Bien que les zones rurales restent les plus pauvres, les zones de pauvreté augmentent dans les villes.
(Photo: AP)
La hausse de la pauvreté en Egypte au cours des dernières années a aggravé le problème de l’insécurité alimentaire. En 2011, 13,7 millions d’Egyptiens (soit 17 % de la population) souffraient d’insécurité alimentaire contre 14 % en 2009, selon un rapport conjoint du Programme alimentaire mondial des Nations-Unies (PAM), de l’Organisme central de la mobilisation publique et des statistiques (CAPMAS) et de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI). Selon les chiffres officiels, le quart de la population (21 millions d’Egyptiens) vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette catégorie de la population représentait 21,6 % des Egyptiens en 2009 et 25,2 % en 2011. Alors qu’un autre quart de la population est juste en dessus du seuil de pauvreté. Selon le rapport, près de 19 millions de personnes risquent de tomber subitement en dessous du seuil de pauvreté en cas de baisse de leurs revenus.
Une série de crises a contribué à ce recul de l’insécurité alimentaire qui affecte normalement les foyers les plus vulnérables. Parmi ces crises, le PAM note la hausse spectaculaire des prix du pétrole en 2007/08 et la hausse des prix des produits alimentaires vers la fin de 2010. Ces facteurs ajoutés à la détérioration des conditions économiques, due à l’instabilité politique après la révolution et une stagnation des revenus, ont donné lieu à cette dégradation de la situation alimentaire en Egypte.
En raison de la hausse des prix, les familles tendent à changer leurs régimes de consommation en achetant des produits moins chers ou en réduisant la consommation des aliments les plus chers. Le résultat est moins de diversité alimentaire et donc plus de problèmes de santé. Ainsi, on note en Egypte des retards de croissance chez les enfants de moins de 5 ans, ainsi que des cas d’obésité et d’anémie.
Le taux des retards de croissance chez les enfants de moins de 5 ans a atteint 31 % en 2011 contre 23 % en 2005. « Ces retards de croissance sont le signe d’une malnutrition chronique aux effets irréversibles et qui empêchent l’enfant d’atteindre son plein potentiel de développement mental et physique. De plus, dans neuf gouvernorats à travers le pays, un peu plus de la moitié des enfants de moins de cinq ans souffrent d’anémie, une maladie considérée comme un problème sérieux de santé publique par l’Organisation mondiale de la santé », notent les auteurs du rapport.
Inflation à 11,6 % en 2014
L’avenir proche des pauvres ne semble pas plus rayonnant. Le Fonds Monétaire International (FMI) prévoit une inflation de 10,9 % vers la fin de l’année en Egypte. Ce taux grimpera à 11,6 % en 2014 étant donné que le gouvernement introduira un système de baisse des subventions. Pour faire face à un déficit croissant, le gouvernement a adopté un plan de rationalisation de l’énergie qu’il mettra en vigueur en juillet prochain. Les subventions bénéficient en partie aux riches et aux classes moyennes, comme les subventions à l’essence ou une partie des subventions au gaz naturel. Mais toute hausse du coût des transports aura un effet direct sur les prix des produits alimentaires. En 2006, les prix des biens et des services avaient augmenté suite à une hausse des prix du carburant. Le taux d’inflation annuel avait ainsi grimpé pour atteindre, en avril 2007, un taux record de 12,8 %.
La dévaluation de la livre égyptienne de quelque 10 % depuis décembre 2012 et les prévisions sur la poursuite de cette dévaluation ne sont pas de nature à rassurer dans un pays qui importe une bonne partie de son alimentation et qui est le premier importateur mondial de blé. Etant donné cette situation, le rapport décrit l’Egypte comme particulièrement vulnérable aux hausses des prix mondiaux des produits alimentaires ainsi qu’aux fluctuations des taux de change. « Les subventions doivent répondre aux besoins des plus vulnérables. Il faut établir un réseau d’assurance sociale pour faire face aux effets négatifs de la baisse des subventions et diriger celles-ci au bénéficie des plus pauvres », dit Gian Pietro Bordignon, représentant du PAM en Egypte.
L'Egypte : 25 % de pauvres
Le taux de pauvreté augmente plus rapidement dans les villes que dans les campagnes. Un rapport du Programme alimentaire mondial des Nations-Unies et de l’Organisme central de la mobilisation publique et des statistiques estime qu’entre 2009 et 2011 la pauvreté a augmenté de 40 % dans les zones urbaines pour toucher 15,3 % des citadins. Le taux de pauvreté reste cependant toujours plus élevé dans les zones rurales. Celles-ci souffrent d’un taux de pauvreté de 32,3 % contre une moyenne nationale de 25 %. Au cours de la même période, la pauvreté a augmenté dans les villages et les campagnes de 11,7 %.
La moitié des pauvres en 2011 sont des nouveaux pauvres. Ce qui signifie que certains sont passés en dessous du seuil de pauvreté alors que d’autres le franchissaient dans le sens inverse.
Logiquement, c’est Le Caire qui compte le plus de pauvres (3,8 millions) suivi par deux gouvernorats de Haute-Egypte, Assiout (2,6 millions) et Sohag (2,4 millions). La pauvreté chronique est la plus ancrée dans ces deux gouvernorats, avec une moyenne dépassant les 60 % .
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