La fermeture des principaux producteurs comme Nestlé est l'une des raisons de la pénurie d'eau.
(Photo: Al-Ahram )
La pénurie d’eau minérale s’aggrave sur le marché égyptien, plaçant les consommateurs face à une hausse des prix qui se répercute de plus en plus difficilement sur leur budget. Cette hausse des prix s’explique en premier lieu par la disparition des lignes de production de l’entreprise Nestlé Water, qui comptait pour 50 % des parts du marché avant son incendie en février dernier.
Un sinistre qui a coïncidé avec la suspension des activités d’autres producteurs importants comme PepsiCola (AquaFina) et Baraka, qui comptaient pour 20 % du marché. La crise a gagné en ampleur quand des petites et moyennes entreprises du secteur ont été obligées de fermer leurs portes suite à une décision de l’Organisme de la sécurité environnementale, lié au ministère de la Santé. Celui-ci a jugé que leurs produits et bouteilles ne convenaient pas aux normes exigées par l’organisme.
La hausse des prix se ressent dans presque tous les quartiers du Caire, ainsi que dans les importantes villes du pays. Dans les différents quartiers de la capitale, à Mohandessine, Madinet Nasr et Héliopolis, les prix des petites bouteilles d’eau minérale atteignent 2,5 L.E. au lieu de 1,5 L.E. Quant à la bouteille d’un litre et demi, son prix varie entre 3,5 et 4 L.E. contre 2 L.E. Pour les bonbonnes de 19 litres des fontaines à eau, le maximum enregistre 37,5 L.E. contre 23 L.E. avant la crise.
Omar Mandour, directeur régional de Coca Cola, explique que le recul de l’offre revient aux restrictions faites en août dernier par l’Organisme de protection du consommateur. « A ce jour, notre société n’a pas augmenté le prix de l’eau Dasani Egypt. Le problème se manifeste principalement dans la cupidité des commerçants qui profitent de la demande accrue sur l’eau minérale en haussant les prix pour améliorer leur marge », souligne Mandour. Quant à Adel Farghali, directeur de la société Nestlé Water, il note que l’une des causes les plus importantes de cette crise est la fermeture de son usine en fin février dernier :
« Puisque Nestlé détenait plus de 50 % du marché de l’eau minérale, sa fermeture — jusqu’à fin mai prochain — chamboule le marché. L’eau minérale n’est plus consommée que par les gens aisés et la classe moyenne qui craint l’eau du robinet ».
Autres facteurs
Abdel-Aziz Al-Tawil, PDG de la société Tiba, explique que d’autres facteurs influencent le marché de l’eau minérale égyptien. « La pénurie du dollar, qui atteint un cours record il y a trois semaines, ainsi que le manque de gasoil ont aggravé le problème. Le manque de dollar et la hausse de son taux de change ont fait passer le prix des matières premières rentrant dans la fabrication des bouteilles importées à 7 500 L.E., contre 6 000 L.E. auparavant », annonce-t-il.
Par ailleurs avec la pénurie de gasoil et son prix, le transport des bouteilles est plus cher. Selon Al-Aziz, « le manque de gasoil réduit le nombre de trajets des chauffeurs, ce qui, à son tour, diminue les quantités d’eau sur le marché et conduit à la pénurie ». L’Autorité de la protection de la concurrence confirme ces raisons, mais accuse néanmoins les fournisseurs de pratiques monopolistiques. Dans un communiqué du 18 avril dernier, elle ne manque pas aussi de dénoncer la lourdeur des processus d’affaires. « Le coût d’investissement pour le forage d’un puits d’eau minérale s’élève à 3 millions de L.E. La création d’une ligne de production d’une usine d’eau s’élève à plus de 70 millions de L.E., soit 8 millions d’euros. Le problème est ici que ces coûts, souvent payés par des investisseurs étrangers, sont entravés par la lenteur de l’octroi de la licence », souligne un directeur au sein de l’organisme qui souhaite garder l’anonymat.
En somme, la crise ne peut être résolue que par une amélioration des pratiques d’affaires pour garantir la variété des produits conformes aux normes et par la suite une concurrence saine sur le marché .
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