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Air France : Pour nous, l’Egypte est une destination importante

Mercredi, 08 février 2017

Patrick Alexandre, directeur général adjoint commercial du groupe Air France-KLM, était en visite récemment au Caire. Il évoque le marché égyptien, la situation économique et les défis du secteur de l’aviation.

Patrick Alexandre

Al-ahram hebdo : Pour le lancement de votre nouveau Boeing 787, le Dreamliner, vous avez décidé que sa première liaison commerciale soit vers Le Caire. Une décision qui a surpris quelques-uns …
Patrick Alexandre : Je pense qu’il y a plusieurs raisons pour ce choix. Tout d’abord, depuis 1949 nous avons des vols à destination de l’Egypte, et pour KLM, depuis plus longtemps encore. Il y a évidemment de très bonnes relations entre l’Egypte et la France en ce moment, et ce, à plusieurs niveaux, c’est surtout pour cela que nous avons pris cette décision.

Il nous a fallu choisir entre plusieurs destinations, il y a avait plusieurs paramètres, mais notre choix final a été l’Egypte.

— Vous avez réduit vos vols pour Le Caire ces dernières années, KLM a même annulé Le Caire comme destination, les problèmes des taux de change ont été évoqués pour expliquer cette situation. Qu’en pensez-vous ?
— En tant que groupe nous devons nous adapter à toutes les situations. Concernant cette destination, la situation économique était compliquée. Il nous a fallu adapter chacune de nos opérations afin de ne pas perdre, car le secret de la réussite d’un service à longue durée est d’être économiquement viable.

Je tiens à préciser que cette destination est très importante pour nous maintenant puisque l’Egypte connaît une reprise économique, et que le secteur touristique est aussi sur le chemin de la reprise. Par conséquent, nous soutenons avec force ce qui se passe en Egypte. Cela ne signifie pas pour autant nier les difficultés auxquelles nous faisons face, comme le problème des taux de change, par exemple, ou encore celui des transferts d’argent.

Ces derniers ont posé de sérieuses difficultés. Nous comprenons à présent la situation, et je dois dire que nous y voyons bien une amélioration. En effet, il est impossible d’envoyer des vols si cela n’est pas économiquement viable.

Nos discussions avec le gouvernement, en vue de résoudre ce problème, ont été très positives. Ils nous ont parlé de leurs efforts pour relancer l’économie et créer un meilleur régime de taux de change, qui serait plus efficace.

— En dehors du problème des taux de change et du transfert d’argent, y a-t-il d’autres entraves à votre travail en Egypte ?
— Non, je ne pense pas qu’il y ait d’autres obstacles importants. Je pense que la situation économique est dure pour toutes les compagnies aériennes. Mais aussi il y a un énorme potentiel sur le marché égyptien.

C’est un pays de 92 millions d’habitants, et beaucoup d’entre eux voyagent, ce qui offre beaucoup d’opportunités dans le futur proche. A cet égard, si l’on penche sur les années passées, on trouve qu’on avait autrefois 20 vols Air France et KLM par semaine, maintenant on en a que 6 à destination de l’Egypte.

Il ne faut toutefois pas oublier que beaucoup de compagnies aériennes ont suspendu toute activité en Egypte. Nous sommes restés fidèles durant les moments difficiles, et nous serons présents quand il y aura une reprise économique complète.

— Sentez-vous qu’il y ait un début de reprise dans le secteur du tourisme ?
— Le tourisme reprend lentement en Egypte. Le secteur touristique souffre aussi en France depuis les attaques à Paris l’année dernière, et les reprises prennent toujours beaucoup de temps. Pour qu’elles se fassent, le plus important est d’avoir confiance : en envoyant notre nouvel avion 787 en Egypte, nous envoyons aussi un message de notre confiance en l’Egypte.

Toutefois, les gens ont parfois besoin de temps pour reprendre confiance. Tout comme le secteur touristique en Egypte, la France en tant que destination a beaucoup souffert du terrorisme.

Je parle des voyageurs qui viennent de Chine ou du Japon par exemple. Donc oui, les choses s’améliorent à présent, mais il faut du temps pour que les gens reprennent confiance.

— Les prix du pétrole ont chuté ces dernières années, comment cela a-t-il affecté vos opérations ?
— Nous faisons face à un cocktail de problèmes en tant qu’industrie : surcapacité, terrorisme et difficultés économiques au niveau international. Les compagnies de transport aériennes du Golfe, mais pas seulement elles, volent beaucoup plus que la demande, ce qui mène évidemment à la surcapacité.

Le terrorisme est un autre problème, on peut prendre l’exemple de ce qui s’est passé à Paris, ce qui s’est passé en Egypte et dans d’autres lieux de par le monde. Ce phénomène crée ce que l’on appelle le « facteur de la peur ».

Et si l’on y ajoute les difficultés économiques auxquelles ont fait face la Chine, le Brésil, ou encore l’Europe au cours de l’année passée … Ce cocktail a eu un effet très négatif sur nos revenus. La baisse des prix du pétrole a quelque peu atténué ces effets.

Mais, ce qu’on a économisé en termes de coût a été redistribué aux passagers pour soutenir les problèmes de baisse du traffic. Le prix moyen des transports aériens a baissé.

De même, l’industrie pétrolière voyage beaucoup moins qu’auparavant. Dans notre secteur, l’industrie pétrolière représente une part importante de nos passagers, même en Egypte.

En Egypte, nous avons un grand nombre d’opérateurs pétroliers, et pour le moment, ils voyagent moins.

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