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Produits nationaux ou produits importés

Sarah El-Gindi, Vendredi, 26 mai 2017

Le mois du Ramadan approche et l'Egypte entière est occupée à faire ses courses. Mais d’où viennent les produits qui se trouvent dans nos assiettes.

Produits nationaux ou produits importés
croissance des marchés traditionnels est limitée, comparée à celle des supermarchés. (Photo : Reuters)

Bien que le nombre de supermarchés ait beaucoup augmenté, les marchés traditionnels tels que les petites épiceries, les boucheries et les boulangeries de proximité dominent le marché. Le total des ventes de ces distributeurs a augmenté de 11 % en 2015, et de 21, 5% en 2016. Cela devrait continuer en 2017 (voir tableaux). Cette croissance s’explique par une augmentation du nombre de points de vente, notamment les kiosques et les surfaces de vente dans les pompes à essence. Ces dernières ont connu un essor important, elles sont facilement accessibles aux consommateurs et proposent une nourriture prête. Il s’agit d’ExxonMobil, Esso Snack and Shop, On the Run (tous les trois possédés par ExxonMobil Corp.), Emarat Misr et La Poire. Les marchés traditionnels et de produits frais représentent cependant 97 % des ventes de fruits et de légumes et 70 % du total des ventes. Ces distributeurs sont généralement situés dans les zones urbaines et bénéficient d’une clientèle de proximité loyale. Ils peinent cependant à faire face à la compétition des grands distributeurs qui prennent avantage de l’économie d’échelle et du plus large marché de la consommation du monde arabe. La croissance des points de vente traditionnels devrait être limitée.

Quant aux hypermarchés et supermarchés modernes, ils s’imposent progressivement sur le marché égyptien, mais ne représentent encore que 27,6 % du total des ventes alimentaires. Les experts mandatés pour écrire le rapport de la USDA (United States Departement of Agriculture), qui a été publié en 2016, estiment que d’ici à fin 2017, les ventes alimentaires des supermarchés et hypermarchés devraient doubler comparées à celles de 2011. En 2014, la chaîne turque BIM et la chaîne égyptienne Kazyon ont fait leur apparition sur le marché et leur volume de ventes ne cesse de progresser. Ces chaînes se concentrent sur les consommateurs à faibles revenus — lesquels ont été sévèrement impactés par la dévaluation de la L.E., l’inflation et la réduction des importations — qui recherchent des produits bon marché. Selon cette étude, les récentes réformes économiques mises en oeuvre pourraient mener à une augmentation du pouvoir d’achat des ménages.

Bien que l’Egypte importe beaucoup de marchandises en vrac — notamment le sucre, les huiles et les céréales — le pays est autosuffisant pour un certain nombre de produits. Ainsi, les producteurs égyptiens de certains snacks (chips, crackers, cookies …) répondent presque entièrement à la demande du marché. Il en va de même pour les produits frais (fruits, légumes, oeufs) et le poulet (90 % de production locale). La production de viande ne couvre cependant que 60 % de la demande et les 40 % restant sont importés.

Snacks, poisson et céréales

Produits nationaux ou produits importés

Parmi les produits que l’Egypte importe, on peut mentionner les snacks, le poisson, les pommes, les céréales, le boeuf, les produits laitiers transformés ou encore le fromage. Le rapport de la USDA souligne la volonté des Etats-Unis d’augmenter leurs échanges avec l’Egypte et explique que les produits américains, qui ont le plus de chance de percer sur le marché, sont le foie de boeuf, le fromage et les fruits à coque (pistaches, amandes …). Il ajoute que les fournisseurs américains souhaitant exporter sur le marché égyptien font face à de nombreuses difficultés, notamment des régulations peu transparentes, un dollar fort, l’absence d’entrepôts frigorifiques en dehors du Caire et d’Alexandrie ou encore la forte concurrence de fournisseurs privilégiés.

Produits nationaux ou produits importés

Les fournisseurs que l’Egypte a choisis de privilégier viennent en effet d’Europe et des pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Ces derniers ont un accès facilité au marché égyptien, du fait de la signature d’accords commerciaux qui leur permettent notamment de ne pas payer de taxe sur leurs exportations. Les produits américains, qui intéressent généralement peu les distributeurs égyptiens, font ainsi face à une rude compétition. Par exemple, après la signature de l’accord commercial entre l’Egypte et l’UE en 2011, l’Egypte a délaissé les pommes américaines au bénéfice des pommes italiennes et grecques. L’Egypte a également signé des accords avec la Ligue arabe (GAFTA), le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) et la Turquie. Les exportations américaines ont ainsi fortement baissé au cours des dernières années, démontrant le goût des Egyptiens pour d’autres produits.

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