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Amr Adli : Le problème n’est pas l’ampleur de la dette, mais comment l’argent provenant de l’endettement est dépensé

Marwa Hussein, Mardi, 11 avril 2017

Trois questions à Amr Adli, chercheur non résident au Centre Carnegie Moyen-Orient, autour de la question de la dette publique

Al-Ahram Hebdo : A quel point la hausse de la dette publique et son service sont-ils inquiétants ?
Amr Adli : Le problème n’est pas l’ampleur de la dette, mais comment l’argent provenant de l’endettement est dépensé. Actuellement, cet argent est utilisé pour des dépenses courantes qui ne génèrent pas de revenus. Mais cela est dû à la structure des dépenses publiques en elles-mêmes (salaires, subventions, etc). En outre, le gouvernement s’accapare la majorité des prêts bancaires et en laisse peu au secteur privé. Il utilise à nouveau une partie importante de cet argent dans des activités qui ne rapportent rien. L’autre problème est le service de la dette, surtout qu’une partie importante de cette dette est de court et de moyen terme. Le service de la dette l’année prochaine s’élèvera à 8 milliards de dollars. Avant la révolution, la dette publique était grande mais pas la dette extérieure. Aujourd’hui, cette dette extérieure ne cesse de gonfler. La situation est encore contrôlable, car le point de départ était une dette extérieure basse (voir principal). La situation ressemble beaucoup à celle de la fin des années 1990 où le service de la dette était grand en raison de la baisse des revenus. Ce déficit avait été comblé grâce à l’emprunt à la Banque d’investissement et au secteur bancaire.

— Est-ce possible de réduire le déficit budgétaire en présence des niveaux élevés d’endettement ?
— Je crois que les estimations de croissance sont exagérées, tout comme les prévisions du PIB et par conséquent, le taux du déficit budgétaire par rapport au PIB pourra être plus élevé que les estimations du gouvernement. L’expansion de l’emprunt va normalement élargir le service de la dette et très probablement le déficit budgétaire. Le flottement de la livre a augmenté toutes les dépenses en dollars dans le budget. Nous avons besoin d’atteindre un niveau d’équilibre financier accompagné d’une croissance économique.

— Que pensez-vous du programme de réforme adopté par le gouvernement ? Pourrait-il contribuer à alléger les dettes et leurs services dans un futur proche ?
— Ma crainte serait que nous ne rentrions dans le cercle vicieux des mesures d’austérité qui mène à la récession, donc à plus d’austérité. Le problème de l’Egypte n’est pas au niveau des dépenses comme plusieurs prétendent. Celles-ci fluctuent entre 30 et 33 % du PIB depuis plus que 25 ans et sont donc assez stables. En outre, c’est le même taux que celui d’autres pays à revenu intermédiaire. Le problème se trouve par contre au niveau des revenus rentiers qui baissent depuis les années 1990 et de la difficulté d’augmenter les revenus fiscaux l

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