La session inaugurale de la conférence.
Marrakech,
De notre envoyée spéciale —
La région arabe a la possibilité de cultiver les talents de ses jeunes et de ses femmes et de profiter de la reprise économique mondiale pour accélérer les réformes et doper la croissance et la création d’emplois. Tel est le message de la conférence de Marrakech, coorganisée les 30 et 31 janvier dernier par le gouvernement du Maroc, le Fonds Monétaire International (FMI), le Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social (FADES) et le Fonds monétaire arabe, sur le thème « Opportunités pour tous: croissance, emploi et inclusion dans le monde arabe ». Lors des deux jours de la conférence, les participants ont tous été d’accord sur le fait que les pays arabes offrent d’énormes perspectives— grâce notamment à une population jeune et talentueuse— et qu’ils possèdent une grande richesse et des ressources abondantes. Or, la région arabe reste confrontée à des défis considérables. Entre autres, la persistance de conflits régionaux, le repli des cours des produits de base, une faible productivité et une mauvaise gouvernance freinent son potentiel considérable. « La croissance n’a pas été suffisamment forte pour réduire sensiblement le chômage, qui atteint le taux élevé de 25% chez les jeunes», a regretté Christine Lagarde, directrice exécutive du FMI, au cours de son allocution lors de la session inaugurale de la conférence.
La conférence de Marrakech a été l’occasion pour les décideurs et les représentants du secteur privé et de la société civile de débattre des perspectives et des défis actuels de la région. Dans le prolongement de la conférence de Amman de 2014, qui a aidé à définir les politiques propres à stimuler l’emploi, la croissance et l’équité dans le monde arabe, la conférence de Marrakech était axée sur les politiques précises à adopter en trouvant de nouvelles sources de croissance et les mesures à prendre pour surmonter les obstacles à leur mise en oeuvre et rendre la croissance plus inclusive. Accroître la transparence et renforcer les institutions, afin d’améliorer la gouvernance, combattre la corruption et assumer la responsabilité des politiques d’inclusion. Rendre le secteur privé plus dynamique en améliorant l’accès aux services financiers, et le climat des affaires en réduisant les obstacles et en allégeant les formalités administratives. Accroître et améliorer les dépenses sociales et les investissements de qualité et rendre la fiscalité plus équitable, afin de stimuler la croissance, et finalement investir dans l’humain et réformer l’éducation pour préparer les travailleurs à la nouvelle économie. Telles étaient les recommandations résumées dans l’appel à l’action (ACT NOW) lancé à Marrakech, qui incite les pays à agir dès à présent. « Bien que des progrès aient été enregistrés ces dernières années en matière de réalisation de ces objectifs prioritaires, il reste encore beaucoup à faire. Cet appel à l’action de Marrakech servira de base à un train de mesures que nous recommanderons aux pouvoirs publics, associés au secteur privé, à la société civile et aux institutions financières internationales, destinées à accroître la croissance et les niveaux de vie dans la région et à créer un avenir plus prospère », a expliqué le premier ministre marocain, Saad Eddine El Otmani, lors de la conférence. Il a en outre évoqué les réformes et les mesures entreprises par le gouvernement marocain. Le Maroc s’est lancé au cours des dernières années, plus précisément depuis 2011, sur une nouvelle trajectoire de réforme institutionnelle et démocratique, une lutte contre la corruption financière et administrative et une protection des droits de l’homme et des classes défavorisées », a-t-il expliqué.
L’Egypte sur le bon chemin
Ahmed Kojok
Pour sa part, Ahmed Kojok, adjoint au ministre des Finances pour les politiques monétaires et membre de la délégation égyptienne, avec Lobna Hilal, vice-présidente de la Banque Centrale d’Egypte, a exposé le programme de réforme de l’Egypte. « Le gouvernement a entrepris des mesures de réforme difficiles, mais longuement attendues », a-t-il déclaré, faisant référence au flottement de la L.E., et à la restructuration des subventions pétrolières et celles sur les produits alimentaires. « Les réformes ont été difficiles, mais elles ont commencé à porter leurs fruits », a dit Kojok, en affirmant que l’Egypte est sur le bon chemin. Kojok a en outre expliqué que le programme de réforme avait aussi inclus un volet social, avec l’augmentation de l’aide financière de 15 à 50 L.E. pour les catégories les plus démunies, en plus de l’augmentation des pensions de retraite. L’adjoint du ministre des Finances a déclaré, lors de la conférence de Marrakech, que les réformes entreprises récemment en Egypte avaient valu au pays un taux de croissance de 5% au premier semestre 2017, et ce, pour la première fois depuis 2008. Il a ajouté que 100000 emplois avaient été créés, soit 80% des emplois créés dans les années 2013, 2014 et 2015. En ce qui concerne l’annulation de la subvention à l’énergie et son influence sur certains secteurs de production, Kojok a déclaré : « C’est vrai qu’il y a une influence, mais il y a aussi un côté positif qu’il ne faut pas négliger, c’est-à-dire que la tarification correcte de l’énergie et les nécessités de la production ont aidé à créer de grandes opportunités dans des secteurs qui n’étaient auparavant pas prisés par les investisseurs ». Il a donné l’exemple du secteur du transport fluvial et du secteur du transport des marchandises, alors que de nombreux investisseurs ont exprimé leur volonté d’investir dans ces domaines dans un climat de compétitivité équitable qui existe actuellement et qui a été réalisé grâce à l’ajustement des coûts. Par ailleurs, Kojok a confié à l’Hebdo que le ministère des Finances avait l’intention d’émettre des eurobonds d’ici à la fin 2018, après l’émission d’obligations en dollars. « Les investisseurs ont actuellement un appétit pour les obligations égyptiennes, vu l’amélioration de l’économie. Ceci à cause de la chute du taux d’intérêt sur les obligations à 10 ans, qui est passé à moins de 5,7, contre 7 % en janvier 2017. Même chose pour les obligations à 30 ans, dont le taux d’intérêt a chuté pour se chiffrer à 5,8 % », a-t-il dit. Et de conclure que les investissements étrangers dans les bons du Trésor atteignent actuellement 19,8 milliards de dollars.
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