
L'Egypte a fait un progrès dans trois semaines, surtout celui de production d'électricité.
(Photo:Tarek Hussein)
Le rang de l’Egypte s’est amélioré dans le rapport Doing Business 2017 établi par le groupe de la Banque mondiale. Le rapport annuel, qui mesure la facilité ou la difficulté de mener des affaires dans 190 pays, a classé l’Egypte 122e dans son dernier rapport rendu public la semaine dernière. Elle était placée 131e l’année passée. En fait, c’est la première fois que le rang de l’Egypte s’améliore dans Doing Business depuis 2010. Un résultat surprenant dans le contexte actuel marqué par le manque de devises étrangères et par un taux de change sur le marché noir ayant atteint presque le double du taux officiel. Or, de tels facteurs ne sont pas pris en considération par le rapport. Celui-ci mesure l’aisance ou la difficulté pour les entrepreneurs locaux de lancer des projets petits (ou moyens), et ce, selon le cadre réglementaire affectant onze domaines, dont la création d’entreprise, l’obtention d’un permis de construire, ou encore le paiement de taxes et impôts comme le soulignent les auteurs du rapport. Ces derniers reconnaissent d’ailleurs eux-mêmes que la méthodologie utilisée pose des limites, vu qu’elle ne prend pas en considération d’autres facteurs de grande importance pour mener des affaires, à titre d’exemple, la proximité de marchés importants, la qualité des infrastructures (à l’exception de l’électricité), la sécurité, la transparence des achats gouvernementaux, les conditions macro économiques et la force des institutions.
Deux facteurs

L’amélioration de la note de l’Egypte cette année est une conséquence de deux facteurs : la modification, par le gouvernement, de certaines régulations, mais aussi une révision de la méthodologie utilisée dans la classification qui a mené à une révision à la hausse du rang de l’Egypte. En fait, le gouvernement, conscient de l’importance du rapport au niveau mondial, a déployé d’importants efforts pour améliorer le rang de l’Egypte formant, au début de l’année, un comité ministériel de 6 ministres avec pwour objectif d’améliorer la note de l’Egypte dans le rapport. Les réformes menées ont permis à l’Egypte d’avancer de 4 places, alors que la révision de la méthodologie lui a permis d’avancer de 5 rangs. Selon la nouvelle méthodologie, le classement de l’Egypte l’année dernière était le 126e à la place du 131e, selon le rapport. Parmi les réformes introduites par le gouvernement figurent la création d’une unité chargée de coordination avec l’Organisme des taxes et les représentants de l’Organisme des assurances sociales en faveur des hommes d’affaires, et une réforme renforçant la prise de décision des investisseurs minoritaires d’une entreprise.
Des progrès et des reculs
Ainsi, l’Egypte a fait un progrès considérable dans trois domaines. D’abord l’électricité, où le pays est passé de la 129e à la 88e place, soit un notable progrès. Khaled Al-Derstawi, représentant du ministre de l’Electricité, a déclaré, lors d’une conférence de presse organisée par le groupe de la Banque mondiale, que les capacités de production d’électricité en Egypte ont augmenté de 362 mégawatts en 8 mois au cours de 2015, une mesure sans précédent, selon lui. L’Egypte avait souffert, entre 2010 et 2015, de coupures fréquentes d’électricité, ce qui avait affecté l’industrie et le commerce tant que les ménages. Deuxième domaine où l’Egypte a fait un bond, la création d’entreprises, où elle a avancé de 31 rangs, pour devenir la 39e économie contre 70e l’année dernière. Quant au troisième, l’Egypte a progressé dans le domaine de la protection des investisseurs minoritaires de 15 places, pour devenir numéro 114 sur le niveau mondial.
