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Les PME, levier de la relance économique

Névine Kamel, Mardi, 19 février 2019

Le Fonds Monétaire International (FMI) a publié, la semaine dernière, une étude relative à l’inclusion financière des PME dans la région MENA et en Asie centrale. Compte rendu.

Les PME, levier de la relance économique
La capacité des PME à réaliser l'inclusion financière au Moyen-Orient est inférieure que dans d'autres pays appartenant à la même catégorie économique.

La capacité des Petites et Moyennes Entreprises (PME) du Moyen-Orient à atteindre l’inclusion financière est inférieure à celle réalisée à l’échelle mondiale. C’est ce qu’affirme une étude publiée par le Fonds Monétaire International (FMI) sur les PME et l’inclusion financière au Moyen-Orient et en Asie centrale. La part moyenne des crédits bancaires perçus par les PME est de 7 % du financement bancaire total dans les deux régions précitées. Selon des enquêtes effectuées par la Banque mondiale, 32 % des entreprises au Moyen-Orient estiment que la difficulté d’accéder aux crédits constitue une entrave à leur essor, contre un taux de 26 % au niveau mondial, toujours selon le rapport.

Il est important que les PME soient incluses dans le secteur formel pour faciliter l’obtention de crédits. « La plupart des banques préfèrent ne pas entretenir de liens avec les PME en création, faute d’informations sur leurs statuts financiers », explique Gamal Negm, vice-gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte (BCE). Il ajoute que la BCE est consciente du fait que le poids des grandes entreprises est inférieur à celui des PME dans l’économie, raison pour laquelle « nous travaillons sur la formulation d’un Iscore pour les PME. Nous avons créé un système simplifié et des compagnies spécialisées dans les crédits bancaires pour encourager les banques à travailler avec elles », explique Negm. Il évoque en outre l’importance d’atteindre un équilibre entre les conditions et les besoins spéciaux de ces entreprises. Dans ce contexte, Negm indique que le financement des PME a réalisé une hausse estimée à 136 milliards de L.E. au cours des trois dernières années. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi avait lancé une initiative de financement des PME à hauteur de 200 milliards de L.E., fondée sur sa conviction de l’importance de ce secteur pour relancer la croissance économique.

Les PME, levier de la relance économique

Selon l’étude, la capacité des PME à réaliser l’inclusion financière au Moyen-Orient est inférieure à celle des pays qui appartiennent à la même catégorie économique. Malgré leur nombre croissant, le nombre de PME qui ont réalisé l’inclusion financière connaît une régression, et ce, « bien que la région dispose de capacités qui leur permettraient de connaître un plus grand succès en termes d’inclusion financière », note l’étude. Selon le FMI, les PME représentent une part importante des compagnies opérationnelles et de la main-d’oeuvre au niveau des deux régions indiquées.

Selon les chiffres mondiaux, les PME emploient environ la moitié de la main-d’oeuvre, bien que 96 % d’entre elles appartiennent au secteur informel.

L’étude fait valoir qu’une inclusion financière réussie des PME dans les marchés émergents peut devenir un vrai moteur pour le développement économique dans ces deux régions. Pour Jihad Azour, directeur du département du Moyen-Orient et de l’Asie centrale auprès du FMI, l’inclusion financière des PME est le vrai moteur de l’emploi. Il souligne que les PME représentent 80 à 90 % de l’économie, mais qu’elles sont moins en mesure d’obtenir des fonds. Et d’ajouter que ce dossier a constitué l’une des priorités du FMI l’année dernière et que la réalisation de l’inclusion financière nécessite un cadre général et la coordination des efforts de tous les acteurs. Azour précise que c’est le bon moment pour stimuler l’économie, d’autant plus que les deux régions en question ont besoin de 350 millions d’emplois dans les 5 prochaines années à l’heure des réformes majeures des entreprises.

L’obstacle des investissements gouvernementaux

L’étude estime que plus les investissements gouvernementaux augmentent, plus la capacité des PME à réaliser l’inclusion financière baisse. Chaque 1 % d’augmentation des investissements équivaut ainsi à 0,7 % de recul au niveau de l’inclusion financière. Au Moyen-Orient, le taux des investissements gouvernementaux atteint 34 % contre une moyenne de 24 % dans les autres pays en développement.

L’étude note que plus les gouvernements deviennent efficaces, plus la compétitivité des PME se renforce et, par conséquent, leur capacité à obtenir un financement. Il en résulte une baisse du taux d’inflation et une reprise de confiance au sein du secteur privé. Tout cela facilite la capacité des PME à obtenir un financement et encourage la concurrence et la diversité dans les différents secteurs de l’économie.

Une bonne inclusion financière aide à améliorer le PIB, mais pour atteindre une telle situation, il faut améliorer la qualité de l’infrastructure, de l’enseignement, de la santé et de la gouvernance. Une gouvernance solide est l’un des facteurs déterminants pour obtenir un financement, tout comme la disponibilité des informations concernant le crédit. Il s’agit par ailleurs d’améliorer l’environnement des affaires, y compris les cadres juridiques et institutionnels.

Selon le rapport de la Banque mondiale sur l’inclusion financière en 2017, un quart des pays a mis en place des stratégies pour l’inclusion financière et un autre quart est en train de le faire. Alors que les pays du Moyen-Orient et de l’Asie centrale ont récemment suivi cette voie.

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