L’Egypte a réalisé un excédent budgétaire primaire de 21 milliards de L.E., soit 0,4 % du Produit Intérieur Brut (PIB) au cours du premier semestre de l’exercice 2018-2019, contre un déficit primaire de 14 milliards de L.E. (0,3 % du PIB) au cours de la même période de l’exercice dernier. Ces chiffres ont été annoncés lors d’une conférence de presse tenue au siège du ministère des Finances la semaine passée.
Le déficit-excédent primaire mesure les dépenses et revenus courants avant l’addition du service de la dette au budget.
En 2017-2018, l’Egypte avait réalisé, pour la première fois en 15 ans, un excédent primaire de 4,4 milliards de L.E., soit 0,2 % du PIB. « Les chiffres et indicateurs du premier semestre de l’exercice en cours correspondent aux objectifs du gouvernement affichés dans le budget », a indiqué Mohamad Maeit, ministre des Finances, lors de la conférence de presse, soulignant par ailleurs que le gouvernement prévoit que les objectifs annuels finaux seront atteints. « Le facteur le plus positif est que l’excédent a été réalisé de façon régulière tous les mois depuis août dernier, et n’est pas juste le résultat de revenus exceptionnels », a noté Ahmad Kouchouk, ministre adjoint des Finances et chargé des politiques financières.
L’excédent primaire a contribué à améliorer le taux du déficit global du budget, qui est tombé à 3,6 % du PIB pour le premier semestre de l’exercice en cours, contre 4,2 % du PIB pendant la même période du dernier exercice, et par rapport à un déficit moyen de 5,3 % au cours des trois derniers exercices. Le taux de croissance au cours du premier semestre a été de 5,5 %. « Il s’agit du taux de croissance le plus élevé depuis 2008 et du plus élevé dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord », a précisé le ministre. En 2017-2018, le taux de croissance était de 5,3 % contre 4,6 % l’exercice d’avant. Le gouvernement s’attend en outre à un taux de croissance plus élevé le semestre prochain, pour arriver à un taux de croissance de 5,8 % sur tout l’exercice. « Ce niveau de croissance a été réalisé en dépit de plusieurs défis extérieurs, dont la hausse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine de 3 %, la hausse des cours internationaux du pétrole — qui ont atteint 83 dollars le baril —, la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis et la crise des marchés émergents », a indiqué Maeit, ajoutant que l’économie a été en mesure d’absorber tous ces chocs et de réaliser les objectifs annoncés grâce au programme de réformes économiques. « Nous sommes convaincus que ces réformes sont nécessaires, bien qu’elles soient difficiles », a dit Maeit.
Le gouvernement égyptien procède, depuis novembre 2016, à l’implémentation d’un programme de réforme économique soutenu par un accord de financement à hauteur de 12 milliards de dollars conclu avec le Fonds Monétaire International (FMI), en vertu duquel il a libéralisé le taux de change, réduit les subventions à l’énergie et introduit la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). « Les principaux partenaires de l’Egypte, comme le FMI, la Banque Mondiale (BM), la Banque africaine de développement, l’Organisation de Coopération Economique et de Développement (OCED) ainsi que le G7 et l’Union européenne, soutiennent notre programme de réforme », a souligné le ministre.
Selon lui, l’amélioration des indicateurs financiers relatifs au budget étatique repose sur la hausse des recettes publiques, qui ont augmenté de 28,4 % entre juillet et décembre 2018, dépassant ainsi le taux de croissance des dépenses publiques qui ont, elles, augmenté de 17,7 %. La hausse des revenus est notamment une conséquence de la hausse des revenus fiscaux, qui ont augmenté de 22,2 %. Ainsi, les recettes de l’impôt foncier ont augmenté, à elles seules, de 92 %, celles de l’impôt sur le revenu dans le domaine des professions libres de 47 %, celles payées par les salariés de 37 % et celles de l’impôt prélevé sur les bénéfices des entreprises de 26 %. Les recettes de la TVA ont augmenté de 21 %, tandis que celles des douanes ont connu une hausse de 31 %. Kouchouk a néanmoins souligné que les revenus ne provenaient pas que des recettes fiscales. « On critiquait souvent le fait que les revenus étatiques de l’Egypte reposent surtout sur les recettes fiscales, mais le premier semestre a connu une hausse de 57 % des revenus non fiscaux, provenant des excédents des organismes économiques », a-t-il dit.
Les progrès de l’Egypte salués
Les dépenses ont, elles, augmenté avec un taux inférieur à celui des recettes. Toutefois, plusieurs types de dépenses ont connu une hausse importante, comme les investissements publics, qui ont augmenté de 64 % selon Maeit, les dépenses en matière d’éducation et de santé, qui ont augmenté de 27 %, et les achats de produits et services, qui ont affiché une hausse de 62 %. Le ministre n’a pas évoqué l’évolution des dépenses relatives aux salaires, aux subventions et au service de la dette.
Le budget 2018-2019 vise à réduire le taux d’endettement des organismes publics pour le ramener à 93 % du PIB. Le ministre des Finances a indiqué que le ministère avait réussi à réduire la dette à 97 % du PIB en juin 2018, contre 108 % en juin 2017 et 103 % en juin 2016. La hausse de la dette publique avait pesé sur le budget ces dernières années, amenant le service de la dette à plus de 500 milliards de L.E., soit près de 40 % des dépenses au cours de l’exercice passé.
Le FMI a salué, la semaine dernière, les progrès réalisés par l’Egypte, et ce, suite au quatrième examen en lien avec le programme de réforme économique. Cet examen a permis à l’Egypte de recevoir la cinquième tranche (qui devait initialement être versée en décembre dernier) du prêt de 12 milliards de dollars, portant ainsi la somme reçue jusqu’à présent à 10 milliards. « Le ratio dette publique-PIB a nettement diminué l’an dernier et devrait encore baisser à moyen terme en raison des efforts d’assainissement budgétaire des autorités et de la forte croissance du PIB nominal », a déclaré David Lipton, premier directeur général adjoint et président par intérim du FMI. Il a ajouté que les perspectives macroéconomiques de l’Egypte restaient favorables grâce à la mise en oeuvre de politiques efficaces. Lipton a déclaré que l’Egypte a su « surmonter avec succès les récentes sorties de capitaux », tout en soulignant qu’elle doit maintenant viser à faire baisser l’inflation, encourager un taux de change flexible et réduire la dette publique.
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