Bonne nouvelle pour les investisseurs à la Bourse égyptienne. Le ministre du Secteur public des affaires, Hicham Tawfiq, a annoncé la semaine dernière les détails de la première phase du programme d’introduction des entreprises publiques en Bourse connu sous le nom d’« Initial Public Offering (IPO) », ainsi que les dates de sa mise en application. Tawfiq a révélé l’augmentation des parts émises en Bourse dans 5 entreprises gouvernementales. « Le gouvernement envisage de commencer avec la vente de l’entreprise de logement Heliopolis Housing Company et la société de tabac Eastern Compagny en octobre prochain », a déclaré le ministre dans un entretien à l’agence Bloomberg, la semaine dernière. Il ajoute que la liste comprend 3 autres entreprises : 2 d’entre elles seront introduites pendant le mois de novembre prochain (la société Alexandrie Container & Cargo Handling et la compagnie publique égyptienne Alexandria Mineral Oils, Amoc), et la dernière sera introduite pendant le mois de décembre (la Compagnie d’engrais Abouqir). « Quant à la deuxième phase du programme, elle sera appliquée pendant le premier trimestre de 2019 », renchérit le ministre.
Tawfiq fait partie d’un comité ministériel, formé il y a deux mois par les ministres de l’Investissement, du Pétrole, de l’Industrie, des Finances et de Planification. Ce comité est responsable de l’élaboration d’un programme complet pour introduire 23 entreprises publiques en Bourse sur une période de 24 à 30 mois, soit sous forme d’augmentation de capital pour les sociétés déjà cotées en Bourse, ou sous forme de souscription publique pour celles qui sont cotées pour la première fois.
Le comité est chargé de plusieurs missions : choix des entreprises, détermination des parts émises et fixation d’un calendrier pour la mise en oeuvre du programme, que ce soit sur le marché primaire ou secondaire. « Nous avons décidé de commencer avec ces cinq sociétés et d’évaluer les résultats de l’offre. Nous déciderons plus tard de ce qu’il faut faire en ce qui concerne la taille des offres dans les phases ultérieures du programme », a déclaré le ministre des Finances, Mohamad Maeit. Et d’ajouter que le gouvernement entend collecter environ 30 milliards de L.E. de l’augmentation des parts de 5 entreprises cotées en Bourse.
La publication des noms des entreprises a été applaudie par les experts et les investisseurs qui attendaient avec impatience ces nouvelles. « La Bourse souffre d’une fluctuation du volume quotidien des échanges qui tourne autour de 500 millions de L.E. contre un milliard de L.E. auparavant. L’augmentation des parts émises dans ces cinq entreprises va sans doute augmenter le niveau de liquidités sur le marché en attirant de nouveaux entrants », explique à l’Hebdo Mohamad Maher, vice-président de la banque d’investissement Prime Securities en se félicitant du choix gouvernemental des candidats de la première phase du programme IPO.
« Ces cinq entreprises sont les plus performantes au sein de leurs secteurs boursiers (voir encadré) », renchérit Maher en ajoutant que le « pricing » et la manière d’allouer les actions seront déterminants pour le succès ou non du programme gouvernemental. « Par exemple, l’entreprise Heliopolis Housing est une entreprise très attirante pour l’investisseur stratégique au moment actuel, vu la croissance du secteur de l’immobilier. Le gouvernement va-t-il attribuer les parts de cette compagnie à un seul investisseur ou bien à plusieurs ? », se demande Maher. Hicham Tawfiq a révélé le lancement de 32 % de cette entreprise en Bourse sans écarter la possibilité d’un investisseur stratégique. « Notre objectif est d’améliorer la performance des entreprises et de permettre la participation du secteur privé à leurs conseils », renchérit Tawfiq. Environ 27,8 % des actions de Heliopolis Housing sont actuellement échangés en Bourse et le gouvernement entend garder 40 % des actions de l’entreprise.
Offrir un prix abordable à tous
Quant aux autres entreprises, il paraît qu’elles seront vendues à des investisseurs particuliers en Bourse. La meilleure preuve est que les dirigeants des sociétés ont recours au fractionnement des actions en vue d’attirer un grand nombre d’investisseurs. Par exemple, le conseil d’administration de l’entreprise de tabac Eastern Company a récemment accepté de diviser par 10 chaque action pour que son prix passe de 5 L.E. à 0,5 L.E. l’action. « Nous avons pris cette décision pour permettre aux différents investisseurs d’acheter l’action en cas d’augmentation des parts émises », selon le communiqué de presse envoyé par l’entreprise à la Bourse égyptienne la semaine dernière.
