Les étrangers s'intéressent à investir dans les obligations égyptiennes en dollars. (Photo : Reuters)
Les investisseurs étrangers du monde entier prouvent qu’ils ont retrouvé confiance en l’économie égyptienne. Mardi 19 février, le ministère des Finances a en effet annoncé la grande réussite de l’offre d’obligations internationales libellées en dollars pour une valeur de 4 milliards de dollars et avec des échéances à 5,10 et 30 ans, faite le 14 février. « Nous avons reçu des demandes de la part d’investisseurs étrangers à hauteur de 21,5 milliards de dollars pour investir dans les obligations égyptiennes, soit 5 fois le montant de l’offre du gouvernement égyptien. Cela nous a incités à clôturer la session de souscription très tôt, soit à la moitié de la durée déterminée pour recevoir les demandes », a indiqué Mohamad Maeit, ministre des Finances, dans un communiqué de presse publié sur le site électronique du ministère, ajoutant que ce succès prouve la confiance de la communauté internationale dans les efforts de réforme économique accomplis par la direction politique égyptienne. Selon le communiqué, l’offre égyptienne a attiré plus de 250 investisseurs des quatre coins du monde. « Les investisseurs européens ont fait état de la plus grande participation (46 %), suivis par ceux d’Amérique du Nord (37 %), de la région MENA (13 %) et d’Asie (4 %) », précise le communiqué.
Radwa Al-Swaify, cheffe économiste auprès de Pharos Holding, explique l’engouement des investisseurs par deux facteurs principaux. Premièrement, le taux d’intérêt attrayant offert par le gouvernement égyptien. « Le rendement sur les obligations égyptiennes est vraiment meilleur que sur les marchés émergents, qui souffrent de niveaux des risques trop élevés », souligne-t-elle. D’après les chiffres gouvernementaux, les taux d’intérêt sur les obligations à 5, 10 et 30 ans sont respectivement de 6,2 %, 7,6 % et 8,7 %. « Les investisseurs étrangers entendent actuellement investir dans les dettes égyptiennes en raison de la baisse du niveau de risque. L’Egypte est en train de boucler son programme de réforme économique et profite de la crédibilité que lui accordent différentes institutions et agences de notation internationales », souligne Al-Swaify.
Début février, le Fonds Monétaire International (FMI) avait annoncé le versement d’une nouvelle tranche de prêt de 2 milliards de dollars à l’Egypte pour soutenir son programme de réforme économique. « Depuis 2016, le pays a fait des progrès substantiels pour parvenir à une stabilisation macroéconomique », avait indiqué la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, citant pour preuve le taux de croissance le plus élevé de la région, la baisse du déficit budgétaire ou encore une inflation qui devrait être conforme aux objectifs de la Banque Centrale d’ici fin 2019.
La deuxième raison expliquant l’enthousiasme des investisseurs étrangers est l’absence des risques liés à la monnaie. « Aujourd’hui, l’investisseur investit dans des obligations en dollars. Il ne sera donc pas confronté au risque de fluctuations », indique Al-Swaify.
Diversifier les sources de financement
Par l’émission de ces titres financiers, le gouvernement vise à réaliser deux objectifs, dont le premier est de combler le fossé de financement budgétaire. « Les 4 milliards de dollars seront consacrés au financement du budget étatique. Ces titres financiers sont considérés comme un outil de financement nécessaire pour diversifier les moyens de financement au lieu de se limiter à l’endettement intérieur », a déclaré le vice-ministre des Finances pour les politiques financières, Ahmad Kojok, dans le communiqué de presse. Selon le budget de l’Etat pour l’exercice financier 2018-2019, les lacunes en matière de financement sont de 714,637 milliards de L.E. Afin de combler ce déficit, l’Etat a clairement affiché son intention de diversifier ses sources de financement en recourant à l’émission d’obligations internationales en euros et en devises asiatiques, telles que le yen. Au troisième trimestre de l’année fiscale 2016-2017, soit au lendemain de la libéralisation de la livre égyptienne, des obligations ont ainsi été émises à la Bourse de Londres (London Stock Exchange) pour un montant de 11 milliards de dollars. Des obligations pour une valeur de 3 milliards de dollars ont en outre été émises au troisième trimestre de l’année 2017-2018, tandis qu’en février 2018, l’Egypte a collecté 4 milliards de dollars dans une vente d’obligations libellées en dollars.
Le deuxième objectif est d'allonger la date de remboursement des dettes gouvernementales à travers l’émission de titres financiers à long terme. « En vue de mener à bien ses projets de développement économique, l’Egypte doit vraiment opter pour ce choix afin d’apaiser le fardeau des services des dettes du budget », explique Al-Swaify. La forte demande des investisseurs sur les dettes égyptiennes encourage les mesures dans ces sens. « Le plus remarquable cette année est la concentration des investissements étrangers dans les titres ayant une échéance à 10 et 30 ans, puisqu’elle prouve la forte confiance dans l’avenir de l’économie égyptienne », souligne Al-Swaify. D’après le communiqué de presse du ministère des Finances, les investissements des étrangers dans les obligations à 10 ans ont atteint 1,750 milliard de dollars, suivis par celles à 30 ans (1,5 milliard de dollars) et les obligations à 5 ans (750 millions de dollars).
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