En revanche, le rang de l’Egypte a régressé ou a stagné en ce qui concerne les autres domaines cités dans le rapport. La détérioration la plus sévère a touché l’indicateur du commerce transfrontalier : l’économie égyptienne a perdu 11 rangs, devenant 168e mondiale. Le temps qu’il faut se procurer les documents nécessaires à l’importation est de 265 heures en Egypte contre une moyenne de 96 heures pour la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, et 4 heures dans les pays membres de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE). Quant au coût nécessaire pour se procurer des documents nécessaires à l’importation, il s’élève à 1 000 dollars en Egypte contre une moyenne de 290 dollars dans la région et 26 dollars seulement pour les pays de l’OCDE. Nadine Abi Chakra explique que la régression de l’Egypte dans ce domaine est due à l’imposition de restrictions sur les dépôts bancaires en dollars et sur les sommes transférables. En outre, le rang de l’Egypte a régressé de 4 points dans trois domaines, dont le transfert de propriété et le règlement de l’insolvabilité, où elle est devenue 109e dans les deux indicateurs. Le troisième domaine où l’Egypte a régressé de 4 points est l’obtention de prêts où elle est devenue numéro 82.
Mohamad Khodeir, président de l’Autorité générale de l’investissement et de zones libres (GAFI), a rappelé, lors de la discussion du rapport dans une conférence de presse organisée par le groupe de la Banque mondiale, que l’Egypte a promulgué cette année une loi qui facilite aux Petites et Moyennes Entreprises (PME) notamment l’obtention de crédits. Or, Nadine Abi Chakra a souligné que la loi est encore sans statut exécutif, et donc elle ne doit pas être prise en considération.
Loin des chiffres purs et durs, le rapport a pris en considération, pour la première fois cette année, l’égalité hommes/femmes dans trois indicateurs. Et là non plus, l’Egypte ne fait pas bonne figure. En effet, la loi égyptienne permet au mari d’interdire à son épouse de travailler, sinon, elle perd son droit à une pension. Mais les responsables égyptiens ont rejeté ce point. « En pratique, cet article de la loi n’est pas mis en application, l’Organisme d’investissements reçoit des demandes de fonder des entreprises par des femmes d’affaires sans approbation du mari », insiste Mohamad Khodeir. Ce n’est pas suffisant : le rapport prend en considération pour cet indicateur les textes de la loi et pas leur application. Il est à noter que 14 économies sur 20 dans la région imposent des restrictions sur les femmes, selon le rapport.
L'Egypte, onzième économie de la région
Selon le rapport Doing Business, les réformes dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord se sont accélérées malgré les conflits et l’instabilité politique. 15 pays ont introduit 35 réformes contre une moyenne annuelle de 19 au cours des 5 dernières années. Les Emirats arabes unis sont la première économie de la région, (et 26e mondiale). Il s’agit du seul pays de la région qui figure parmi les 50 premiers sur le niveau mondial. Les Emirats sont suivis par Bahreïn (63e), puis Oman (66e). Les Emirats et Bahreïn figurent aussi parmi les dix tops réformateurs. Les pays de la région, théâtre de conflits, sont venus en queue de liste avec la Libye en dernier, classée 188e au niveau mondial, le Yémen 178e, la Syrie 173e et l’Iraq en 165e. L’Egypte arrive à la onzième place sur 20 pays.
Pays
|
Classement
|
Emirats arabes unis
|
26
|
Bahreïn
|
63
|
Oman
|
66
|
Maroc
|
68
|
Tunisie
|
77
|
Malte
|
76
|
Qatar
|
83
|
Arabie saoudite
|
94
|
Koweït
|
102
|
Jordanie
|
118
|
Egypte
|
122
|
Iran
|
120
|
Liban
|
126
|
Cisjordanie et Gaza
|
140
|
Algérie
|
156
|
Iraq
|
165
|
Djibouti
|
171
|
Syrie
|
173
|
Yémen
|
179
|
Libye
|
188
|
Facilité de faire des affaires en Egypte
Domaines
|
Classement 2017
|
Classement 2016
|
Création d’entreprise
|
39
|
70
|
Obtention d’un permis de construire
|
64
|
63
|
Raccordement à l’électricité
|
88
|
129
|
Transfert de propriété
|
109
|
105
|
Obtention de prêts
|
82
|
78
|
Protection des investisseurs minoritaires
|
114
|
129
|
Paiement des taxes et impôts
|
162
|
162
|
Commerce transfrontalier
|
168
|
157
|
Exécution des contrats
|
162
|
162
|
Règlement de l’insolvabilité
|
109
|
105
|
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