 2019-2020 dépendra de la hausse des prix des carburants. On s’attend toutefois à ce qu’il baisse à 13,5 % pendant l’année fiscale 2019-2020. « La baisse interviendra en effet de facto, parce que la hausse des prix ne sera pas de la même acuité qu’au début de la levée des subventions. Le taux qui reste à couper est minime et les pressions inflationnistes seront limitées. Le marché se trouve actuellement en état d’ajustement », souligne-t-elle.

Preuve en est que les prévisions de la BCE et du FMI se situent aux alentours de 13% pour l’année fiscale 2019-2020. Selon la délégation du FMI, pour régler la volatilité des prix des denrées alimentaires, le gouvernement égyptien entreprend des mesures pour remédier aux problèmes d’approvisionnement en améliorant la logistique et les infrastructures de transports.

Alyaa Mamdouh affirme que pour préserver les acquis macroéconomiques, il est nécessaire de maintenir la flexibilité du taux de change et une politique monétaire prudente. Un avis aligné sur celui du FMI, qui soutient une politique monétaire restrictive jusqu’à ce que la pente de désinflation soit atteinte.

Les experts ont aussi apporté une recommandation liée à la dette. Le surplus fiscal primaire, les indicateurs de croissance élevés et la politique monétaire prudente permettront un ratio de la dette en pourcentage du PIB à la baisse à moyen terme. Le gouvernement prévoit une baisse de la dette à 86% du PIB en 2018-2019 et à 71 % du PIB en 2023-2024. Le rapport indique qu’à long terme, la dette devra baisser davantage pour garantir une situation économique durable.

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