Al-Ahram Hebdo : Quel était le but de votre visite en Egypte et qui avez-vous rencontré ?
Gregory Clemente : La visite était très fructueuse. L’objectif était de poursuivre notre dialogue avec les autorités, afin de mieux aligner notre offre sur les besoins de l’économie égyptienne.
Depuis plus de 40 ans, Proparco accompagne le secteur privé dans les pays émergents et en développement. Avec notre maison-mère, le groupe Agence Française de Développement (AFD), nous travaillons donc très étroitement avec tous les acteurs de l’économie en Egypte.
J’ai eu l’opportunité de rencontrer le ministre des Finances, Mohamad Maeit, ainsi que des représentants d’institutions financières, pour échanger sur l’évolution des besoins de financement du secteur privé en Egypte et sur la façon dont nous pouvons collectivement y répondre.
J’ai également rencontré des chefs d’entreprises, dont certains figurent déjà parmi nos clients. Nous nous engageons en effet sur le long terme avec les entreprises, ce qui nous permet de les accompagner dans l’amélioration de leurs pratiques environnementales, sociales et de gouvernance. Nous nous inspirons aussi des bonnes pratiques que celles-ci ont pu mettre en place pour les diffuser auprès de l’ensemble de nos clients.
— Quelle est l’action de Proparco en Egypte ?
— Notre mandat consiste à apporter des financements et un accompagnement aux acteurs privés qui contribuent au développement économique et social, par la création d’emplois, la lutte contre le changement climatique ou encore par la fourniture de biens et de services essentiels comme l’électricité, la santé ou l’éducation.
Proparco intervient en Egypte depuis 2007. Parmi nos opérations les plus emblématiques dans le pays, je citerais le financement de 5 centrales solaires du complexe de Benban près d’Assouan, notre investissement dans le groupe agro-industriel Wadi et notre appui plus général aux PME et aux start-ups égyptiennes. Un grand nombre de nos interventions couvrant plusieurs pays, notre activité en Egypte est pilotée depuis un bureau régional situé à Casablanca. Au total, notre encours dans la région s’élève à 450 millions d’euros.
— Alors que l’Egypte développe le secteur des énergies renouvelables, comment pouvez-vous accompagner cette transition énergétique ?
— Proparco et le groupe AFD sont résolument investis dans la transition énergétique et dans l’accompagnement de la mise en oeuvre des engagements, pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.
L’Egypte est d’ailleurs une parfaite illustration de la coopération entre acteurs étatiques et privés pour réussir cette transition. Nous y avons mené pendant plus de deux ans des discussions avec les autorités égyptiennes pour mettre en place le premier tarif de rachat garanti d’électricité (Feed-in Tariff) du pays. L’objectif était de permettre à l’Egypte de profiter de son immense potentiel dans le domaine des énergies renouvelables pour produire une électricité propre, durable et moins chère.
Ces efforts ont très largement porté leurs fruits, puisque l’un des plus grands complexes photovoltaïques au monde est en train de voir le jour à Benban, près d’Assouan.
Proparco était la première institution à financer, à hauteur de 136 millions de dollars, la construction et l’opération de ces centrales solaires. Le développement de la coopération technique entre El-Sewedy Electric et les investisseurs français sur le projet en font un véritable projet modèle.
— Qu’en est-il des PME et des start-ups, sachant qu’elles sont le moteur de croissance du pays ? Quelles sont, selon vous, les étapes nécessaires pour réaliser leur inclusion au sein du secteur formel ?
— L’appui aux PME est l'une des grandes priorités de Proparco. Ces entreprises sont un moteur de croissance, elles constituent un formidable vivier d’emplois, sont sources de recettes fiscales et ont démontré leur importance.
Notre objectif est de leur permettre de jouer pleinement ce rôle fondamental en répondant à leurs besoins de financement. L’accès au crédit étant un puissant levier pour encourager une PME à rejoindre le secteur formel, nos interventions contribueront à une meilleure inclusion de celles-ci dans l’économie égyptienne.
Quant au soutien aux start-ups, il est très insuffisant sur le continent africain. Nous croyons fermement au potentiel du numérique pour répondre aux problématiques de création d’emplois notamment. L’Egypte a d’ailleurs une belle carte à jouer dans ce domaine grâce à sa jeunesse ambitieuse et talentueuse, et aux incubateurs qui s’y sont développés.
Nous portons une grande attention aux initiatives qui émergent dans le pays.
En effet, nous avons signé en décembre dernier un investissement de 5,8 millions de dollars dans le fonds Sawari Ventures North Africa Fund I. Ce fonds investira dans 25 start-ups dans la région, principalement en Egypte.
Ce projet est une partie de l’enveloppe de 65 millions d’euros pour les start-ups, annoncée en 2018 par le président de la République française, Emmanuel Macron.
— Quelle est votre feuille de route en Egypte pour les prochaines années ? Y a-t-il un plan de financement précis en cours ?
— Notre stratégie globale vise à associer la forte croissance de nos engagements annuels à des résultats toujours plus importants en termes d’impacts sur le développement. L’objectif de Proparco est de doubler ses engagements globaux en 3 ans. La croissance de l’activité en Egypte va connaître la même tendance. Afin de répondre aux attentes des entreprises, nous continuerons d’augmenter la part de nos investissements en fonds propres. Nous souhaitons financer un nombre croissant de projets innovants, qu’ils soient initiés par des start-up ou par des entreprises de plus grandes tailles.
En ce qui concerne l’Egypte, le soutien aux PME — via les institutions financières — et à la transition énergétique du pays resteront des marqueurs forts de notre activité ces prochaines années. Pour y parvenir, nous bénéficierons d’ailleurs de moyens supplémentaires grâce au déploiement de fonds délégués de l’Union européenne.
Nous continuerons de soutenir le secteur privé dans l’amélioration de la qualité et de la durabilité des services publics et des infrastructures de transport. Enfin, de façon transversale, nous aurons pour objectif de privilégier des projets améliorant l’accès des jeunes et des femmes à l’emploi et aux opportunités économiques. Le développement n’est durable que s’il bénéficie à tous et à toutes.
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