L'action de l'entreprise Eastern Company a ravivé la Bourse égyptienne.
Après une année d’attente, les investisseurs en Bourse ont bien accueilli le lancement de 4,5 % de la société publique de tabac Eastern Company, soit au niveau de la souscription privée ou publique. Au niveau de la souscription publique (du dimanche 1er mars au mardi 3 mars), les investisseurs étrangers et arabes ont accentué leurs vagues d’achat pendant le premier jour entraînant la hausse de l’action de 4,25 % pour clôturer sur 17,45 L.E. Lundi, l'action a légèrement baissé de 0,17 % pour clôturer sur 17,40 L.E. respectivement. Quant à la souscription privée, le ministère des Affaires publiques et la Holding pour les industries agroalimentaires ont créé la surprise en annonçant le 28 février la réussite de sa couverture. « La souscription privée a été couverte de 1,8 fois pour 17 L.E. l’action. Ce prix est en hausse de 3 % par rapport à son prix échangé en Bourse (16,95 L.E.) », a déclaré le ministre des Affaires publiques, Hesham Tawfik, le jeudi 28 février. Ce jour-là, la holding a publié le prospectus d’émission qui a clarifié la part émise en Bourse. « La souscription privée comprend l’émission de 4,275 % des actions, la publique 0,225 % », note le prospectus. Amr Al Alfy, directeur du département des recherches auprès de la banque d’investissement Shuaa Capital, explique à l'Hebdo que l’action de l’entreprise de tabac intéresse les investisseurs étrangers plus que les Egyptiens. « C’est pourquoi le gouvernement a alloué une part minime à la souscription publique », indique-t-il, en ajoutant que le gouvernement a préféré vendre la part majeure à un investisseur stratégique en raison de sa capacité financière à investir dans l’action de l’entreprise. D’après Hesham Tawfiq en effet, les achats faits par des étrangers ont représenté 94 % du total.
1,8 milliard de L.E. de recettes pour le gouvernement
Eastern Company, cotée à la Bourse égyptienne depuis plus d’une vingtaine d’années, fait partie de la première phase du programme des Initial Public Offering (IPO) d’introduction des sociétés publiques à la Bourse égyptienne. Elle devait être émise en Bourse en octobre dernier selon le plan annoncé par le ministre des Affaires publiques, mais la démarche a été reportée en raison de l’instabilité ayant régné sur les marchés émergents et la Bourse égyptienne l’année dernière.
Avec le lancement de cette part supplémentaire des actions de l’entreprise de tabac, « le gouvernement prévoit collecter 1,8 milliard de L.E. », a déclaré le ministre des Affaires publiques.
Pourtant, le prix de vente de l’action est en dessous des estimations des analystes et des experts financiers. « Le ministère des Affaires publiques a vendu la part majeure de l’entreprise à un investisseur stratégique à 17 L.E., alors que la valeur réelle de l’action dépasse les 25 L.E. », explique à l'Hebdo Issa Fathi Issa, directeur exécutif de la maison de courtage Al-Qahira Securities. Hesham Tawfik avait annoncé à l’Hebdo lors d’un précédent entretien qu’il ne fallait pas que la limite des prix par action pour cette entreprise dépasse les 18,70 L.E. « Actuellement, l’action dépasse les 17 L.E. Cependant, il ne faut pas que son prix atteigne le niveau maximum qui est 18,70 L.E. pour redescendre plus tard. Il doit se stabiliser à ce niveau. Dès que le prix de l’action sera stabilisé, la Banque d’investissement pourra lancer l’offre », ajoute Issa.
Or, le premier ministre, Moustapha Madbouli, a publié samedi 2 mars un décret modifiant la décision antérieure du gouvernement concernant la fourchette de prix d’émission des actions des entreprises publiques. « La fourchette de 10 % sera limitée seulement aux actions actives des entreprises cotées en Bourse. Quant aux nouvelles entreprises, le prix d’émission sera déterminé selon le prix réel du titre pendant le mois qui précède l’opération du lancement », dit le décret ministériel. « J’espère que la prochaine entreprise gouvernementale sera émise pour la première fois pour qu’elle soit vendue à son prix réel », estime Al Alfy. Mais selon les déclarations du ministre des Affaires publiques, le prochain appel d’offres dans le cadre du programme d’IPO gouvernemental sera la vente d’une part supplémentaire de 30 % dans la Société d’Alexandrie Container&Cargo Handling, l’entreprise de logement Héliopolis Housing Company et la Compagnie pétrochimique Sidi Kerir. « Nous prévoyons la collecte de 16 milliards de L.E. de l’émission de ces entreprises. Nous prévoyons émettre de 8 à 10 entreprises d’ici la fin de 2019 », a annoncé Tawfik lors d’une conférence sur l’investissement en Afrique tenue le 2 mars. Reste à espérer que l’émission des autres entreprises publiques pourra attirer de nouveaux investissements en Bourse.
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