La ministre Sahar Nasr, lors des réunions du printemps à Washington.
(Photo:Ministère de l'Investissement et de la Coopération internationale)
Une première. Le Fonds Monétaire International (FMI) va tenir une conférence en Egypte les 5 et 6 mai prochain : « La Croissance inclusive et les offres d’emploi dans la région arabe ». Une annonce importante faite par la directrice exécutive du FMI, Christine Lagarde, en marge des réunions annuelles du FMI, auxquelles a pris part la délégation égyptienne participant à la conférence. Il s’agit de mettre en lumière les réalisations économiques adoptées par le gouvernement égyptien au cours des deux dernières années et de discuter des réformes nécessaires pour la prochaine période, afin d’achever le programme des réformes avec réussite et de réaliser une croissance capable de faire profiter à toutes les classes sociales (voir encadré).
L’Egypte a, en effet, entamé un sérieux programme de réforme économique au cours des deux dernières années et a entrepris des mesures aussi sévères que nécessaires. D’abord, le flottement de la L.E. vis-à-vis du dollar et un programme de restructuration des subventions à l’énergie, à l'électricité et aux produits pétroliers. Un programme de protection sociale a été adopté en parallèle. Mais « le gouvernement doit élargir le parapluie de ces mesures pour qu’elles profitent aux différentes classes de la société et surtout la classe moyenne, celle qui a le plus souffert des réformes », a dit un responsable auprès du FMI.
Ainsi, selon Mme Lagarde, la conférence va discuter avec le secteur privé, des experts économiques locaux et internationaux et des responsables du gouvernement des moyens propices pour que la croissance bénéficie à toutes les classes. Et ce, notamment en tirant profit des expériences d’autres pays de la région ayant des circonstances similaires à celles de l’Egypte. « L’Egypte a effectué d’importantes réformes sur le niveau économique, et ce, avec l’assistance du FMI », a dit Mme Lagarde, au cours des réunions du printemps du FMI, tenues du 19 au 22 avril à Washington.
Prévisions à la hausse
En fait, les institutions internationales, dont le FMI et la Banque Mondiale (BM), ont élevé leurs prévisions pour la croissance économique au cours de l’année fiscale en cours et l’année prochaine. Le FMI a prévu un taux de croissance de 5,2 % pour l’année 2017-2018 et de 5,5 % pour 2018-2019. Le FMI avait auparavant prévu un taux de 4,8 % pour 2017-2018. Les prévisions du FMI vont de pair avec celles du gouvernement pour l’année fiscale en cours, mais sont moins optimistes que les prévisions du gouvernement pour la prochaine année fiscale. En effet, le gouvernement estime réaliser un taux de croissance de 5,8 % en 2018-2019.
De même, dans son outlook annuel, le FMI prévoit une « légère » hausse du taux d’inflation, pour atteindre 20,1 % au cours de l’année fiscale en cours, et ce, suite à une troisième hausse des produits pétroliers prévue en juillet prochain. Cependant, l’inflation devrait, selon le FMI, régresser au cours de la prochaine année fiscale suivante pour atteindre 13,7 %. Dans son rapport, le FMI a également augmenté ses prévisions quant au déficit du compte courant à 4,4 % et 3,9 %, contre 4,5 % et 4 %, au cours des mêmes années fiscales. Une baisse du taux de chômage est également prévue au cours de la même période : 11,1 % et 9,7 %, contre des prévisions précédentes de 11,2 % et 9,9 %.
« Le gouvernement a entrepris des mesures de réforme audacieuses et attendues depuis longtemps », a expliqué Ahmed Kojok, adjoint du ministre des Finances pour les politiques monétaires, faisant référence au flottement de la L.E. et à la restructuration des subventions pétrolières et celles sur les produits alimentaires. Et d’ajouter : « Les réformes ont été difficiles, mais elles ont commencé à porter leurs fruits », en assurant que l’Egypte est sur le bon chemin. Kojok a en outre expliqué que le programme de réforme a aussi inclus un volet social, avec l’augmentation de 15 à 50 L.E. de l’aide financière accordée par l’Etat aux catégories les plus démunies, en plus de l’augmentation des pensions de retraite. L’adjoint du ministre des Finances a déclaré que les réformes entreprises récemment en Egypte avaient valu au pays un taux de croissance de 5 % au premier semestre 2017, et ce, pour la première fois depuis 2008.
Il a ajouté que 100 000 emplois avaient été créés en 2017, soit 80 % de la totalité des emplois créés dans les années 2013, 2014 et 2015. En ce qui concerne la rationalisation des subventions à l’énergie et son influence sur certains secteurs de production, Kojok a déclaré : « Il est vrai qu’il y a un impact négatif, mais il y a aussi un côté positif qu’il ne faut pas négliger : la tarification correcte de l’énergie et les besoins de la production ont aidé à créer de grandes opportunités dans des secteurs qui n’étaient auparavant pas prisés par les investisseurs ». Le responsable cite ainsi les exemples des secteurs du transport fluvial et du transport des marchandises : de nombreux investisseurs ont exprimé leur volonté d’investir dans ces domaines dans un climat de compétitivité équitable qui existe actuellement et qui a été réalisé grâce à l’ajustement des coûts. L’Egypte semble bel et bien être sur le bon chemin. Selon Oxford Business Group (OBG), les investissements étrangers directs ont enregistré 8,1 milliards de dollars en 2016, le niveau le plus élevé depuis 2008. « Et en 2017 une autre hausse est prévue », selon l'OBG.
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