A la rue Abdel-Aziz, les chiffres d'affaires des magasins ont baissé du tiers comparés à l'avant-révolution.
(Photo: Bassam Al-Zoghby)
16h. La rue Abdel-Aziz, au centre du Caire, connue pour ses dizaines de magasins d’électroménager, ne connaît pas l’affluence des grands jours. Les produits dans leurs emballages s’accumulent dans les vitrines et sur les trottoirs. Les vendeurs discutent avec leurs collègues. « Nous traversons une passe difficile. Un client sur cinq seulement parmi ceux qui entrent dans le magasin procède à un achat », se lamente Ali Ramadan, propriétaire d’un magasin, en ajoutant que le chiffre d’affaires a baissé pendant le mois de janvier de presque 30 %. « Les ventes quotidiennes atteignent 20 000 L.E. contre 60 000 de L.E. avant la révolution », annonce-t-il. Et de poursuivre : « Aujourd’hui, le client n’achète que l’indispensable seulement alors que dans le passé il achetait deux ou trois produits à la fois ».
Oum Mohamad et son mari sont les seuls clients du magasin. Elle vient acheter une nouvelle cuisinière et un chauffe-eau fonctionnant au gaz naturel. « Malheureusement, j’ai raté l’occasion de les acheter avant la récente hausse des prix », regrette-t-elle, faisant allusion à l’impact de la dévaluation de la livre face au dollar.
Une hausse des prix en période de récession mène les Egyptiens à réduire leurs dépenses sur les biens durables qui absorbent d’habitude presque la moitié du PIB. C’est un phénomène qui apparaît dans l’indice mesurant le degré de confiance des citoyens dans le climat économique pour le mois de janvier, publié par le Conseil des ministres. Celui-ci a révélé le recul de l’indice mesurant le niveau des revenus des familles de 11,3 % en janvier, suite au recul à 18,9 % en janvier contre 20,1 % en décembre, de la part des familles capables de dépenser sur les biens durables.
Autre indicateur montrant la baisse de la demande sur les appareils électroménagers : la hausse des stocks dans les usines d’électroménager résultant de la baisse des commandes des commerçants. « Malgré un hiver froid, j’ai toujours dans mes stocks 150 chauffe-eau depuis le début de l’année à cause de la hausse des prix. Même situation pour les téléviseurs LCD et LED », déclare Mohamad Ali, un autre vendeur de la rue Abdel-Aziz. Et d'ajouter : « Je ne ferai pas de nouvelles commandes avant de vendre ce que j’ai en stock. Dans le passé, nous faisions deux commandes par mois ». Ali blâme la hausse des prix imposée par les usines pour expliquer ce ralentissement de ventes. Pour lui, une hausse du dollar de 7 % par rapport à la livre égyptienne a conduit les usines à revoir leurs prix des produits chaque semaine contre deux fois par an auparavant.
Dans les grandes usines comme Olympic et Toshiba Al-Arabi, les directeurs des ventes s’abstiennent de révéler leurs chiffres d’affaires et les commandes d’achats pendant le mois de janvier par rapport aux mois passés. Et il n’existe pas d’autre moyen d’obtenir l’information puisque ces sociétés ne sont pas enregistrées en Bourse. Toshiba se contente de révéler ses prévisions pour l’année 2013. « Le groupe a réalisé des ventes de 5,2 milliards de L.E. en 2012. Un chiffre qui devrait augmenter de 6,5 % en 2013 », a déclaré Ibrahim Al-Arabi, directeur exécutif du groupe, sans donner plus de détails. Olympic, société acquise en 2012 par le géant suédois Electrolux, a fait de son côté mention d’un volume de stock normal.
« D’habitude, les producteurs d’électroménager n’attendent pas l’érosion du stock pour produire. Pour 1 000 unités produites, on recommence la production dès que le stock est de 400 unités », explique, à l’Hebdo, Hossam Al-Mestekaoui.
« Une situation qui se prolonge »
Du côté des rayons d’appareils électroménagers des hypermarchés Hyper One et Spinney’s de la ville du 6 Octobre près du Caire, l’animation est trompeuse. Les clients jettent un coup d’oeil sur les produits électriques chers tels que les téléviseurs et les réfrigérateurs, alors qu’une minorité s’arrête devant les appareils de cuisine à bas prix. « Le mouvement de vente a baissé de 15 % en 2012 par rapport à 2011. Une situation qui se prolonge encore aujourd’hui. Les clients achètent des produits à petit budget tels les fers à repasser ou les mixeurs », explique à l’Hebdo Magued Mahmoud, directeur des ventes chez Hyper One. En janvier et février, la baisse des chiffres d’affaires a été cependant compensée en valeur par la hausse des prix d’un grand nombre de produits tels que les ordinateurs portables et les téléphones mobiles qui ont subi une hausse de 15 à 20 %. Mais le mois de mars devrait connaître plus d’activité. Pour relancer le mouvement des ventes, « nous allons faire des promotions sur tous les appareils électriques du 25 février au 5 mars. De plus, toujours en mars, nous célébrons la fête des mères et tous les rayons y participeront avec un rabais de 20 à 30% », souligne Mahmoud, en exprimant son optimisme à compenser la chute en valeur et volume des ventes .
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