Une relance industrielle est nécessaire pour que les réformes portent leurs fruits.
Les investisseurs égyptiens se sont exprimés lors de la conférence Euromoney, qui a rassemblé cette semaine au Caire un grand nombre d’investisseurs et de responsables sous le thème «
Stabilité et cohésion — Opportunités en Egypte ».
Si pour les citoyens, les réformes entreprises l’année passée, comme la dévaluation de la livre et la réduction des subventions, se sont traduites par une inflation et un faible pouvoir d’achat, les investisseurs, eux, y voient une nécessité pour la stabilité économique. « Ces réformes ont un impact positif sur la performance du marché et aussi au niveau du flux d’investissements », résume Ahmed Badr, directeur général pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord auprès de Renaissance Capital.
Sahar El-Damati, directrice générale adjointe d’Emirates NBD Egypt, estime que les réformes ont été positives pour le secteur bancaire et financier qu’elle représente, mais aussi pour l’investissement en général. La preuve en est, selon elle, les liquidités en dollar (plus de 16 milliards) que l’Egypte a pu s’assurer en un an, contre presque rien l’année précédente. « Mais le plus important c’est que le marché parallèle a disparu, aucun investisseur n’ira s’implanter dans un pays où il y a deux taux de change », souligne-t-elle. « L’autre décision, non moins importante, fut l’annulation des restrictions sur les transferts bancaires. C’est très rassurant pour les investisseurs », ajoute Sahar El-Damati. « La signature de l’accord avec le Fonds monétaire international est un message de confiance en notre programme de réforme », a-t-elle enfin souligné.
Ahmed Badreddine, président du groupe Abraaj pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, constate que l’évolution de son entreprise au cours des deux dernières années reflète l’amélioration de la situation économique. « Nous sommes des investisseurs sur le long terme, nous investissons dans les moments difficiles comme en temps de prospérité, mais nos choix diffèrent selon la situation. L’année dernière, lorsque les perspectives étaient plutôt mornes, tout le monde pensait que ce n’était pas le moment d’entrer en Bourse. Aujourd’hui, la valeur de nos actions a triplé et les investisseurs sont contents », se réjouit-il. Comme tous les investisseurs qui se sont exprimés lors de la conférence, il trouve que l’Egypte est dans une situation nettement meilleure par rapport à l’année passée.
Augmenter la croissance et améliorer l’emploi
Il reste cependant des réformes à entreprendre et du travail à faire afin d’augmenter le taux de croissance, améliorer l’emploi et pouvoir attirer plus d’investisseurs.
« Je suis tout à fait d’accord sur l’efficacité des mesures qui ont été prises, puisqu’elles ont aidé à redresser la balance commerciale, dont le déficit a diminué de 50 %, alors que les investissements étrangers directs ont augmenté de 25 %. Ce qui m’inquiète pourtant, c’est l’absence d’une stratégie économique nationale », confie Hani Farahat, économiste en chef auprès de CI Capital. Il prévoit une baisse de l’inflation de 5 à 6 % sur le court terme, une fois la dévaluation résorbée. « Ce serait le point de départ pour le secteur privé et pour les investisseurs locaux dans l’attente depuis longtemps », assure-t-il.
Les investisseurs sont conscients du fait que sans une relance industrielle, les réformes ne suffiront pas, ce qui implique une amélioration de l’éducation et des compétences de la main-d’oeuvre, comme le souligne Ahmed Badreddine.
La baisse de l’inflation devrait également être une priorité : « C’est très important car elle affecte les secteurs de consommation. Surtout qu’une autre réduction des subventions entraînerait une nouvelle hausse de l’inflation. Il faut y penser et trouver des solutions », dit Chérif Elkholy, co-directeur d’Actifs pour la région Mena.
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