Les usines de fer consomment 1,73 milliard de m3 de gaz par an. Son prix pourrait tripler d'ici 2017.
(Photo: Reuters)
La libéralisation des prix de l’énergie est indispensable mais, néanmoins, très soudaine. Toutes les parties, tant le gouvernement que les milieux d’affaires le reconnaissent. Et pour la première fois, les industriels admettent qu’un changement soit nécessaire. Mais industriels et gouvernement s’affrontent, chaque camp cherchant à minimiser les pertes.
« Les industriels pressent le pas afin de maximiser leurs revenus. C’est légitime. Cependant, nous ne sommes pas obligés d’accepter toutes les demandes. Nous travaillons dans l’intérêt de l’Etat et par conséquent, des classes les plus pauvres », explique Tareq Moustapha, président de la commission de l’industrie et de l’énergie auprès du Conseil consultatif.
« Nous avons reçu une copie de l’étude préparée par l’Union des industries. Elle renferme de bonnes idées mais elle ne prend pas en considération la crise financière à laquelle le gouvernement doit faire face. Les industriels refusent d’en assumer les frais. Ils refusent de partager la facture avec le gouvernement alors qu’ils profitent de ces subventions depuis de longues années ». Les subventions accordées à l’énergie représentent une part grandissante du budget. Elles sont passées de 36 milliards en 2005/2 006 à 115 milliards en 2012-2013. Tareq Moustapha a confié à l’Hebdo les principaux traits du plan de libéralisation élaboré par le comité. « Nous avons presque terminéles traits principaux du programme de libéralisation des subventions de l’énergie. Il sera finalisédans quelques jours, pour être mis en application le 1er juillet prochain », explique-t-il.
Selon Moustapha, l’augmentation des prix est la même que dans le plan proposé par le comité des industriels, mais la durée de la mise en place de la réforme est plus courte. La libéralisation complète des prix aura lieu sur une période de 3 ans pour les industries grosses consommatrices d’énergie et 5 ans pour celles faibles consommatrices d’énergie. Cette libéralisation sera répartie en 4 phases, dont la durée de chacune sera de 9 mois maximum. « La première phase sera sans doute plus longue, pour diminuer l’intensitédu choc. Le début est toujours plus difficile », affirme Moustapha.
Le plan des industriels
L’Union des industries avait également élaboré un plan de libéralisation de l’énergie accordée à l’industrie. Il s’agit d’augmenter le prix du gaz accordé aux industries grosses consommatrices d’énergie de 4 à 12 dollars pour chaque million d’unités britanniques sur une période de 4 ans. Pour les entreprises à faible consommation d’énergie, le gaz passera de 3 à 6 dollars pour chaque million d’unités britanniques sur une période de 6 ans.
En revanche, l’Union a demandé de passer à 8 milliards de L.E. au lieu de 3,1 milliards le fonds des subventions accordées aux exportations dans le nouveau budget 2012/2013. « Nous sommes bien conscients de la crise ; le secteur industriel est àla traîne. Il a besoin d’un réel coup de pouce pour pouvoir se redresser et être concurrentiel », explique Chérif Al-Zayyat, membre de la Chambre des produits chimiques auprès de l’Union des industries et maître de l’étude. A cet égard, confirme Mahmoud Shahouta, agent de la commission de l’industrie et de l’énergie, « nous allons sans doute soutenir les industriels, avec une hausse des subventions àl’exportation. Cependant, 8 milliards de L.E. de subventions c'est un chiffre exagéré», dit-il.
A noter que selon l’étude présentée par l’Union des industriels, le total des subventions d’énergie accordées à l’industrie ne dépasse pas les 10 milliards de L.E. Le conseil consultatif du gouvernement nie cette somme et assure que le total des subventions à l’industrie s’élève à 40 milliards de L.E. Il explique que les 10 milliards de L.E. représentent la valeur des subventions directes. Le reste sera distribué sous forme de subventions indirectes. « Si ce nombre est juste, ce àquoi je ne pense pas, comment osent-ils demander une hausse parallèle des subventions accordées àl’industrie de 8 milliards ? L’équation sera ainsi la même et le Trésor de l’Etat n’économisera rien », dit Shahouta.
Les cibles du gouvernement
L’objectif du plan élaboré par le Conseil consultatif est de s’attaquer séparément aux subventions allouées à chaque secteur industriel. Il y a des secteurs qui ne figurent pas parmi les industries fortes consommatrices d’énergie, mais elles seront quand même visées par les restrictions. « Le verre est en tête de liste », explique-t-il.
L’Union des industries avait demandé d’exclure le verre de la liste des industries fortes consommatrices.
Le fer et les engrais subiront l’impact des restrictions des subventions les premiers. Nous avons déjà finalisé l’équation de la hausse des prix. « Les industriels, notamment ceux des usines des engrais qui s’étaient vu confirmer la stabilitédes prix par le gouvernement, devront accepter la hausse des prix et rester àla table des négociations au lieu d’avoir recours àl’arbitrage international. Nous disposons également de moyens de pression. Nous pouvons imposer des taxes sur leurs exportations. La loi nous permet une telle procédure », dit-il.
En ce qui concerne le secteur du ciment, le plan insiste sur l’utilisation plutôt du charbon que du gaz naturel pour l’industrie du ciment lors des prochains 36 mois. A noter que 89 % des cimenteries dans le monde dépendent du charbon. « Il est moins cher, même importé, son prix est de 4 dollars par million de BTU », affirme Moustapha.
La diversification des sources d’énergie est l’un des points les plus importants suggérés par le Conseil consultatif. L’énergie nucléaire devient indispensable.
Le secteur électrique est l’un des secteurs les plus consommateurs en gaz, et consomme jusqu’à 58 % de la production de gaz. Le charbon doit remplacer progressivement le gaz naturel, en raison de son faible coût et des faibles réserves en gaz naturel en Egypte. Les négociations promettent d’être rudes .
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