Suite à deux semaines de négociations, le gouvernement égyptien et la mission du Fonds Monétaire International (FMI) ont abouti jeudi dernier à un accord primaire pour l’obtention d’un prêt de 12 milliards de dollars sur trois ans. Suite à une telle étape, la mission va remettre le dossier au conseil d’administration, qui étudiera la demande au cours des prochaines semaines. « L’Egypte est un pays fort qui possède un potentiel réel mais elle fait face à des problèmes majeurs qui doivent être fixés urgemment », a déclaré Chris Jarvis, chef de la mission du FMI en Egypte, lors d’une conférence de presse tenue jeudi dernier au siège du Conseil des ministres. Le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte (BCE) ont assisté à la conférence. « Le FMI soutient le programme de réforme économique présenté par le gouvernement et approuvé par le parlement. Le gouvernement admet la nécessité de la mise en oeuvre de ces réformes le plus vite possible afin de restaurer l’économie égyptienne et de regagner sa stabilité ainsi que sa croissance », a ajouté Jarvis. Le gouvernement égyptien avait présenté il y a trois semaines une demande auprès du FMI pour obtenir un prêt de 12 milliards de dollars. Il a ensuite discuté avec la mission des réformes qui doivent être réalisées et du calendrier de leur mise en oeuvre. Selon le programme de réforme, le gouvernement vise à réduire le déficit budgétaire jusqu’à 5,5 %, contre environ 12 % actuellement, au cours des trois prochaines années. Réduire la dette publique est un autre objectif. Selon le programme, la dette devrait atteindre 88 % du PIB au cours des années 2018/2019, contre 98 % actuellement.
Selon un communiqué de presse publié jeudi dernier, les réformes qui seront adoptées par le gouvernement et le prêt en question devront améliorer le climat des affaires en Egypte, la notation économique de cette dernière et encourageront les investisseurs à pomper leur argent dans le pays. « L’Egypte souffre d’un déséquilibre monétaire et financier. Une réalité qui empêche le gouvernement actuel de réaliser la croissance et le développement voulus. L’Egypte ne peut pas compter seulement sur l’épargne interne, elle a également besoin de l’épargne externe pour se redresser », a révélé le gouverneur de la BCE, Tareq Amer, lors de la conférence.
Forte polémique
Le prêt du FMI a toutefois donné suite à une forte polémique. Bien que le gouvernement égyptien et les institutions monétaires applaudissent une telle étape qu’ils considèrent comme une « bouée de sauvetage » de l’économie égyptienne, comme le note Riham Al-Dessouky, analyste économique auprès de la banque d’investissement Arqam Capital, d’autres, comme Amr Adly, chercheur au Centre Carnegie Moyen-Orient, voit dans un tel crédit un nouveau fardeau sur le budget du gouvernement. Selon lui, une relance économique ne peut en aucun cas réussir en se basant sur l’endettement. « Les dettes se sont multipliées au cours des deux dernières années, et en même temps, l’économie n’avance pas. Les générations futures paieront la facture », conclut-il, avant d’ajouter : « L’Egypte ne possède pas de secteur d’exportation dynamique, le modèle de développement basé sur l’endettement est très risqué dans ce contexte, surtout qu’une partie importante du prêt va servir à réduire le déficit budgétaire et non pas à relancer des investissements ».
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