Uber et Careem attendent à présent la décision de l'Organisme de lutte contre le monopole pour conclure la transaction en Egypte.
Une nouvelle est venue bouleverser le marché des transports au Moyen-Orient, mais aussi en Europe : mardi 26 mars, la société américaine de Voitures de Transport avec Chauffeurs (VTC) Uber a annoncé l’achat de son concurrent établi à Dubaï, Careem, pour 3,1 milliards de dollars (2,7 milliards d’euros). « Uber devra débourser 1,4 milliard de dollars en espèces et 1,7 milliard en titres convertibles sous forme d’actions de la société américaine », a noté le communiqué de presse publié par Careem le jour de l’annonce de l’opération, en ajoutant que celle-ci devrait être finalisée d’ici au premier trimestre 2020.
D’après l’accord d’acquisition conclu entre les deux parties, Careem continuera de fonctionner sous sa propre marque en tant que filiale d’Uber et d’être dirigée par ses fondateurs et son PDG Mudassir Sheikha. « Garder la marque et les opérations de Careem a l’avantage de nous permettre de lancer de nouveaux produits et d’essayer de nouvelles idées à travers non pas une, mais deux marques fortes », a indiqué la directrice générale de la société américaine, Dara Khosrowshahi, dans un mail envoyé aux employés d’Uber et publié par la chaîne américaine CNN Business.
Créée en 2012 aux Emirats arabes unis, l’entreprise Careem est considérée comme l’un des rares succès dans le domaine technologique au Moyen-Orient. Selon CNN Business, la valeur de Careem était de près de 2 milliards de dollars l’année dernière, et la société comptait 33 millions de clients et 1,2 million de chauffeurs, répartis dans 98 villes, du Maroc au Pakistan, en passant par des marchés importants comme l’Egypte et l’Arabie saoudite. La présence locale de Careem est plus importante que celle d’Uber dans la région du Moyen-Orient, où Uber propose ses services dans 23 villes. « Careem a utilisé l’avantage d’une bonne connaissance de l’environnement de cette région, qui s’étend du Maroc jusqu’en Asie. La société a ainsi rendu la vie difficile à Uber depuis l’entrée de la société américaine sur le marché du Moyen-Orient en 2013 », selon l’analyse de CNN Business.
Jusqu’à présent, Uber et Careem se livraient une concurrence féroce dans la région du Moyen-Orient. Les services proposés vont du taxi au bus, en passant par les services de livraison à domicile. Selon CNN Business, il s’agit de la plus grande acquisition d’une société moyen-orientale dans le domaine du transport technologique.
Cette acquisition permet à Uber de « renforcer sa position dominante » sur un marché en pleine expansion. Les responsables d’Uber, toujours selon la chaîne américaine, se préparent à effectuer une Offre publique initiale (IPO), qui devrait avoir lieu dans le courant de l’année. Par ailleurs, l’union d’Uber et de Careem donnera à Uber une position dominante dans la région du Moyen-Orient et pourrait aider la société américaine à réduire ses pertes. L’achat de Careem marque en outre « un tournant dans la stratégie » d’Uber, remarque le Wall Street Journal. Ces dernières années, Uber a, en effet, renoncé à ses activités en Chine, en Russie et en Asie du sud-est, où le groupe faisait face à une vive concurrence.
En attente d’autorisation en Egypte
Malgré l’importance de cette transaction au niveau mondial, elle a suscité en Egypte des interrogations quant à son impact sur le marché. On craint notamment les pratiques monopolistiques en raison de l’absence de concurrence. Ainsi, le président de l’Association des citoyens contre la cherté des prix, Mahmoud Al-Askalani, estime que l’acquisition de Careem par Uber favorisera les pratiques monopolistiques sur le marché égyptien. « Par la conclusion de cette transaction, il n’y aura qu’une seule entité sur le marché. Si les mesures de l’achat sont finalisées, nous lancerons une campagne et nous établirons une société par actions égyptienne pour rivaliser avec eux sur le marché », souligne-t-il, tout en appelant le parlement égyptien à modifier la loi sur la protection de la concurrence.
Les deux entreprises attendent à présent l’approbation de l’Organisme de lutte contre le monopole pour conclure la transaction en Egypte. Ce dernier a indiqué, le 28 mars, avoir reçu une annonce officielle de la part des deux entreprises concernant l’accord d’acquisition conclu entre elles. « Il faut l’approbation de l’organisme pour que cet accord soit définitif en Egypte », a noté l’organisme dans un communiqué de presse. Ce dernier indique par ailleurs que l’organisme prendra sa décision après réception de la notification formelle des parties concernées, dans le respect de toutes les dispositions de la loi sur la protection de la concurrence. 3 scénarios sont envisageables : l’approbation de la transaction par l’organisme, l’approbation de certaines conditions dans le but de limiter les répercussions négatives sur le climat de la concurrence en Egypte ou le rejet de la transaction s’il est probable qu’elle entraîne des dommages difficiles à contrôler sur le marché égyptien.
Dans ce contexte, l’organisme a appelé toutes les parties prenantes et les PME nouvellement investies sur ce marché prometteur à l’informer si cet accord limite, selon elles, la concurrence et les opportunités d’investissement dans ce secteur important d’ici 30 avril 2019.
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