27 milliards de dollars, telle est la valeur des accords commerciaux signés lors de la première édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF), qui s’est tenue au Caire du 11 au 17 décembre. Une somme qui a dépassé les attentes, s’élevant à 25 milliards de dollars de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), organisatrice de l’événement en partenariat avec la Commission de l’Union Africaine (CUA) et le gouvernement égyptien. La manifestation, qui a eu lieu au Centre d’exposition international d’Egypte, au Caire, était l’occasion pour les exposants de présenter et d’échanger leurs produits et services. « En réunissant acheteurs et vendeurs sous un même toit, Afreximbank a réussi à faciliter la transformation et l’intégration des économies africaines lors de la première foire commerciale intra-africaine de ce type sur le continent », s’est félicité le président d’Afreximbank, Benoît Oramah.
Bouabdellah Belkenadil, directeur du développement et des partenariats au groupe CHI ALI et qui a participé pour la première fois à un tel événement en Egypte, a expliqué qu’il avait senti l’effet positif de ce rassemblement commercial dès le premier jour. « J’ai reçu une dizaine d’offres de plusieurs entreprises pour faire des échanges et installer des agences qui représentent notre groupe dans leurs pays », s’est-il réjoui. Pour le participant algérien, la foire était une bonne occasion pour faire la connaissance des produits, surtout égyptiens.
« Cela fait des années qu’on importe des matières premières d’Allemagne et des Emirats, alors qu’elles se trouvent en Egypte avec la même qualité et à des prix moindres », explique Belkenadil. Et d’ajouter : « Le projet du recycling oil, présenté par une société égyptienne, m’a beaucoup plu, surtout que cette activité n’existe pas en Algérie, ce qui m’encourage à la transférer dans mon pays ».
Le pavillon algérien était l’un des 34 pavillons de la foire, présentant des pays africains pour la plupart ainsi que certains pays d’Asie, la Chine en tête. Parmi les 2 000 exposants, on comptait 1 063 sociétés africaines, dont 300 égyptiennes.
Un « déclic » pour le développement
Ayant pour thème « Transformer l’Afrique », la manifestation économique a été marquée par la présence distinguée de hauts responsables égyptiens et africains ainsi que d’acheteurs et d’hommes d’affaires. Son but était notamment de stimuler le commerce intra-africain et de soutenir la mise en oeuvre de la Zone de Libre-Echange Continental Africaine (ZLECA). « La future zone de libre-échange continental africaine constituera le déclic pour le développement du continent », a, à cet égard, affirmé le premier ministre égyptien Moustapha Madbouli, qui a présidé la cérémonie d’ouverture de la foire.
La ZLECA a pour but de constituer un marché unique pour les biens et services au niveau du continent, en assurant la libre-circulation des activités et des investissements. Cela doit permettre, selon l’UA, d’accélérer la mise en place de l’Union douanière africaine. En effet, les pays du continent n’ont pas, pendant les années passées, pu réaliser une vraie intégration économique. Une analyse d’Afreximbank montre que l’une des raisons de la faiblesse du commerce intra-africain — environ 15 % du commerce total du continent, contre 59 % en Europe, 51 % en Asie et 37 % en Amérique du Nord — réside dans le manque d’accès à l’information sur le commerce et le marché du continent. C’est ici qu’intervient l’IATF, en tant que plateforme de partage et d’échange d’informations sur le commerce, l’investissement et le marché.
Des réunions bilatérales ont par ailleurs eu lieu entre les entreprises africaines participantes et un grand nombre de commerçants et d’acheteurs hors du continent, « dans le but de réaliser des transactions commerciales, afin de contribuer à la reprise et de rafraîchir les échanges au sein du continent », a déclaré Sherine El-Shorbagy, directrice générale de l’Autorité égyptienne pour le développement des exportations (AED).
Quant au président consultatif de l’IATF, l’exprésident nigérian Olesegun Obansanjo, il a indiqué que de telles plateformes constituaient « un environnement propice à l’esprit d’entreprise des Africains ». « Je veux que nos générations futures aient de plus grandes attentes, de plus grands choix et de plus grandes chances de réussir. C’est leur droit et je veux que cela devienne la norme plutôt que l’exception », a-t-il déclaré.
Investissements égyptiens en Afrique
Le pavillon égyptien a su attirer l’attention des visiteurs, notamment avec des produits d’artisanat, des meubles et des textiles. Plusieurs sociétés égyptiennes privées étaient par ailleurs représentées dans les différentes salles de la foire, dont Ghabour, Cotonil et Elsewedy. Ashraf Shaker, directeur du bureau technique de Giza Power Industry, a expliqué que l’objectif de sa société était d’augmenter le taux d’exportation de 30 à 60 % et que l’Afrique était la destination désignée. Cependant, il existe, selon lui, des défis quant au travail en Afrique, notamment « les frais de transport et surtout de livraison, l’insecurité des transactions bancaires et aussi le manque d’information, qui rendent plus difficile notre lancement vers l’Afrique ». Dans le but de relever ce genre de défis, Afreximbank a d’ailleurs décidé d’organiser l’IATF tous les deux ans. Ces défis qui entravent l’intégration économique du continent occupent aussi l’attention des responsables africains, notamment égyptiens. Lors du Forum économique Afrique 2018, tenu à Charm Al-Cheikh les 8 et 9 décembre, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a annoncé le lancement d’un fonds d’assurance des risques destiné à encourager les entrepreneurs égyptiens à investir en Afrique.
Il a également annoncé la création d’un fonds d’investissement dans l’infrastructure des technologies de l’information en Afrique, basé sur les systèmes technologiques les plus récents, « afin de construire des économies modernes ».
Le président a indiqué avoir décidé de mener des négociations avec les institutions internationales pour soutenir les infrastructures, pierre angulaire du développement réel, notamment pour accélérer l’achèvement de la route Le Caire-le Cap, afin de stimuler le commerce transfrontalier en Afrique.
En fait, l’Egypte vise à promouvoir ses relations économiques avec les pays africains, où beaucoup d’opportunités se présentent, d’autant plus qu’elle présidera l’Union Africaine (UA) en 2019.
Autre événement relié à ce rapprochement africain, Le Caire a accueilli, les 15 et 16 décembre, la 7e Conférence des ministres africains du Commerce, qui a réuni des ministres du Commerce et des hauts responsables de 54 pays africains, en présence du commissaire au commerce de l’UA et de plusieurs chefs et représentants d’organisations internationales et régionales. Le ministre égyptien du Commerce et de l’Industrie, Amr Nassar, a confirmé à cette occasion que les réunions du 14e Forum de négociations sur les zones africaines de libreéchange (ALECCA), organisées au Caire du 5 au 8 décembre 2018, ainsi que la 7e réunion des hauts responsables africains avaient été marquées par une atmosphère positive et un consensus sur un grand nombre de sujets de négociation en suspens, notamment en ce qui concerne les mécanismes de libéralisation du commerce des marchandises sur le continent africain, notant que les résultats des réunions s’inscrivaient tous dans le cadre d’un paquet d’intégration intitulé « Paquet du Caire ». « C’est la traduction réelle et pratique de la coopération permanente et continue entre l’Egypte et les pays africains », a conclu Amr Nassar.
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