Chaque kilo de déchets recyclés fait gagner de l'argent au citoyen.
Théoriquement, si vous habitez au Caire, vous pouvez désormais gagner de l’argent en vendant vos déchets. C’est en tout cas l’un des objectifs de l’initiative que le gouvernorat du Caire a lancée, il y a quelques mois, en installant des kiosques à déchets solides afin de contribuer à résoudre le problème accru des ordures de la capitale. Le kilo de cannettes de boissons gazeuses atteint 9 L.E., alors que celui de plastique est de 3 L.E. Les kiosques achètent également le papier pour 0,80 L.E./kilo et le papier carton pour 1 L.E./kilo. Bien que les sommes paraissent dérisoires, l’initiative a encouragé certains citoyens à vendre leurs déchets, selon Nermine Talaat, directrice de l’un des kiosques au Nouveau Caire. «
Une fois ces déchets achetés, ajoute Nermine Talaat
, ils sont revendus à une usine de recyclage ».
Aujourd’hui, 26 kiosques sont distribués dans plusieurs quartiers au Caire. Lors du lancement de cette initiative, le gouvernorat envisageait d’en installer d’autres, puis à moyen terme, de généraliser l’expérience dans d’autres gouvernorats. Mais aujourd’hui, il semble avoir changé d’avis. C’est en tout cas ce qu’a récemment confirmé Hafez Saïd, président de l’Autorité publique de l’hygiène du Caire lors de l’émission 8 heures sur la chaîne DMC. Selon lui, malgré le succès de l’initiative, le gouvernement a décidé d’abandonner son plan de généraliser l’expérience. Et la raison ne serait rien d’autre que l’opposition et la colère des chiffonniers.
En effet, pour ces derniers, cette initiative est un échec. Selon eux, ces kiosques, au lieu de résoudre les problèmes des déchets, ont réalisé des résultats contrastés, car seuls les matériaux qui peuvent être recyclables y sont vendus. Rezq Mina, un chiffonnier de Manchiyet Nasser, explique qu’après la création des deux premiers kiosques au Nouveau Caire, les chiffonniers ont arrêté d’y aller. « Nous collectons les déchets pour bénéficier seulement de ceux non organiques qui peuvent être recyclés. Les déchets non recyclables (organiques), qui représentent environ 50 %, ne sont pas rentables », regrette-t-il. Résultat, dans ces quartiers désertés par les chiffonniers, la situation est alarmante et les habitants se trouvent dans une impasse. Les déchets que les kiosques n’achètent pas s’accumulent et ne trouvent pas preneurs. « Nous avons reçu des appels de certains habitants nous demandant de reprendre notre travail », dit Tareq Saïd, un autre chiffonnier à Manchiyet Nasser, sans cacher ni sa satisfaction ni son sentiment d’avoir pris sa revanche.
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