
Le FMI prévoit une croissance de 17 % en 2013 grâce au secteur pétrolier libyen.
15 mois après la chute de Kadhafi, l’économie libyenne reprend vite ses performances, à l’inverse de toutes les prévisions. « Nous prévoyons une croissance de 3 % cette année grâce à la production pétrolière », a dévoilé le ministre libyen de l’Economie, Mustafa Abofanas, la semaine dernière à l’agence britannique Reuters. Une prévision qui paraît prudente, comparée aux estimations des différentes institutions internationales telles que le Fonds Monétaire International (FMI). Ce dernier a prédit dans son rapport sur la Libye, publié le mois dernier, une croissance record de 17 % cette année et de 7 % en moyenne entre 2014 et 2017. « Cette estimation reflète notamment une prospérité marquante de cette économie qui était au bord de la faillite au lendemain de la révolution. La Libye a remarquablement progressé dans la reprise, la croissance économique et le développement après la révolution. Les derniers indicateurs pointent vers une restauration de la production d’hydrocarbures dans le courant de cette année et un rétablissement complet de la croissance dans le secteur hors hydrocarbures en 2014 », indique le rapport. La revue The Economist a, pour sa part, enregistré que l’économie libyenne avançait à pas rapides en 2013. Selon la section des études économiques de cette revue, la croissance en Libye sera soutenue par la reconstruction du pays, lancée suite à la chute de Kadhafi et qui atteindra un taux de 23 %.
La Libye a pu atteindre les chiffres de sa production d’antan, soit 1,6 million de barils par jour en un temps record, après être tombée à zéro pendant la révolution. Les compagnies occidentales — dont le groupe pétrolier français Total — sont toutes revenues très vite dans le pays. Cette reprise l’a conduite à réaliser une croissance du secteur de 100 % l’année dernière, car le pétrole et le gaz sont le nerf de la vie économique libyenne, représentant de 94 à 98 % des revenus gouvernementaux. Ainsi, le pays prévoit le passage de sa production quotidienne de pétrole à 1,8 million de barils/jour dans les 3 prochaines années. « Nous tendons, avec détermination, vers l’augmentation des parts libyennes sur le marché international de la production du pétrole dans le cadre de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) », a déclaré le ministre libyen du Pétrole, Abdel-Bari Al-Arroussi, en ajoutant que Tripoli fixera le débat lors de la prochaine réunion de l’OPEP prévue le 31 mai. En outre, le FMI a révélé que l’inflation est tombée à 6 % en 2012, et attend une nouvelle baisse cette année. Pour lui, la situation financière a commencé à se redresser après le 16 décembre 2011, date de la levée des sanctions de l’Onu qui avait gelé les avoirs extérieurs de la Libye. « Ceci a permis à la Banque Centrale de fournir des liquidités en devises aux banques et d'aider à redresser les activités des banques commerciales. Conséquence : résolution du problème du manque de devises dans le pays », selon le rapport du FMI affirmant qu’en 2012, la masse monétaire a augmenté de 11,5 % avec un transfert de la monnaie aux dépôts, reflétant la confiance accrue dans le système bancaire.
Défis multiples et majeurs
Malgré la reprise de la performance économique, les défis sont multiples et majeurs. A court terme, l’instabilité politique et le manque de sécurité représentent de vrais obstacles qui menacent les investissements étrangers. Pour surmonter partiellement ces défis, le ministre libyen du Pétrole a annoncé la volonté des nouvelles autorités de Tripoli « d’accorder des facilités pétrolières dans le domaine de l’exploration et de la production en faveur d’un certain nombre de multinationales », sans révéler plus de détails sur la nature de ces facilités.
De même, la vie de la plupart des Libyens ne s’est pas améliorée, malgré le déclenchement de la révolution contre un régime qui s’est accaparé l’économie du pays pour satisfaire ses propres intérêts et qui a complètement ignoré le développement des infrastructures. Selon les sources libyennes, le pays a besoin de 400 milliards de dollars pour reconstruire l’infrastructure et remédier aux destructions que leur ont léguées la guerre américaine, l’Otan et les brigades de Kadhafi dans un nombre de villes et d’installations vitales. Les responsables, quant à eux, ont affirmé que la priorité serait donnée aux contributions des pays amis et frères qui ont soutenu le peuple libyen dans sa révolution contre la dictature. A ce jour, l’Egypte, les Emirats unis et l’Inde sont les premiers invités par les autorités libyennes à y participer.
A moyen terme, la diversification de l’économie reste un défi important avec la fluctuation des revenus pétroliers. Pour apaiser la dépendance du pays de cette source principale des revenus gouvernementaux, le ministre du Pétrole a déclaré qu’il existe des producteurs « qui s’intéressent notamment à l’exportation des produits divers tels que l’huile d’olive. De même, on prévoit de développer le secteur du tourisme, mais il sera difficile de déterminer la participation de ces facteurs dans les revenus gouvernementaux, car nous sommes déjà dans la phase d’étude », assure Abofanas.
Restructuration du système des subventions
La Libye s’est adhérée à l’Egypte dans son plan d’annulation des subventions à l’énergie pour répondre aux recommandations du Fonds Monétaire International (FMI) quel que soit l’impact sur la population. Le ministre du Pétrole, Abdel-Bari Al-Arroussi, a révélé récemment l’intention de son pays d’annuler les subventions à l’énergie pour toutes sortes d’hydrocarbures au cours des 3 prochaines années. «
ministère va lancer des compagnes de mobilisation pour les citoyens afin de les informer du nouveau système », renchérit le ministre. Cette annonce vient en parallèle avec la publication d’un nouveau système selon lequel les subventions des aliments seront substituées par des subventions monétaires. Selon les estimations du FMI, les subventions à l’énergie et des aliments avalent 14 % du budget de la Libye (soit 7 milliards de dollars). «
Les prix de l’essence et du gasoil devront augmenter sur le marché local pour qu’ils conviennent avec les prix internationaux », assure le ministre du Pétrole. Objectif : réduire les dépenses gouvernementales dans le nouveau budget pour l’an 2013, approuvé récemment par le Parlement, qui s’élève à 66,9 milliards de dinars (soit 52 milliards de dollars). Le tiers seulement de cette somme sera consacré pour la reconstruction du pays après la guerre de 2011 qui a conduit à la chute de la dictature Mouammar Al-Kadhafi. La Libye dépend essentiellement des revenus pétroliers, considérés comme la source principale de revenus gouvernementaux
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