L'inflation est nourrie par la hausse des prix des aliments qui forment une partie importante de l'indice des prix des consommateurs.
(Photo : Reuters)
L’inflation annuelle a enregistré son niveau le plus haut depuis sept ans en novembre dernier, avec 20,2 % en comparaison de 11,8 % le même mois de 2015, selon l’Organisme central de mobilisation et des statistiques (CAPMAS). L’inflation mensuelle a également augmenté de 5 % en novembre contre 1,8 % en octobre. Cette hausse s’explique surtout par l’impact de la libération du taux de change et de la hausse des prix de l’énergie, décidées le mois dernier. « En novembre 2008, l’inflation avait atteint un niveau similaire, atteignant 20,3 %. C’était après la première hausse des prix de l’énergie décidée en juillet 2008 », rappelle une note de Arqaam Capital.
En fait, le gouvernement a pris une série de mesures ayant contribué à la hausse des prix au début du mois de novembre dont le flottement de la livre égyptienne face au dollar. Celle-ci a perdu environ 50 % de sa valeur depuis. Le flottement a été suivi par une hausse des prix des carburants et de l’électricité. Des mesures que le gouvernement a prises la veille de la signature d’un accord pour l’obtention d’un prêt du Fonds Monétaire International (FMI), dans le cadre d’un programme économique qui stipule la réduction du déficit budgétaire et le flottement de la livre entre autres. Dans le même contexte, le gouvernement avait imposé en octobre dernier la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA).
Autant de mesures qui ont porté un coup dur à l’inflation. Et ce n’est pas fini. « Nous nous attendons à ce que l’inflation continue d’augmenter en décembre et au premier trimestre de 2017 », dit Arqaam Capital, prévoyant une inflation moyenne de 19-20 % pour les exercices 2016/2017 contre 10 % pour l’exercice 2015/2016, avant de baisser à 17 % pour l’exercice 2017/2018.
Selon un communiqué de presse du CAPMAS, la hausse de l’inflation est due à une hausse des prix des produits alimentaires qui ont augmenté de 5 % le mois dernier. En un mois, les prix des viandes et des volailles ont augmenté de 4,2 %, alors que certains produits comme les viandes en conserve ont augmenté de 12,9 %, les céréales et pains ont augmenté de 6,7 %, les pâtes de 8,9 %, les légumes de 3,3 %. Les produits laitiers ont augmenté d’environ 7 %, les huiles de 8,5 %, le thé de plus de 12 %.
Outre les produits alimentaires qui forment une partie importante de l’indice, les vêtements ont augmenté de 11 % en un mois, le logement, l’eau, l'électricité et les carburants ont augmenté de 1,8 %, les électroménagers de 12,8 %, les soins médicaux de 5,5 % et le transport de 12,6 %.
Mais si l’on compte sur un an les hausses sont considérables : 22,5 % d’augmentation pour les produits alimentaires, environ 40 % pour les céréales et le pain ainsi que pour les huiles, plus de 25 % pour les soins médicaux. Arqaam s’attend à ce que cette tendance se poursuive au cours des prochains mois. « Car les importateurs et les vendeurs locaux ajustent leurs prix de vente aux coûts de la TVA, du taux de change, des prix élevés de l’énergie et des droits de douane plus élevés », explique Reham Al-Dessouqi, Economist Senior auprès d’Arqaam. « Cela concernera surtout les produits alimentaires importés, les produits d’hygiène personnelle, les appareils ménagers, les vêtements et chaussures. L’impact de l’augmentation des douanes s’étendra sur les mois à venir », souligne le rapport d’Arqaam.
Hausse des douanes
En effet, l’Egypte a augmenté les droits de douane sur plus de 300 produits depuis le début du mois, ce qui a amené les tarifs douaniers sur nombreux produits à passer à 60 %. La décision, dont l’objectif est d’encourager la production locale et de contenir le déficit commercial selon le gouvernement, est un facteur supplémentaire ayant contribué à la hausse des prix, alimentant l’inflation davantage. Le gouvernement a vigoureusement défendu la décision ; Le ministre des Finances, Amr Al-Garhi, et celui de l’Industrie, Tareq Qabil, ont dit dans un communiqué de presse commun que l’objectif est de courber le déficit commercial en croissance continue ayant augmenté à cause de larges importations. « La situation nécessitait la prise de telles mesures pour limiter les importations et soutenir l’industrie locale tout en respectant les accords de commerce international de l’Egypte », ont souligné les ministres dans le communiqué. Selon le gouvernement, ces hausses visent des produits importés ayant des substituts localement, comme les tapis, la céramique et les cosmétiques.
Les droits de douane ont augmenté aussi sur des produits jugés de luxe ou non essentiels tels que les shampoings, les brosses à dents et certains fruits. Ainsi les droits sur les produits cosmétiques, les produits laitiers, les climatiseurs, les ventilateurs, les réfrigérateurs, les fours à micro-ondes, les rasoirs électriques, les parfums et d’autres produits sont passés de 40 à 60 %. Importateurs et consommateurs ont contesté la décision soutenue par les producteurs locaux. « La décision vise à arrêter les importations des 364 types de marchandises mentionnées. Les importateurs ne travaillent plus maintenant », dit Ahmad Chiha, président de la division des importateurs auprès de la Chambre de commerce du Caire. Il rappelle que les mêmes marchandises ont été sujet à une hausse des tarifs au début de l’année. Or, cette fois-ci l’effet de la décision sur les prix est plus sévère vu qu’elle accompagne la dévaluation de la livre égyptienne qui a perdu 50 % de sa valeur face au dollar. Selon Chiha, lui-même importateur d’électroménagers, le prix d’un réfrigérateur importé vendu avant la dévaluation à environ 7 500 L.E. a passé à 29 000 L.E., déjà avant l’imposition des nouveaux droits de douane. Le gouvernement, pour sa part, cherche surtout à équilibrer le déficit de la balance des paiements. Selon les ministres, la décision devrait augmenter les revenus fiscaux de 6 milliards de L.E. (333 millions de dollars) par an.
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