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Un pas dans la bonne direction

Névine Kamel, Mardi, 17 janvier 2017

Suite à de longues discussions entre le gouvernement et les industriels, le ministère des Finances a décidé de maintenir un taux mensuel fixe du dollar douanier. Une mesure qui vise à encourager l'industrie et à freiner la hausse des prix.

Un pas dans la bonne direction
Les importateurs pourront faire le compte de leurs produits avec un dollar douanier connu.

Le taux du dollar douanier sera stabilisé à un taux mensuel fixe à partir du début du mois de février prochain. C’est ce qu’a annoncé dimanche dernier, lors d’une confé­rence de presse, le ministre des Finances, Hani Al-Garhi. Pour le mois de février, il sera fixé autour de 17 L.E., comme l’a confié son assistant pour les politiques finan­cières, Ahmad Kojok. « Nous allons faire le calcul du prix moyen du dollar en un mois et l’appliquer tout au long du mois suivant, pour que l’importateur puisse faire ses comptes et qu’il ne se trouve pas face à un taux variable », a dit le ministre.

Une source gouvernementale, qui a requis l’anonymat, a confié à l’Hebdo que « le ministère des Finances veut fixer un taux infé­rieur au dollar douanier dans le but de maintenir les prix sur le marché et de minimiser les répercussions sur le consommateur ». Une mesure à laquelle appelaient aussi bien les commerçants que les investisseurs locaux et internationaux oeuvrant en Egypte. « C’est un pas dans la bonne direction. Il est vrai que la valeur du dollar varie d’un jour à l’autre, mais pour soutenir le sec­teur industriel de l’Etat, il fallait prendre une telle mesure. Elle était nécessaire pour permettre aux industriels d’activer leur processus de production et minimiser la hausse des prix », explique Tamer Al-Habbal, industriel et importa­teur du caoutchouc dans la zone industrielle Badr. « Nous étions obligés de réduire notre activité industrielle au cours des 3 mois derniers vu la hausse du coût de la production d’environ 100 %. Ceci a provoqué des pénuries et une hausse des prix », ajoute-t-il.

Les importateurs soulagés
C’est donc suite à une crise qui s’est répercutée sur l’ensemble du secteur industriel que le gouverne­ment a pris cette décision. En fait, le dollar douanier était stable tant que le taux de change officiel du dollar était fixe par rapport à la livre. Or, depuis la décision du flottement de la livre prise le 3 novembre dernier, le taux de change n’était plus fixé par la Banque Centrale et variait d’une banque à une autre. Du coup, le dol­lar douanier variait à son tour. « Les importateurs égyptiens ont beaucoup souffert depuis la décision du flotte­ment de la L.E. et trouvaient de grandes difficultés à fixer les prix. Par conséquent, les prix de la grande majorité des produits importés ont connu une hausse variant entre 150 et 200 % », regrette Fathi Al-Tahawi, homme d’affaires et importateur de porcelaine. « Mais maintenant, nous pourrons faire nos comptes et calcu­ler la valeur de nos importations et les douanes qui seront imposées », dit-il.

Depuis la libération du taux de change — une décision prise dans le cadre du plan de réforme écono­mique conclu avec le FMI pour emprunter 12 milliards de dollars sur trois ans —, le taux du dollar ne cesse de fluctuer. Au cours de la dernière semaine, il a varié entre 18 et 18,7 L.E. pour l’achat et 18,8 et 19 pour la vente. Quant au dollar douanier, il est fixé par rapport au taux de change. Et les importateurs doivent payer la taxe douanière déterminée par l’Etat en devises étrangères à la Banque Centrale, même si les banques ne leur fournissent pas de dollars.

Ahmad Farag Seoudi, ex-président de l’Organisme des douanes, explique que les hommes d’affaires avaient proposé de faire le calcul du dollar douanier tous les 3 mois, pour assurer une stabilité aux importateurs et leur permettre de faire les comptes et de stabiliser les prix sur le marché. « Ce scénario est plus raisonnable actuellement, vu l’instabilité du prix du dollar. Il sera difficile de fixer un taux pour une période de 3 mois vu les fluctuations des prix. Plus tard, il sera plus facile de fixer le prix pour une période plus longue », explique Seoudi. De même, selon Aliaa Mamdouh, experte économique dans l’une des banques d’investissement de poids en Egypte, les prévisions parlent d’une amélioration des ren­trées en dollars au cours de 2017. « Ceci pourrait contribuer à la baisse du taux du dollar douanier », dit-elle.

En effet, le gouvernement a finali­sé, il y a deux semaines, la loi unifiée pour l’investissement. Et dans ce même concept de réformes, le ministre des Finances a annoncé, lors de la conférence de presse de dimanche dernier, la prochaine pro­mulgation de la loi sur la faillite, également dans le cadre de l’accord avec le FMI. Des mesures qui, selon Mamdouh, engendreront des inves­tissements étrangers capables de faire relancer l’économie et de stabiliser le prix du dollar, alors que l’Egypte fait face, depuis 2011, à une crise du dollar critique. Le manque d’inves­tissement, la chute du tourisme et la baisse des exportations ont aggravé cette crise. La ministre de l’Investis­sement, Dalia Khorched, prévoit un total d’investissements directs d’une valeur de 10 milliards de dollars au cours de 2017 .

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