Suite à la hausse des prix des carburants, annoncée le 29 juillet, les chauffeurs de microbus et de minibus n’ont pas hésité à augmenter les tarifs des trajets. « Le tarif d’un trajet Béni-Soueif- Le Caire (environ 200 kilomètres) est de 25 L.E. au lieu de 20 L.E. », crie Ahmad Mahmoud devant son microbus, à la gare routière de Béni-Soueif. Ce chauffeur trentenaire prévient les passagers avant le départ pour empêcher toute dispute sur le prix pendant le trajet. « Celui qui ne payera pas ce nouveau tarif ne peut pas monter. Le prix du carburant a augmenté de nouveau, messieurs », dit le chauffeur aux passagers. Mohamad Hassan, un employé de l’entreprise de construction Al-Charq, qui rentre au Caire après des vacances en famille, refuse les nouveaux tarifs. Mais il ne trouve personne à qui se plaindre. Il a finalement décidé d’aller voir le responsable de la gare routière. « C’est de l’opportunisme. Les chauffeurs exploitent la situation pour augmenter excessivement leurs tarifs », dit-il. Selon l’Organisme central pour la mobilisation et le recensement (CAPMAS), la nouvelle hausse des prix des carburants a entraîné une hausse des tarifs des minibus et des microbus de 10 à 15 %. Une hausse raisonnable des tarifs des transports a été décidée par les gouverneurs, mais le dernier mot dans les gares routières revient aux chauffeurs. « L’Etat a annoncé les nouveaux tarifs, mais sur le terrain, ces tarifs sont totalement absents », dit Abdallah Ahmad, un technicien en électroménager et père de quatre enfants.
Le gouvernorat de Béni-Soueif avait, à titre d’exemple, fixé le tarif du trajet entre Béni- Soueif et Le Caire à 20 L.E. Une décision rejetée par les chauffeurs. « C’était déjà ce que nous percevions avant la hausse des prix du carburant. L’ancien tarif était défini par le gouvernorat, mais les clients nous laissaient généralement 20 L.E. », explique Mahmoud en riant. Après les récentes augmentations, l’essence octane 92 est vendue à 5 L.E. le litre (soit une hausse de 42 %), l’essence octane 80 et le diesel sont vendus à 3,5 L.E. le litre (55 % de hausse). Le premier ministre, Chérif Ismaïl, a confirmé, lors d’une conférence de presse jeudi, que la hausse des prix des carburants était « inéluctable pour réorienter les subventions de carburants dans la bonne direction ». Mais les chauffeurs sont mécontents. « Les 20 litres de diesel coûtent aujourd’hui 75 L.E. au lieu de 48 L.E. auparavant. Ce n’est pas à nous d’assumer cette hausse. L’Etat lui-même a augmenté les tarifs des bus et minibus publics », explique Mahmoud. Pour Hassan, la hausse du tarif du trajet Béni- Soueif-Le Caire reste injuste. « En augmentant le prix du trajet de 5 L.E., les chauffeurs de microbus obtiennent 70 L.E. de plus au total, alors que le prix d’un jerrican d’essence a augmenté de 27 L.E. seulement », calcule-t-il. Les deux sociétés de transport privé via applications mobiles, Uber et Careem, ont annoncé, elles aussi, qu’elles envisageaient d'appliquer un nouveau tarif adapté à la hausse des prix des carburants. Le tarif du taxi est passé de 4 à 5 L.E. pour le premier kilomètre et 2 L.E. pour chaque kilomètre supplémentaire, contre 1,75 L.E. auparavant.
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