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Les dépôts bancaires toujours aussi attirants

Marwa Hussein, Lundi, 28 mai 2018

La légère baisse des taux d’intérêt bancaires a amené une infime partie des dépositaires à chercher des placements plus rémunérateurs. Tour d’horizon des alternatives potentielles.

Les dépôts bancaires toujours aussi attirants
La BCE n’a pas baissé les taux d’intérêt pour contrôler l’inflation. (Photo:Bassam Al-Zoghby)

Après le flottement de la livre fin 2016, la Banque Centrale d’Egypte (BCE) a décidé une hausse de 700 points des taux d’intérêt bancaires sur les dépôts et les crédits. Cette hausse a rendu les dépôts bancaires en livres égyp­tiennes beaucoup plus lucratifs que l’investis­sement dans les devises.

Les Egyptiens avaient investi près de 400 milliards de L.E. dans des certificats d’inves­tissement bancaires avec un taux d’intérêt annuel de 20%. Mais cette catégorie de dépôts bancaires arrive à échéance 18 mois après les dates de placement, soit le mois prochain, ce qui laisse prévoir qu’une partie de cette somme sortirait du système bancaire. Toutefois, après la décision, le 17 mai, du Comité des poli­tiques monétaires de la BCE de fixer les taux d’intérêt pour les dépôts à 16,75% et le taux débiteur à 17,75%, les dépôts bancaires reste­ront probablement un choix rémunérateur pour des mois à venir.

La décision, imprévue pour certains écono­mistes qui s’attendaient à une baisse plus importante des taux d’intérêt, est intervenue alors que le gouvernement se préparait à une nouvelle série de réductions des subventions aux carburants dans un contexte de hausse des prix mondiaux du pétrole. Or, une nouvelle réduction des subventions pourrait faire grim­per le taux d’inflation après sa baisse au cours des mois derniers. Ce qui explique la décision de la BCE, dont le premier souci est de contrô­ler l’inflation, de ne pas réduire les taux d’in­térêt bancaires.

Akef Al-Maghrabi, vice-président de la Banque Misr, affirme qu’au niveau de sa banque, une somme de 60 milliards de L.E. a été déposée dans les certificats d’investisse­ment générant un intérêt de 20% et qui devront arriver à échéance entre fin mai et fin juin. Il prévoit que ces sommes seront achemi­nées vers des dépôts bancaires à un an avec un taux d’intérêt de 17% ou des dépôts à 3 ans avec un taux d’intérêt de 15%. Ces certificats sont offerts par les deux plus grandes banques publiques du pays, à savoir la Banque Misr et la Banque Nationale d’Egypte (Al-Ahly).

« Une partie limitée des sommes déposées dans les certificats a été investie en Bourse, mais la plus grande partie restera dans le système bancaire », prévoit Chéhab Hélmi, analyste bancaire auprès de Prime Holding. Il estime qu’un retrait massif des dépôts ne risque pas d’avoir lieu que suite à une baisse plus importante des taux d’intérêt. « Les dépôts générant un taux d’intérêt annuel de 15 ou 17% restent un choix d’investissement adéquat pour beaucoup de personnes », insiste-t-il. Un avis partagé par Mohamad Abou-Bacha, économiste en chef auprès d’EFG-Hermes.

La Bourse pour les preneurs de risques

Les personnes plus audacieuses pourront choisir la Bourse pour investir leur argent. En effet, les économistes prévoient une bonne performance de la Bourse égyptienne pour l’année en cours. « La Bourse est un bon choix pour le moment, c’est l’investissement le plus prometteur cette année. Elle sera à la hausse avec les offres prévues de grandes entreprises publiques et la baisse des taux d’intérêt des bons et des obligations du Trésor », estime Iman Negm, économiste en chef auprès de Prime Holding. Elle souligne également, comme facteurs encourageants, la stabilisation de la situation politique et les rapports positifs du Fonds Monétaire International (FMI) et des agences de notation, même si elle reconnaît que par définition, la Bourse est une activité à risque.

Mohamad Abou-Bacha propose, lui, les fonds d’investissement: « C’est une option qui ne reçoit pas l’attention qu’elle mérite. Ces fonds peuvent représenter un investissement à court ou à long terme pour les gens qui ont des épargnes et qui n’osent pas s’aventurer en Bourse ».

Le dollar n’est plus le cheval gagnant

Le taux de change de la livre égyptienne face au dollar a enregistré une baisse de 25 piastres en ce mois de mai après une longue période de stabilité. Pour les économistes, qui ne pré­voient aucune hausse importante du billet vert, cette légère hausse du prix du dollar s’explique par une éventuelle hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis au mois de juin ainsi que, à l’échelle locale, par une hausse de la demande de la part des importateurs, un phénomène récurrent au mois du Ramadan. Les experts rappellent également que les sources de reve­nus en dollar, comme le tourisme, le Canal de Suez et les investissements étrangers ont retrouvé santé. « La hausse du dollar de 1,5 % face à la livre égyptienne n’est pas significa­tive. Choisir l’épargne en dollar n’est pas une stratégie gagnante, surtout si les banques offrent des taux d’intérêt de 15 ou 17% sur les dépôts en livre égyptienne », explique Negm. L’or, souvent lié au dollar, n’est pas un choix pour ceux qui veulent investir sur le court terme, vu la fluctuation de ses prix sur le mar­ché international, avertissent les économistes.

L’immobilier, conserver la valeur de l’argent

Le secteur immobilier était classiquement l’un des choix favoris des Egyptiens pour conserver la valeur de leur argent, surtout que le prix de l’immobilier n’a jamais connu de baisse. Or, selon les économistes, l’immobilier en Egypte n’est plus un domaine de spécula­tions, comme ce fut le cas avec la création des villes satellites autour du Caire. « Le secteur immobilier est en bonne santé, les ventes des entreprises de développement immobilier sont en hausse, et la demande se maintient. Normalement, une partie des dépôts bancaires sera orientée vers l’achat immobilier, soit pour répondre à une demande réelle, soit pour conserver la valeur de l’argent », explique Abou-Bacha. L’économiste note toutefois que la revente des unités de logement ne représen­terait pas un gain important sur le court terme, et qu’elle serait d’autant plus difficile pour les particuliers, vu que le paiement se fait généra­lement comptant, contrairement aux entre­prises de l’immobilier qui proposent des paie­ments sur plusieurs années .

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