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Vers une inclusion financière plus sûre

Amani Gamal El Din, Lundi, 30 avril 2018

La loi sur les biens meubles, son cadre opérationnel et le registre des sûretés sont un avantage dans un pays oùles PME ont du mal àobtenir un financement. Analyse.

Vers une inclusion financière plus sûre

Bonne nouvelle pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME). En donnant le feu vert au « registre des sûretés », qui élargit le cadre des garanties nécessaires au financement bancaire des PME, les banques et les différentes entités ont vite répondu à l’appel.« 19 banques, dont la Banque Misr, la CIB et la Banque Nationale d’Egypte, 8 compagnies d’hypothèque immobilière, une société de micro-financement et l’Organisme de développement des PME ont adhéré au registre des sûre­tés ». C’est ce qu’a précisé récemment Mohamad Kafafi, PDG de la Compagnie égyptienne pour les informations sur les cré­dits, I Score, qui gère le registre.

Le registre des sûretés représente le cadre opérationnel de la loi sur les actifs meubles, promulguée il y a plus de trois ans. La loi a élargi le cadre des garanties fournies aux banques pour obtenir un financement bancaire. La liste comprend les machines, les équipements, les entrepôts, les animaux, les récoltes, les matières brutes et les brevets d’invention.

Le registre des sûretés suit le profil du client à travers une base de données compète, il détecte son insolvabilité et lui attribue une note de crédit. « La loi sur les actifs meubles per­mettra l’entrée de la plupart des PME, qui sont dans l’informa­lité à 80%, dans l’économie formelle, et de mieux contribuer au PIB », déclare Khaled Nagati, PDG de la compagnie Metropolitan et ex-vice président de l’Union internationale des PME. Et de poursuivre que la plupart des gérants des PME détiennent des actifs et ne possèdent pas de registres commer­ciaux. La loi leur permettra d’obtenir des prêts en contrepartie de garanties meubles qui sont reconnus actuellement par l’Etat. Alaa Al-Sakti, président de la Fédération des associations des PME, pense toutefois que la loi ne contribuera pas à formaliser le secteur informel. « Il faut reconnaître que la loi sur les actifs meubles est une évolution importante. Mais je ne peux pas dire qu’elle contribuera à formaliser un secteur qui travaille à plus de 80% dans l’informel». Même son de cloche chez Mahmoud Gamaleddine, investisseur dans l’infrastructure et homme d’af­faires. « Je crois que les bénéficiaires de ce système seront les PME qui travaillent dans le secteur industriel », indique-t-il. Al-Sakti ajoute que pour que cette loi attire les PME infor­melles, il faut que l’Etat travaille sur deux phases graduelle­ment. D’abord, commencer par le secteur formel en allégeant la bureaucratie et en réajustant le système fiscal. « Si cette phase est achevée avec réussite, c’est à ce moment-là seulement que les plus petites et micro-entreprises voudront intégrer le sys­tème, car elles verront que les entreprises du secteur formel sont devenues bénéficiaires », renchérit-il.

Des moyens encore maigres

Vers une inclusion financière plus sûre
La loi sur les biens meubles élargit le cadre des garanties nécessaires au financement bancaire des PME.

« La loi sur les biens meubles et l’entrée en fonction du registre permettra d’élargir la sphère de financement des PME et consolidera l’inclusion financière. Elle permettra d’améliorer la note de l’environnement des affaires en Egypte, notamment les PME dans Doing Business », a déclaré Sahar Nasr, ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale.

En effet, la note de l’Egypte ne s’était pas améliorée dans le rapport 2017 de Doing Business parce qu’à sa sortie, le cadre légal nécessaire à certaines réglementations commer­ciales n’avait pas encore été mis en place. Cependant, les analystes affirment que l’Egypte doit promulguer des lois et prendre des mesures qui régissent les transactions bancaires et non bancaires.

Pour promouvoir les PME, le gouvernement a pris des mesures concrètes de nature à leur faciliter le financement bancaire, étant convaincu de leur rôle essentiel dans la crois­sance économique. La Banque Centrale d’Egypte (BCE) avait lancé en 2016 une initiative de financement qui a mis à la disposition des PME 200 milliards de L.E. de crédits sur 4 ans avec des taux d’intérêts minimes et stables. En outre, les banques se sont engagées devant la BCE à consacrer aux PME 20% de leurs portefeuilles de prêts d’ici 2020. Les récentes statistiques publiées par le portail du journal quoti­dien Al-Ahram et rapportées par la BCE révèlent que 61 000 entreprises ont bénéficié de l’initiative. Elles ont reçu un financement à hauteur de 67,7 milliards de L.E.

Selon un rapport publié par le Centre égyptien des études économiques (ECES), plusieurs initiatives ont été lancées par l’Industrial Modernisation Center et la compagnie Misr Venture Capital pour sauver les usines de la faillite. Mais aucune information n’a été publiée sur le suivi de cette initiative.

Encore des défis

Toujours selon l’ECES, les problèmes des PME doivent être vus sous un angle plus exhaustif, qui va au-delà du financement bancaire. Il y a, par exemple, le problème pri­mordial de la mauvaise gestion, ceux du marketing et de la formation. « Ces initiatives de financement bancaire et non bancaire sont certes louables, mais elles sont sporadiques et ne s’inscrivent pas dans une stratégie et un plan d’action étatique clair. Par exemple, il y a des opportunités pour les PME dans le secteur de l’infrastructure, mais j’ignore com­ment les recenser et même je serais confronté à un manque de formation », commente Gamaleddine. Et d’ajouter que les politiques publiques doivent savoir quelle est l’orienta­tion de l’Etat et ce qu’elles veulent des PME et les diriger vers les secteurs de l’économie qui sont prioritaires. « Le pays a également besoin de PME spécialisées dans l’infor­matique, les travaux d’électricité, la pétrochimie et le pétrole », renchérit-il.

L’adoption de la loi sur les biens meubles est une bonne décision qui suit la voie des économies émergentes qui la considèrent comme primordiales pour le financement des PME. Selon l’International Finance Corporation, les transac­tions sur les biens meubles doivent passer par 3 phases, à savoir la législation, le registre et le renforcement des capacités. L’Egypte est passée par la première et la deuxième, il reste la troisième.

A cet égard, Alaa Al-Sakti est clair. Selon lui, il faut que la loi et le registre soient suivis d’une campagne de promotion pour que les gens y soient sensibilisés à travers différents moyens comme les ateliers, les conférences et les informations par le biais des médias.

La loi sur les biens meubles et le registre garantissent les droits des débiteurs et des créditeurs et la transparence des crédits. Mais elle sera plus bénéfique si les maux logis­tiques des PME sont résolus dans un cadre institutionnel plus clair.

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