La dette extérieure de l'Egypte a augmenté
de 40 % en un an.
(Photo:Reuters)
Le service de la dette dans le budget 2017/18 devient le bloc le plus important des dépenses publiques, dépassant les subventions et les salaires qui représentent les deux autres principales dépenses étatiques en Egypte. Le gouvernement prévoit un service de dette de 380 milliards de L.E. pour la prochaine année fiscale qui commence début juillet, soit 34,5 % des dépenses contre 21,8 % pour les salaires. Le gonflement du service n’est qu’une réflexion de l’expansion de la dette publique elle-même, soit extérieure ou locale. Selon des chiffres récemment publiés par la Banque Centrale d’Egypte (BCE), la dette égyptienne étrangère a augmenté de 40,8 % en un an et se situait à 67,32 milliards de dollars en décembre contre 47,8 milliards fin décembre 2015.
La dette extérieure a atteint 37,6 % du Produit Intérieur Brut (PIB) en 2016 par rapport à 13,6 % fin 2015. Cependant, certains économistes ne s’inquiètent pas trop de cette hausse. « Le taux de la dette extérieure par rapport au PIB n’est pas ce qui inquiète le plus. Généralement, le taux de la dette publique de l’Egypte par rapport au PIB n’est pas alarmant, le niveau était plus élevé au début des années 2000 », relate Mohamad Abou-Bacha, analyste économique auprès de la banque d’investissement EFG-Hermes.
Il explique que la hausse de la dette extérieure par rapport au PIB a partiellement augmenté, conséquence de la dévaluation de la livre face au dollar. En parallèle, le gouvernement a intensément eu recours à l’endettement de l’étranger, à d’autres pays, aux institutions de financement internationales ou à travers l’émission d’obligations sur les marchés boursiers internationaux.
Selon l’accord de financement avec le Fonds Monétaire International (FMI), le gouvernement doit assurer un financement de 21 milliards de dollars, dont 12 milliards octroyés par le FMI sur trois ans, afin de financer le programme de réforme économique. L’Egypte a reçu la première tranche du prêt du FMI en novembre dernier. Depuis le début de l’année en cours, le gouvernement a reçu une tranche de 1 milliard de dollars d’un prêt de la Banque mondiale, 500 millions de dollars de la Banque africaine de développement ainsi que 3 milliards de dollars de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. Le ministère des Finances a émis l’année passée des obligations de 4 milliards de dollars de valeur à la Bourse de Londres avec un taux d’intérêt variant entre 4,6 et 7 % et des dates de maturité entre décembre 2017 et novembre 2008.
L’avantage principal de l’endettement de l’étranger par rapport à l’emprunt local est la baisse des taux d’intérêt. Or, elle peut devenir pesante en cas de dévaluation. En cas de non remboursement, les conséquences peuvent être graves. « La majorité de la dette est domestique, les risques du non remboursement sont minimes. La dette de l’Egypte a historiquement atteint des niveaux plus élevés », raconte Abou-Bacha.
Dans les années 1990, l’Egypte a adopté une politique visant à réduire la dette extérieure et a eu recours davantage à l’emprunt local après le gonflement inquiétant de la dette extérieure au cours des années 1980, qui a donné lieu à des difficultés à rembourser à temps les obligations. Une partie importante de cette dette a été effacée après la participation de l’Egypte à la guerre du Golfe dans les années 1990. Depuis, le gouvernement a modifié sa politique d’emprunt, réduisant considérablement la dette extérieure, et a fait le choix de dépendre davantage de la dette intérieure pour financer le déficit budgétaire. Celle-ci est également en hausse, la dette intérieure a augmenté de 28,9 % en 2016 atteignant 3,052 trillions de L.E., poussée par la hausse des taux d’intérêt de 6 à 8 % l’année passée. La Banque Centrale a élevé ses taux d’intérêt directeurs à plusieurs reprises afin de contenir l’inflation qui a atteint un niveau record dépassant 30 % en février.
Baisse prévue du déficit budgétaire
Le gouvernement prévoit une baisse du déficit budgétaire en 2017/18 à 9,1 % contre des estimations entre 10,5 et 10,7 % pour l’exercice en cours et 12,5 % en 2015/16. Bien que le niveau du déficit soit toujours élevé, il a finalement pris la courbe descendante. « Le déficit visé est réaliste, surtout que l’impact de l’imposition de la taxe sur la valeur ajoutée sur les revenus sera plus important l’année prochaine, vu qu’elle sera appliquée toute l’année. Elle s’élèvera à 14 % contre 13 % actuellement », explique Abou-Bacha. Ajoutant que le gouvernement est plus discipliné au niveau des dépenses en faisant ainsi référence à la baisse des subventions. L’impact des réformes économiques serait plus tangible au cours des deux prochaines années. La solution principale à la question de la dette serait la génération de revenus surtout en dollars provenant des Investissements Etrangers Directs (IED), des exportations, du tourisme, du Canal de Suez et des rémittences des Egyptiens à l’étranger. Alors que les rémittences augmentent depuis quelques mois après une baisse sévère avant le flottement de la livre en novembre, de même que les exportations, les revenus du tourisme, du Canal de Suez et des IED sont bien en dessous de leurs niveaux habituels avant la révolution de 2011.
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