Le gouvernement étudie la restauration de ses dettes extérieures.
(Photo:AFP)
Pour la première fois depuislongtemps, le ministère des Financesprépare l’émission d’obligationslibellées en euro (eurobonds) surles marchés internationaux. La nouvelle a étéannoncée par le ministre des Finances, AmrAl-Garhy, la semaine dernière en marge desréunions de printemps de la Banque Mondiale(BM) et du Fonds Monétaire International(FMI), tenues à Washington. « Le gouvernementa l’intention d’émettre des obligations en europour une valeur allant de 1 milliard à 1,5milliard d’euros », a déclaré Al-Garhy dansun communiqué de presse publié à l’issue desrencontres avec des investisseurs étrangers et desdirigeants de grandes institutions internationales,telles que l’institution américaine JP Morgan etla banque française BNP Paribas dans la capitaleaméricaine.
Selon le plan gouvernemental, l’émission deces titres est prévue pour novembre prochain.Toutefois, des rumeurs prétendent qu’elle serareportée au premier trimestre 2018, pendantlequel le gouvernement émettra également desobligations en dollar pour un montant allant de3 à 4 milliards. Une source au ministère desFinances ayant requis l’anonymat a quant à elledéclaré que le ministère avait préparé, il y a deuxsemaines, le cahier des charges pour choisir lesinstitutions émettrices des titres financiers sur lesmarchés internationaux. « Ce cahier des chargessera lancé d’ici à la fin du mois d’octobre.Ensuite, nous devrons attendre trois à quatresemaines pour terminer les procédures relativesau choix des institutions émettrices », expliquela source, ajoutant que ce sont les banquessélectionnées qui décideront si la priorité seradonnée aux émissions en dollar ou en euro.L’émission de titres financiers en eurointervient dans le cadre d’un programmed’endettement gouvernemental à hauteur de8 milliards de dollars pour l’année financière2017-2018, approuvé le mois dernier par leConseil des ministres. L’objectif principal est decombler le déficit budgétaire gouvernementalen recourant aux moyens de financement lesmoins coûteux possible. « Notre objectif estde diversifier les sources d’endettement. Il ya, en Europe, beaucoup d’argent disponiblepour l’investissement dans des actifs égyptiens.
Nous essayons de tirer profit des conditionsactuelles sur les marchés et des progrèsenregistrés dans le cadre de nos réformeséconomiques », avait indiqué Al-Garhy dansune conférence de presse le mois dernier. Ilavait ajouté : « Notre objectif est d’émettrede nouvelles obligations à des taux d’intérêtinférieurs à ceux des obligations émisesauparavant, vu l’amélioration de la situationéconomique. Nous possédons un programmeannuel de financement interne et externe visantà diversifier les moyens de financement ».Au cours de l’année dernière, le gouvernementégyptien s’est endetté sur les marchésinternationaux en vue de combler l’écartentre les dépenses et les revenus budgétaires,fluctuant entre 10 et 12 milliards de dollars.Le ministère des Finances a réussi à réunir 7milliards de dollars en 6 mois à la Bourse deLondres, ce qui prouve que les investisseursétrangers ont repris confiance dans l’économieégyptienne. L’échéance varie entre 5 et 30 anset les taux d’intérêt de 5 % à 8 %. Le ministredes Finances prévoit l’émission de titres avecdes taux d’intérêt inférieurs à ces niveaux.
Pour sa part, Riham Al-Dessouqi, analysteéconomique auprès de la maison de courtageArqaam Capital, a loué la diversification enexpliquant que le lancement de titres en eurodonnera la chance aux banques et aux institutionségyptiennes d’emprunter sur les marchéseuropéens. « Il y aura ainsi un indicateur chiffréde performance (benchmark) entre le risque et lecoût de l’emprunt pour les banques égyptienneset les sociétés qui désirent emprunter auprès desbanques étrangères », explique-t-elle.
Restructuration de la dette extérieure
Toutefois, compter sur l’endettementextérieur pour répondre aux besoins risqueaussi de faire augmenter la dette extérieure etde compromettre la capacité de remboursementdes services de la dette au cours de la période àvenir. D’après les chiffres de la Banque Centraled’Egypte (BCE), le total de la dette extérieurea bondi, passant de 73 milliards de dollars autroisième trimestre 2016/2017 (mars à juin) à79 milliards de dollars au quatrième trimestrede la même année financière (juillet-septembre).De même, le ratio entre la dette extérieure et lePIB a augmenté rapidement, passant à 41,2 % autroisième trimestre 2016/2017, contre 37,6 % audeuxième trimestre et 16 % au premier trimestre.« Le gouvernement devra verser des servicesde la dette s’élevant à 14 milliards de dollarsl’année prochaine. C’est un montant énorme.J’avais prévu, au début de cette année, que legouvernement reporterait le remboursementd'une part de ses dettes », précise Al-Dessouqi.Ces prévisions ont commencé à se confirmer.« Les Emirats arabes unis et l’Arabie saouditeont accepté de reporter d’une année leremboursement par l’Egypte de ses dettes duesen 2018 », a en effet déclaré le gouverneurde la Banque Centrale, Tareq Amer, il y a 10jours. En 2011, chacun des deux pays avaitaccordé à l’Egypte un dépôt de 2,5 milliardsde dollars pour l’aider à garder ses réserves endevises. Le gouvernement étudie actuellementla restructuration de ces dettes, restructurationconsistant à remplacer celles à court terme pard’autres à plus long terme. « Nous prévoyonsfaire baisser le ratio entre les dettes à courtterme et les réserves en devises à 20 %, contre39 % actuellement », a indiqué une sourcegouvernementale ayant requis l’anonymat aujournal Al-Shorouk .
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