L’inflation demeure un challenge de grande envergure, note le rapport de Prime Securities, prévoyant cependant une baisse considérable de l’inflation pour se chiffrer à 21,6 % en 2018. A cet égard, l’agence de notation de crédits Fitch a déclaré que malgré l’amélioration générale des indices macroéconomiques, le problème de l’inflation sera crucial en 2018. En effet, la dépréciation, qui avait accompagné le flottement de la livre égyptienne, a amené l’inflation à des taux sans précédent, jusqu’à 30 %, voire 35,26 %, un pic atteint en juillet 2017. Cette dépréciation a d’ailleurs été une source d’inquiétude de la mission du FMI lors de la révision du programme de réforme économique le 26 septembre dernier qui avait mis l’accent sur la nécessité d’aller de l’avant dans le programme de réformes en procédant à une restructuration des subventions à l’énergie et en raffermissant les politiques monétaires restrictives sur les taux d’intérêt en vue de contrer l’inflation.
Le taux d’inflation a atteint un pic en juillet 2017 se chiffrant à 35,26 %. Cependant, lesmois qui ont suivi ont enregistré une baisse. Selon les projections de Prime Securities, cette tendance sera maintenue et le taux d’inflation devrait atteindre 21,6 % en 2018.
En réaction à la libération du taux de change, le gouvernement et la Banque Centrale d’Egypte (BCE) avaient pris la décision de hausser à 3 reprises les taux d’intérêt bancaires sur les dépôts et les crédits. La première en novembre 2016 a consisté à augmenter les taux sur les dépôts et les crédits de 3 % pour les fixer respectivement à 14,75 % et 15,75 %. La deuxième hausse a eu lieu en mai dernier, lorsqu’ils sont passés de 14,75 % à 16,75 % pour les dépôts et de 15,75 % à 17,75 % pour les crédits. Enfin, en juillet dernier, la BCE a fait une annonce surprise pour les milieux d’affaires en relevant les taux d’intérêt de 2 %. Les taux d’intérêt des dépôts sont alors passés de 16,75 % à 18,75 % et ceux des crédits de 17,75 à 19,75 %. Selon les projections de Prime, un assouplissement de la politique monétaire du gouvernement et de la BCE est prévisible. « Les taux d’intérêt déclineront pour favoriser les investissements, afin d’atteindre le niveau ciblé de 4,5 % de croissance du PIB et pour combler le déficit budgétaire à 9,1 % du PIB. C’est une orientation claire dans les politiques publiques » explique Negm. Bien que le comité des politiques monétaires de la BCE, qui s’est réuni jeudi 28 décembre, ait maintenu les taux d’intérêt à leurs niveaux actuels, Prime prévoit une chute des taux d’intérêt de 400 à 500 points durant l’année fiscale courante 2017-2018. L’assouplissement est, en effet, préconisé par certains économistes tel Amr Adly, professeur de politique économique à l’Université Américaine du Caire qui, dans une déclaration à l’Hebdo, a indiqué que « l’inflation était due à la hausse des prix, elle-même due à la dévaluation et à la hausse des prix des moyens de production, raison pour laquelle la hausse des intérêts n’a pas freiné l’inflation ». Pharos prévoit également un assouplissement graduel des politiques monétaires. Il avance cependant qu’un assouplissement agressif des politiques monétaires en Egypte aura des risques négatifs à cause de conditions financières globales favorisant des resserrements des politiques monétaires pour maintenir la reprise économique solide aux Etats- Unis dans l’Union européenne ainsi qu’une forte croissance en Chine. « Nous prévoyons que la BCE baissera graduellement les taux d’intérêt sur les crédits de 19,75 % à 17,25 % au cours de l’année 2018 et à 15,50 % au cours de 2019 », a noté le rapport.
Une croissance forte due à la dynamique d’investissements
Entre gouvernement, agences de notation et analystes économiques, les estimations quant à la croissance divergent. Le taux de croissance du PIB, selon les estimations de Prime, sera à la hausse. « Il est prévu qu’il atteigne 4,5 % début 2018, puisqu’il passe à 5 % fin 2018 puis en 2019 », annonce le rapport de la maison de courtage. Ces prévisions vont dans le même sens que celles effectuées par les macro-analystes de Pharos pour début 2018, bien que ces derniers aient été beaucoup plus optimistes concernant les perspectives pour fin 2018 et 2019 (6,1 %). L’agence Fitch prévoit, quant à elle, une croissance entre 4 et 5 % en 2018, et Reuters de 4,4 %. Le gouvernement égyptien avait, lui, annoncé, par le biais du ministre des Finances, Amr Al-Garhi, au cours de la conférence Euromoney tenue en septembre dernier, que le taux de croissance prévu était de 5 à 5,5 % pour l’année fiscale 2017-2018.
Dans son rapport, Prime note qu’en 2017, le gouvernement avait calculé une baisse de la croissance, qui était passée à 4,1 % contre 4,3 % en 2016. « Ce recul a été attribué à un léger affaiblissement du taux de croissance enregistré au niveau des dépenses à la consommation et de l’investissement public et de celles des ménages à cause du resserrement des politiques monétaires et fiscales au lendemain du flottement, à l’heure où les exportations nettes ont été l’un des principaux facteurs de maintien des degrés de croissance en 2017 », précise Abou-Bakr Imam, chef analyste auprès de Prime.
Des activités économiques multisectorielles
Une dynamique durable des activités économiques au cours des cinq prochaines années, fondée sur plusieurs facteurs, permettra de maintenir les taux de croissance du PIB projetés, d’après Iman Negm, analyste économique auprès de Prime. A commencer par le flux des Investissements directs, dont le chiffre visé par le gouvernement dépasse potentiellement la barre des 10 milliards de dollars, conformément à une déclaration faite par la ministre de l’Investissement, Sahar Nasr, au quotidien saoudien Al-Charq Al-Awsat.
Les autres facteurs sont l’assouplissement des politiques monétaires, la découverte des nouveaux gisements de pétrole et de gaz, l’application de la nouvelle TVA, la nouvelle loi sur les licences industrielles, la nouvelle loi relative à la faillite et, enfin, la reprise du tourisme. « Les secteurs les plus susceptibles de dépasser le taux de croissance du PIB projeté seront le tourisme, le secteur industriel, l’électricité et la communication. Quant au secteur minier, il se refera une santé grâce aux découvertes des nouveaux gisements de pétrole et de gaz et l’entrée en fonction du gisement de gaz de Zohr en 2018 », explique Negm. Et d’ajouter : « C’est donc l’investissement et les exportations qui devront booster la croissance, surtout à la lumière du resserrement de la consommation privée et publique sur fond de mesures d’austérité et d’inflation ».
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