De même, l’Organisme du marché financier a récemment approuvé la décision de l’administration de la Bourse d’annuler le niveau maximum de fractionnement des actions cotées en Bourse. « Ce règlement autorise aux entreprises cotées en Bourse de diviser leurs actions plusieurs fois pendant les 12 mois à compter de la date du dernier fractionnement sans obtenir l’approbation de la Bourse ou l’Organisme du marché financier », selon un communiqué de presse publié par la Bourse égyptienne sur le site Mubasher. Pour sa part, Mohamad Farid, président de la Bourse, fait le point sur l’importance de ce règlement pour le programme gouvernemental IPO. « Faciliter les procédures de fractionnement des actions va aider à la réussite du programme IPO, car il va offrir des titres financiers à des prix abordables pour les investisseurs », souligne-t-il .
Les 5 entreprises de la première phase de l’IPO
Eastern Company, la Société d’Alexandrie Container & Cargo Handling, la Compagnie d’engrais Abouqir, la compagnie publique égyptienne Alexandria Mineral Oils (Amoc) et Heliopolis pour le logement et l’urbanisation. Ce sont les 5 entreprises gouvernementales qui représentent la première phase du programme d’introduction en Bourse. Ces entreprises possèdent de bonnes positions financières.
Eastern Company est une société publique cotée à la Bourse égyptienne depuis septembre 1995 et opère dans le secteur de l’alimentation, des boissons et du tabac. Elle a réalisé des profits nets de 4,2 milliards de L.E. pendant l’année financière 2017-2018 contre 2,9 milliards de L.E. en 2016-2017 (soit en hausse de 42,5 %). D’après le site de la Bourse égyptienne, les revenus de cette grande entreprise ont augmenté pour atteindre 13,4 milliards de L.E. en 2017-2018 contre 10,5 milliards de L.E. l’année d’avant.
Quant à la deuxième entreprise, il s’agit de la Société d’Alexandrie Container & Cargo Handling, spécialisée dans le transport des marchandises au port d’Alexandrie. Ses profits nets ont augmenté de 11,8 % pour se chiffrer à 2,45 milliards de L.E. en 2017-2018 contre 2,19 milliards de L.E. en 2016-2017, après une hausse des revenus de l’ordre de 2,9 milliards de L.E. en 2017-2018.
La Compagnie d’engrais Abouqir a connu une hausse de ses profits nets de 9 % pour atteindre 2,4 milliards de L.E. en 2017-2018 contre 2,2 milliards de L.E. en 2016-2017. D’après un communiqué de presse envoyé à la Bourse égyptienne, cette bonne performance est due à la hausse des ventes de l’entreprise qui se chiffrent à 7,5 milliards de L.E. en 2017-2018 contre 6 milliards de L.E. l’année d’avant.
La compagnie publique égyptienne Alexandria Mineral Oils (Amoc) est l’une des sociétés du secteur pétrolier spécialisée dans la production de l’huile minérale. 18,9 % de son capital est échangé en Bourse égyptienne. Ses profits nets ont augmenté de 24 % entre juillet 2017 et mars 2018 pour atteindre 1,05 milliard de L.E. contre 853 millions de L.E. durant la même période de l’année précédente. Cette bonne performance revient en grande partie à la hausse des ventes de plus du tiers pour se chiffrer à 10 milliards de L.E. pendant les 9 premiers mois de 2017-2018.
Enfin, Heliopolis pour le logement et l’urbanisation est la seule à avoir connu un recul de ses profits nets au cours des 9 premiers mois de l’année financière 2017-2018 de 11,3 %, pour se chiffrer à 120,4 millions de L.E. entre juillet 2017 et mars 2018 contre 135,8 millions de L.E. durant la même période de 2016-2017. La société a justifié dans un communiqué envoyé à la Bourse égyptienne ce recul des profits par le remboursement de 80 millions de L.E. crédits sur un total de 500 millions de L.E. Toutefois, les revenus opérationnels ont augmenté de presque du double pour atteindre 542 millions de L.E. de juillet 2017 à mars 2018 contre 358 millions de L.E. durant la même période de 2016-2017.
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